« Alors qu’il est repoussé à la périphérie de la vie européenne, le christianisme en reste le centre agissant. Nous sommes gouvernés par ce que nous fuyons. Difficile d’imaginer situation plus dommageable. Ayant séparé Dieu du reste de notre vie, nous sommes devenus incapables d’aborder la question la plus haute et la plus urgente que l’animal rationnel puisse se poser. Comment ressaisir l’unité et la vie, le sens et l’urgence de cette question de Dieu ?
C’est au mitan du XVIIe siècle que la décision a été prise de construire l’État souverain. Et c’est à ce moment que fut repensée par Blaise Pascal ce que j’appelle la proposition chrétienne, entendant par là l’ensemble lié des dogmes ou mystères chrétiens offerts à la considération de notre entendement et au consentement de notre volonté. « Proposition » n’a pas ici qu’un sens logique ou notionnel, mais pratique et actif : il s’agit d’un acte dont l’auteur est Dieu dans son Église.
L’œuvre de Pascal est l’objet d’une très riche tradition critique. J’ai, pour ma part, seulement cherché l’aide et l’appui de cet auteur pour retrouver les termes exacts, et ressaisir la gravité et l’urgence de la question chrétienne – celle de la foi chrétienne, de la possibilité de la foi chrétienne. Y a-t-il quelque détour ou artifice à employer la force de plus fort que soi pour poser la question la plus personnelle ? C’est en tout cas cette question qui est l’objet de ce livre. » — P.M.