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Génétique de la traduction (Continents manuscrits, 2023)

Génétique de la traduction (Continents manuscrits, 2023)

Publié le par Faculté des lettres Université de Lausanne (Source : Giuseppe Sofo)

Génétique de la traduction (Afrique, Caraïbe)

Continents manuscrits (2023)

Sous la direction de Chiara Montini (ITEM/CNRS/ENS) et Giuseppe Sofo (Università Ca’ Foscari Venezia)

La rencontre entre génétique littéraire et traductologie a ouvert des voies inédites, que ce soit pour l’étude de la traduction ou celle des textes littéraires dans leur mouvement d’une version à l’autre, d’une langue à l’autre : ces deux disciplines nous invitent à nous interroger sur la « fabrique » des textes et des langues et sur la multiplicité langagière du texte littéraire, comme l’ont montré les travaux du séminaire « Génétique des traductions » de l’équipe Multilinguisme, Traduction, Création de l’ITEM, dirigée par Patrick Hersant. 

Penser l’œuvre comme texte en éternel mouvement, c’est la penser plurielle et à jamais inachevée. Dans ce contexte, la traduction peut devenir « un brouillon postérieur de l’œuvre » (Samoyault 2014, 57) ou encore « une stratification qui s’ajoute au texte en devenir » (Montini 2014, 94). Les brouillons de traductions et les traductions publiées représentent ainsi un espace de potentialité multipliée qui ouvre la « pluralité “originale” de ce métatexte qu’est la traduction » (Monti 2018, 11) à une pluralité encore plus vaste. Les archives de traduction représentent des espaces privilégiés de découverte de l’évolution du texte. Si Durand-Bogaert pouvait écrire en 2014 que « l’atelier du traducteur reste un mystère » (2014, 8), on peut affirmer aujourd’hui que les institutions culturelles s’intéressent toujours plus à la sauvegarde de ces fonds, et que la recherche a commencé à investir cet « espace de la traduction » (Romanelli 2015, 87). Un espace qui est un lieu de découverte à la fois matérielle et symbolique. 

Les éditions critiques au format papier de traductions de grands auteurs francophones africains et antillais, qu’elles soient déjà publiées (Senghor 2007, Rabearivelo 2010-2012) ou en cours de réalisation, nous signalent depuis quinze ans l’importance d’une investigation génétique de ces corpus. Ces dernières années ont vu la création de plusieurs espaces numériques donnant accès à des numérisations d’archives et de textes d’écrivains-traducteurs. Il suffit de penser à l’Espace Afrique-Caraïbe qui permet la publication numérique de corpus manuscrits étudiés au sein de l’équipe Manuscrits francophones de l’ITEM sur la plateforme EMAN, qui compte aujourd’hui plusieurs bibliothèques numériques, mais ausssi à l’édition numérique d’auto-traductions de Jean-Joseph Rabearivelo coordonnée par Clément Plancq (2021) ou encore à l’édition critique et génétique numérique du tapuscrit de 1939 de Cahier d’un retour au pays natal sous la direction de Kora Véron (2020). Cette édition a donné lieu à une annotation collective par voie numérique d’une traduction anglaise par Alex Gil et Kaiama L. Glover (2020), dans le cadre de The Caribbean Digital. Par ailleurs,  le projet « The Seven Notebooks » propose une étude comparative des traductions anglaises du Cahier, tandis que l’espace « Aimé Césaire et le Cahier numérique » sur la plateforme Humanités & Numériques de Duke University (CFFS) comprend non seulement des éditions numérisées de Cahier d’un retour au pays natal, mais aussi une édition génétique de ce texte et des traductions anglaises des poèmes inclus dans Non-Vicious Circle (Césaire 1984). 

Après la floraison d’œuvres et de revues consacrées à la génétique de la traduction et aux archives de traducteurs et de traductrices au cours des dernières années (dans des revues telles que Genesis, Palimpsestes, Meta, Linguistica Antverpiensia), il devient fondamental d’examiner aussi l’évolution de ces deux domaines à l’ère numérique. 

Le numérique permet en effet un accès plus large à la genèse des traductions, à travers la numérisation d’archives déjà existantes et la création d’archives nativement numériques, et invite à la mise en œuvre d’éditions génétiques plus complètes, plus interactives et elles-mêmes « en mouvement » (Véron 2020). Les nouvelles technologies offrent des possibilités d’interrogation inédites des processus de traduction. L’étude des pratiques de collaborations entre auteur∙es et traducteur∙ices, notamment grâce aux outils numériques, permet de révéler plus avant « les lignes de force ou de fracture, les hésitations et les remaniements, les repentirs et les audaces » du texte en devenir, et de la « traduction en devenir » (Hersant 2020a, 7). 

Les axes de recherche proposés ci-dessous ne sont évidemment pas exhaustifs, et le comité de sélection évaluera toute proposition – scientifique, créative et/ou artistique – liée au sujet du numéro.

Lectures génétiques :

-          Analyse génétique de dossiers d’archives concernant la traduction d’auteur∙es et/ou traducteurs ou traductrices africain∙es ou antillais∙es; 
-          Lecture génétique de la collaboration entre auteur∙es et traducteurs ou traductrices ; 
-          Pratiques collaboratives de traduction mettant en œuvre (ou pas) des outils numériques ;
-          Documents non-textuels dans la génétique de la traduction (dessins, objets, autres matériaux) ;
-          Description et analyse d’archives de traductions physiques, numériques et numérisées ; 
-          Projets de numérisation d’archives ou de création d’archives numériques ;

Approches théoriques de la traduction à l’ère numérique :

-          Approches théoriques de la génétique de la traduction à l’ère numérique ;
-          Contribution des archives physiques et numériques des traducteurs et des traductrices et de la génétique de la traduction à une nouvelle lecture plurielle de la traduction ;
-          Changements, évolutions, enjeux du numérique sur la lecture de la traduction.

Les propositions, comprenant un titre, un résumé de la proposition et une brève notice bio-bibliographique, seront envoyées à Chiara Montini (montini.chiara@gmail.com) et Giuseppe Sofo (giuseppe.sofo@unive.it) en indiquant dans le sujet : « Continents manuscrits », avant le 15 décembre 2022.

Les articles devront être remis en mai 2023 et la publication sera en ligne le 15 octobre 2023.