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Chroniques noires : délier les lianes de la couleur de peau pour une nouvelle mémoire des origines (APFUCC 2023, Toronto)

Chroniques noires : délier les lianes de la couleur de peau pour une nouvelle mémoire des origines (APFUCC 2023, Toronto)

Publié le par Marc Escola (Source : Maurice Tetne)

Responsable d’atelier :

Maurice Tetne, Washington University in St. Louis, (m.tetne@wustl.edu)

C’est impérativement que s’est imposée une (re)définition par l’Africain de son africanité à travers une chronique du corps qui prend d’assaut la littérature sous l’impulsion du mouvement de la négritude. La littérature et les arts africains, sous toutes leurs formes et expressions, ont donné à partir du vingtième siècle le ton à une écriture dégagée de la perception dégradante de l’Autre en proposant un regard différent, voire novateur, de lecture du corps africain. Femmes noires, mère, grâce, pureté, beauté, autant d’attributs qui jaillissent, par exemple, de la plume de Léopold Sédar Senghor. Par son art, ce dernier a rehaussé la féminité noire en l’érigeant en symbole de l’Afrique d’hier et d'aujourd'hui. La musicalité de sa poésie dédiée à la femme noire, au-delà de l’esthétique, est un chant de ralliement aux mouvements d’appel aux sources, socle de coalition pour la fermentation d’une résistance qui prend racine dans le patrimoine et l’identité africains. Mettant la carnation au centre de son lyrisme et cette beauté qu’il « fixe dans l’Éternel » (Senghor 1956), le poète a balisé le chemin et ouvert la voie à plusieurs textes de fictions qui vont par la suite œuvrer à une (re)présentation et une « réappropriation de l’iconographie de la femme africaine », et plus généralement, pour une « écriture postcoloniale du corps » (Moudileno 2006) noir. Ainsi, les artistes africain.e.s, depuis le début du vingtième siècle, se sont saisi.e.s à travers leurs œuvres d’un droit de réponse, en réplique au discours raciste véhiculé au dix-neuvième siècle et soutenu par les multiples Expositions Universelles où les Noir.e.s, exhibé.e.s dans des zoos humains, étaient souvent présenté.e.s comme le chaînon manquant entre l’Homme et le singe. 

Le présent atelier, convoquant l’art africain (littérature, cinéma, arts plastiques...) vise à explorer le contre-discours à travers les questions de race et d’ethnicité pour comprendre comment les artistes noir.e.s/africain.e.s, à travers divers médias, confrontent le passé et se projettent pour proposer un modèle nouveau de perception des corps des Noir.e.s. Cette question nous a entrainé sur les pas d’Ahmadou Kourouma, Calixthe Beyala, Sembène Ousmane, Mati Diop, et bien d’autres qui, abordant l’écriture ou la re-présentation du corps noir selon des modes distincts, mêlent caricature, autodérision et sarcasme pour une redéfinition des codes de perception à travers un travail visuel et scriptural, oeuvrant dans le sens d’une visée commune : réhabiliter « cette couleur qui est vie » et « cette forme qui est beauté » (Senghor 1956). 

Quelques axes de réflexion (possibles mais non exhaustifs): 

-L’autodérision militante dans la littérature africaine -Écriture postcoloniale des corps féminin et masculin -Cinéma africain et représentation visuelle des corps -Reformation/réhabilitation du corps colonisé 

-Le « sauvage » revisité 



Bibliographie/Filmographie 

Senghor, Léopold Sédar. (1956). Chants d’ombre. Paris : Seuil. 
Moudileno, Lydie. (2006). Femme nue, femme noire : tribulations d’une Vénus. 

Présence Francophone : Revue internationale de langue et de littérature. Vol. 55 : No. 

1, Article 9. 
Diop, Mati. (2009). Atlantique. (film) 
Pierre-J. Simon. (1970). Ethnisme et racisme ou «L’école de 1492». Cahiers 

internationaux de sociologie, Nouvelle Série, Vol 48, pp. 119-152. 
Tobner, Odile. (2007). Du racisme français : quatre siècles de négrophobie. Paris : Les 

arènes. 
Diop, Mambéty D. (1973). Touki Bouki. (film) 



Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots) à Maurice Tetne (m.tetne@wustl.edu) : le 15 décembre 2022. 

Le colloque annuel 2023 de l’APFUCC sera en personne (à moins que la situation sanitaire ne le permette pas) avec, possiblement, quelques activités ou interventions en ligne (nous communiquerons à ce sujet plus tard). Il se tiendra dans le cadre du Congrès annuel de la Fédération des sciences humaines du Canada. 

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des personnes responsables de l’atelier avant le 15 janvier 2023 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il faut également régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. De plus amples informations vous seront envoyées à ce sujet. Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication, présentée en français (la langue officielle de l’APFUCC), pour le colloque 2023.