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Ernest Renan, Breton de Tréguier, entre terre et mer (Tréguier)

Ernest Renan, Breton de Tréguier, entre terre et mer (Tréguier)

Publié le par Faculté des lettres Université de Lausanne (Source : Sophie Guermès)

Ernest Renan, Breton de Tréguier, entre terre et mer

Tréguier, 30 juin et 1er juillet 2023

 
Comité d’honneur

Jean Balcou

 
Comité scientifique

Jean Balcou (UBO-CECJI)

Sophie Guermès (UBO-CECJI)

Brigitte Krulic (U. Paris Nanterre)

Valentino Petrucci (U. Molise)


Comité d’organisation

Comité Renan


Lorsque Renan, effectuant une mission en Italie, découvre la mer qui borde l’est du pays, c’est à sa Bretagne natale qu’il se réfère, et la comparaison ne plaide pas en la faveur des paysages méditerranéens. Il écrit à sa sœur Henriette, le 8 mai 1850 : « D’Ancône à Ravenne […] on suit constamment l’Adriatique, dont les bords sont fort insignifiants. Pas un rocher, pas une grève, pas une vague un peu blanchissante, pas une baie, ou un promontoire un peu caractérisé : toujours le bord monotone d’un étang. Oh ! en fait de mer, rien ne vaut notre Océan. Sur ce point-là, je n’entends pas raison. » (Correspondance générale, t. III, p. 350) Il ne change pas d’avis en arrivant à Venise : « Quant à l’Adriatique, je suis définitivement irréconciliable avec elle, et en dépit du Bucentaure, je ne consentirai jamais à l’épouser. Elle n’est pas claire, comme notre mer de Bretagne ; elle est boueuse ; ce bord de terre est insupportable. À la lettre, depuis Ancône, je n’ai pas trouvé un rocher. Et ces fleuves de boue, qui arrivent tous à la mer, sous forme de canaux, avec des parapets et des écluses, font pitié vraiment, quand on les compare à nos beaux estuaires, à l’embouchure de la rivière de St-Malo, de Tréguier, etc. Si nos côtes de Bretagne étaient bien éclairées, ce serait la plus belle chose du monde. » (À Henriette, 17 mai 1850, ibid., p. 368).

Le pays natal reste donc un point de référence : il a façonné un goût, une sensibilité. Après les recherches pionnières de Jean Pommier puis les grands travaux de Jean Balcou, la célébration du bicentenaire de la naissance d’Ernest Renan (né à Tréguier le 28 février 1823) offre l’occasion de poursuivre l’analyse de la façon dont l’écrivain a exprimé son attachement à sa terre. Le corpus d’étude est vaste (les Souvenirs d’enfance et de jeunesse, la Correspondance générale, La Poésie des races celtiques, les Cahiers de jeunesse, les Feuilles détachées…). On pourra notamment s’attacher aux représentations de la mer (en Bretagne mais aussi dans les pays où Renan séjourna), des marins, de la ville de Tréguier, des paysages mais aussi des civilisations maritimes, pour mettre en lumière les éléments constitutifs d’une poétique renanienne. Les communications portant sur la langue, le style, les métaphores, seront particulièrement bienvenues. On s’intéressera aussi aux modalités d’une écriture de la mémoire (portraits de Bretons, éducation, religion, famille, us et coutumes…) et des émotions, à l’étude des contes et légendes (le merveilleux celtique, « l’âme bretonne »), aux saints bretons, et à la réflexion sur soi-même. Revenant à Tréguier en 1884, et constatant que rien n’avait changé, hormis les êtres chers désormais disparus, Renan prononça le 2 août, devant ses compatriotes, un discours dans lequel il tirait les conclusions suivantes : « Et alors, je me suis demandé si moi-même j’avais changé, et je me suis répondu fermement : non. De corps, oui, sans doute ; et pourtant, même sur ce point, j’aurais beaucoup à dire. […] Quant à l’âme, oh ! ç’a toujours été la même. […] Ce que j’ai toujours eu, c’est l’amour de la vérité. Je veux qu’on mette sur ma tombe (ah ! si elle pouvait être au milieu du cloître ! mais le cloître, c’est l’Église, et l’Église, bien à tort, ne veut pas de moi), je veux, dis-je, qu’on mette sur ma tombe : Veritatem dilexi. […] En cela, j’ai été vraiment Breton. »

Les propositions de communication sont attendues pour le 28 février 2023, à l’adresse suivante : 

centre.correspondances@univ-brest.fr