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Ouvrir la philosophie à d’autres domaines de la connaissance et de l’art : choix audacieux pour Gabriel Marcel, Jean-Paul Sartre et Jean Wahl, philosophes-dramaturges-poètes du XXe siècle (Toulouse)

Ouvrir la philosophie à d’autres domaines de la connaissance et de l’art : choix audacieux pour Gabriel Marcel, Jean-Paul Sartre et Jean Wahl, philosophes-dramaturges-poètes du XXe siècle (Toulouse)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Christophe Balagna)

Appel à contributions pour un journée d'étude


Ouvrir la philosophie à d’autres domaines de la connaissance et de l’art : choix audacieux pour Gabriel Marcel, Jean-Paul Sartre et Jean Wahl, philosophes-dramaturges-poètes du XXe siècle


Vendredi 27 janvier 2023, Institut catholique de Toulouse
UR CERES/TR1 et TR2


 
Des liens, très anciens, sont tissés entre la littérature et la philosophie : autour de ce vieux couple traversé, çà et là, de crises, la TR1 « Cultures, Herméneutique et Transmission » et la TR2 « Christianisme : héritages et présence » de l’UR CERES de l’Institut catholique de Toulouse organisent, le 27 janvier 2023, une journée d’études consacrée à trois penseurs et hommes de lettres français du XXe siècle, Gabriel Marcel, Jean Paul Sartre et Jean Wahl. « Sur le fond le plus déchiqueté de l'histoire[1] », ils ont pensé, à travers l’ensemble de leurs œuvres, les idéaux universels de justice, de liberté, de dignité et d’espérance.

Bien que littérature et philosophie ne puissent se confondre - l’une concernant davantage le sensible et l'autre l'intelligible - elles ont pu, notamment grâce à eux, se retrouver et dialoguer pour approcher autrement la philosophie. Partager avec la littérature, un discours métaphysique sur le monde et l'existence humaine, tel fut le projet audacieux de ces trois intellectuels tentés, à des degrés divers, par la disjonction entre la profession de philosophe et la vocation de philosophe. Dans la mouvance « existentialiste », cette distinction entre faire métier de philosophe et être philosophe suscite encore de nombreux débats.

Gabriel Marcel, Jean Paul Sartre et Jean Wahl : philosophes inclassables, auteurs inénarrables[2] , rejetant tout ce et ceux qui auraient pu enfermer leur esprit dans un quelconque système en -isme. Dès lors, leur choix d’une transversalité entre la philosophie et d’autres sphères de la connaissance et de l’art affecte-t-il leur propos philosophique ? Unir à une forme dramatique, poétique et/ou musicale, des concepts philosophiques représenterait-il un risque, comme celui de perdre une partie de la valeur de ces concepts[3]? Les contraintes spatio-temporelles, propres au genre théâtral, ont-elles favorisé ou gêné leur représentation de philosophèmes complexes ? 

Ces questions nous amènent à peser les enjeux des huis clos sartriens, des univers intimes marcelliens, des espaces clos dans les Poèmes de circonstance de Jean Wahl : autant de lieux fermés, conçus, paradoxalement, pour penser l’intersubjectivité, l’impérieuse nécessité de la liberté pour l’homme, et l’engagement. Dans leurs textes théoriques comme dans leurs créations artistiques, l’expérience du temps, placée sous l’ombre tutélaire du Maître Bergson ou du génie de Proust, et l’héritage socratique du dialogue, méritent à eux seuls une étude à laquelle cet argumentaire ne peut qu’inviter.

Quant à la musique, elle est la pierre angulaire de l’œuvre marcellienne. L’auteur reconnaît que « le mythe d’Orphée et d’Eurydice est au cœur même de [s]on existence[4] » et, nous ajouterons, de ses compositions dramatiques et musicales. Les interactions en lui « du musicien, du dramaturge, du philosophe » ont été abordées par Roger Troisfontaines, mais l’alliance de la foi et de la musique, plaçant cette dernière du côté de l’ontologique, reste peu étudiée dans l’œuvre marcellienne. Pourtant, dans Le quatuor en Fa Dièse, Gabriel Marcel met en scène l’union sacrée entre la musique, la grâce et la conversion[5]. Jean Wahl suivra son ami (peut-être sans le même ethos chrétien ?) en composant ses poèmes métaphysiques[6]. 

Par l’acte poétique, ce « mendiant de Dieu[7] », songeait à transformer son expérience sensible des choses en objet de pensée philosophique ; l’idée seule pouvant, selon lui, mener le poète à la perfection éternelle et à la réalité absolue. Partagée par G. Marcel et Jean Wahl, cette quête complexe de la transcendance entre en résonance avec les études sur  les voies du sacré et du divin menées depuis 2018 par la TR1 de l’UR CERES[8]. Ces pistes de travail restent ouvertes à bien d’autres, dernier hommage aux trois auteurs au cœur de cette Journée d’études qui préféraient nous orienter « vers » qu’imposer de manière dogmatique leurs réflexions.

 
Merci d’envoyer vos propositions de communication, avant le 15 novembre prochain, à MM. Christophe Balagna (christophe.balagna@ict-toulouse.fr) et Andrea Bellantone (andrea.bellantone@ict-toulouse.fr) respectivement coordinateurs de la TR1 et de la TR2, ainsi qu’à Mme Martine Cornet (martine-cornet33@orange.fr) à l’origine de ce projet de recherche. Les textes seront publiés dans un volume entièrement consacré à la manifestation scientifique, à paraître au sein de la collection « Humanités » des Presses de l’Institut catholique de Toulouse : https://www.puict.fr/home

 
Comité scientifique :
Christophe Balagna, coordinateur de la TR1, MCF en Histoire de l’art du MA, ICT
Andrea Bellantone, coordinateur de la TR2, Professeur ordinaire de Philosophie moderne et contemporaine, ICT
Martine Cornet, Docteur ès Lettres, Professeure de Lettres à l’ISFEC François d’Assise (Bordeaux)

 
Thématique de Recherche « Cultures, Herméneutique et Transmission »,
CERES, Institut catholique de Toulouse 31, rue de la Fonderie, 31000 Toulouse
https://www.ict-toulouse.fr/presentation/
https://www.ict-toulouse.fr/wp-content/uploads/2021/10/Revue-ICT-Lab-2021-mail.pdf

 
[1] Rachel Bespaloff, Lettres à Jean Wahl ; 1937-1947, éditions Claire Paulhan, coll. Pour mémoire, 2003.
[2] Xavier Tilliette, Portrait de Jean Wahl, Archives de Philosophie, vol. 37, no 4, 1974, pp. 529-532. Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris - https://www.jstor.org. « passant inénarrable […] C’est à l’oiseau de Minerve, emblème du philosophe qu’il nous fait songer ».
[3] Jean Wahl, Essence et phénomènes. La poésie comme source de philosophie, Paris, 1958, p. 22.
[4] X. Tilliette, « L’orphisme chrétien de Gabriel Marcel », Deux études sur Gabriel Marcel, Question de., 1974, no 2, pp. 76-80.
[5] G.  Marcel, Le quatuor en Fa Dièse, pièce en 5 actes, Paris, 1925, pp. 11-15.
[6] Frédéric Worms, Les poèmes métaphysiques de Jean Wahl au cœur du siècle, Ecole Normale Supérieure, Univ. Lille III, colloque du 25 avril 2017, https://www.youtube.com.
[7] Xavier Tilliette, Portrait de Jean Wahl, ouvr. cit. Titre de l’hommage à Jean Wahl.
[8] https://hal.archives-ouvertes.fr/ICTRECHERCHE-TR1