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Représenter, mettre en scène le discours dans les langues et arts vivants (en ligne)

Représenter, mettre en scène le discours dans les langues et arts vivants (en ligne)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Maud Beneteau)

Appel à communications

 « Représenter, mettre en scène le discours dans les langues et arts vivants » 

Journée d'étude doctorale organisée par Maud Beneteau (Cotralis Université de l'Artois) et Aliénor Fernandez (RIRRA 21 Université de Montpellier) en distanciel le 19 novembre 2022



L’objectif de cette journée d’étude est de fédérer des doctorant.e.s et docteur.e.s en langues et en arts vivants autour de la thématique du discours, que ce dernier soit traduit, représenté, filmé ou mis en scène. Michel Foucault définit le discours comme un ensemble de paroles rendues efficaces car imprégnées de signes circulant au sein d'un espace fermé ritualisé. 

« Les discours religieux, judiciaires, thérapeutiques, et pour une part aussi politique ne sont guère dissociables de cette mise en œuvre d'un rituel qui détermine pour les sujets parlants à la fois des propriétés singulières et des rôles convenus1. »

Subtil mélange de spectacles ritualisés et d'ordination de la langue employée, le discours est à la fois élément d'oralité éphémère, et écrit pérenne. Celui-ci est en constante évolution : transcriptions, traductions, captations, il est systématiquement remis en question, que ce soit en tant que document authentique porté à la scène, ou inspiration artistique. Le contenu de son langage, dans son écriture, détachée de son oralité, implique dans le domaine des langues toujours davantage de recherches et de problématisations. L’essor de la télévision au milieu du XXème siècle, puis des réseaux sociaux au XXIe, implique également une présence toujours plus importante de l'image, et par conséquent de la représentation, dans nos sociétés.

De même, l’oralité, l’éphémère, ont pris une place importante dans nos sociétés. Le discours, entendu comme le « développement oratoire sur un thème déterminé, conduit d’une manière méthodique, adressé à un auditoire » ou dans son sens linguistique comme « actualisation du langage par un sujet parlant » se transforme souvent en événement, ponctuel, mais qui s’inscrit dans la durée, plaçant toute la richesse des arts du spectacle et des langues vivantes au sein même de leur paradoxe le plus complexe et passionnant : l'actualisation du langage par un sujet parlant.

Cette journée d'étude aura également pour but de questionner l'importance de la communication, de la mise en scène non plus seulement au théâtre ou au cinéma, mais également dans de nombreux domaines de la société, comme la politique : les meetings des dernières campagnes présidentielles ont montré que la mise en scène n’était plus réservée aux arts vivants mais que toute parole, imprégnée de mise en scène, s'érige en tant que discours ritualisé. À l’image de ces meetings politiques, par exemple, le discours est aujourd’hui accompagné d’une mise en scène parfois plus travaillée et influente que le texte lui-même. En effet, si la mise en scène, définie par le TLFi comme la « direction artistique de l’agencement des différents éléments scéniques (décoration, éclairage, jeu des acteurs, etc.) en vue de la représentation d’une œuvre dramatique, lyrique ou de l’enregistrement d’une œuvre cinématographique ou télévisée » était, comme l’indique cette première acception, réservée aux arts vivants, elle est aujourd’hui synonyme, par extension, d'une manière d’agencer quelque-chose, et se retrouve alors dans de nombreux domaines de notre vie quotidienne. Le discours, autrefois mise en scène d'une expression orale ou écrite, retranscrite manuscritement afin de laisser place à une archive palimpsestique de l'oralité, se fait aujourd'hui un enregistrement permanent et systématique de notre prononciation, des improvisations et des enjeux qui peuvent y être apposés. 

D’autre part, ces discours, que nous les comprenions comme développement oratoire sur un thème déterminé, conduit d'une manière méthodique, adressé à un auditoire ou, au sens linguistique, comme actualisation du langage par un sujet parlant , ne sont jamais pensés de façon isolée. Ils intègrent, de façon consciente ou non, explicite ou non, d’autres discours, et y répondent, comme le souligne Bakhtine dans sa théorie sur le dialogisme. Ainsi, d’après lui, cité par Jean-Marie Privat et Marie Scarpa, « il n’est pas un seul énoncé verbal qui puisse, en quelque circonstance que ce soit, être porté au seul compte de son auteur2 ».

À la vue de cette riche diversité contenue au sein même d'une tentative de définition de la notion de discours, ce sont notamment deux aspects que nous nous proposons d’explorer. Le discours comme événement, et le discours comme trace. Cette journée d’études s’orientera donc à travers ces deux axes :

1) Discours et événement :

Le discours se situe sur un prisme événementiel, oscillant entre l'officiel et l'émotionnel, à l'image du discours politique.

-          corps, voix et matière : saisir le discours (la traçabilité, l'environnement : entre production et réception, entre oralité et écriture) 

-          le discours comme acte fondateur (l'événement discursif : entre ponctualité et atemporalité, entre intime et collectif)

2) Discours et trace :

-          les réactivations de l'archive (comment le discours se nourrit de ses prédécesseurs, y répond pour s'en trouver transformé / l'utilisation de discours d'archives  et leurs influences sur les langues et les arts) 

Nous organiserons cette journée d’études, qui se fixe comme objectif de rassembler les jeunes chercheur.e.s s’intéressant à la poïétique des arts et des langues, selon ces différents axes aux frontières poreuses et qui ne se veulent pas exhaustifs mais qui constituent des pistes de ré- flexions. Les communications se feront en français.

1. FOUCAULT Michel, L’ordre du discours, Paris, Gallimard, coll. nrf, 1971, p. 41.

2. PRIVAT Jean-Marie et SCARPA Marie, « Dialogisme (Bakhtine) », Pratiques [En ligne], 183-184 | 2019, mis en ligne le 30 décembre 2019, consulté le 19 septembre 2022.

 

Calendrier


Les propositions de communication peuvent être transmises jusqu'au 14 octobre 2022 aux deux adresses suivantes, en copie :

fernandezalienor@gmail.com et mbeneteau92@hotmail.fr

Réponse aux auteurs et aux autrices : le 20 octobre 2022. Les interventions seront limitées à 25 minutes.                                                                                             



Nous invitons les chercheur·se·s intéressé·es à nous envoyer avant leur proposition de communication en indiquant les éléments suivants :       

                                    
-  Titre de la communication ;

- Nom des auteurs·trices et institutions de rattachement ;

- 5 à 7 mots clefs ;
                                               
- Proposition de communication d’une page maximum ;
                                               
- Quatre lignes de présentation de chaque auteur·trice.

 

Bibliographie (non exhaustive)

AMOSSY Ruth, La présentation de soi. Ethos et identité verbale, collection L’interrogation philosophique, Paris, PUF, 2010.

BARTHES Roland, L'empire des signes, collection Points/essais, Paris, Seuil, 2005. 

BOISSON Bénédicte, FOLCO Alice, MARTINEZ Ariane, La mise en scène théâtrale de 1800 à nos jours, PUF, coll. Quadrige manuels : littérature-linguistique, 2015.

BRETON Philippe, La parole manipulée, Paris, Éditions La découverte & Syros, 2000 [1997].

CHARAUDEAU Patrick, Le discours politique. Les masques du pouvoir, Limoges, Éditions Lambert_Lucas, 2014.

COTTERET Jean-Marie, Gouverner c’est paraître, collection Politique d’aujourd’hui, Paris, PUF, 1997 [1991].

DERRIDA Jacques, Mal d’archive, Paris, Galilée, coll. Incises, 1995.

ECO Umberto, L'œuvre ouverte, traduit de l’italien par Chantal Roux de Bézieux avec le concours d’André Boucourechliev, Paris, Éditions du Seuil, 1965. 

DE CERTEAU Michel, L’écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, coll. Folio/Histoire, 1975. 

FARGE Arlette, Le goût de l’archive, Paris, Seuil, coll. Points Histoire, 1989.

FARGE Arlette, FOUCAULT Michel, Le désordre des familles, Paris, Gallimard, coll. Folio histoire, 1982. 

FOUCAULT Michel, L'archéologie du savoir, Paris, Gallimard, Coll Tel, 2017. 

FOUCAULT Michel, L’ordre du discours, Paris, Gallimard, coll. nrf, 1971. 

MAINGUENEAU Dominique, Le discours littéraire. Paratopie et scène d’énonciation, Paris, Armand Colin, 2004.

PAVIS Patrice, La mise en scène contemporaine, Paris, Armand Colin, 2007.

PRIVAT Jean-Marie, SCARPA Marie, « Dialogisme (Bakhtine) », in Pratiques [En ligne], 183-184 | 2019, mis en ligne le 30 décembre 2019.

SARRAZAC Jean-Pierre, Poétique du drame moderne, Paris, Seuil, 2012.

VALERY Paul, « Première leçon du cours de poétique », Leçon inaugurale du cours de poétique du Collège de France, in Variété V, Nrf, Gallimard, 1944.