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Violence(s) à et dans  l'œuvre. Arts, cinéma, littérature d'expression française (Colloque APFUCC 2023, Toronto)

Violence(s) à et dans l'œuvre. Arts, cinéma, littérature d'expression française (Colloque APFUCC 2023, Toronto)

Publié le par Marc Escola (Source : Rodolphe Perez)

Colloque 2023, du 27 au 30 mai 2023

Université York, Toronto, Ontario, Canada Campus Keele et Glendon

Appel à propositions de communications
Atelier 6
Violence(s) à  et dans  l'œuvre dans les arts, le cinéma et la littérature d'expression française 

Responsables d’atelier :
Marion Ott, Université de Lorraine, marion.ott@univ-lorraine.fr 
Rodolphe Perez, Université de Tours, rodolphe.perez@univ-tours.fr

Le phénomène « violent », comme le rappelle le Littré, désigne « ce qui agit avec force », c'est-à- dire ce qui rompt une homogénéité sociale, spatiale et physique. Cette violence contre se distingue d'une violence inhérente, entendue comme phénomène émotionnel, fruit d'une colère, d'un emportement : elle ouvre à la déchirure de l'homogénéité d'un état, s'échappe, se projette. Dès lors, elle s'incarne et dans le sujet qui fait preuve de violence et dans le mouvement qui la dirige vers l'autre : soi-même, une institution, un objet toujours à définir. Violence comme manière de forcer donc, violence comme état et émotion, elle est la démonstration d'une extériorisation qui se fracasse contre l'admissible, le normé et le consenti. 

Or, elle peut également témoigner d'un refus, d'un geste de déconstruction du normé ou de l'admis, soudain considérés eux-mêmes comme violence. Ce faisant, le terme peut également désigner une diversité de signifiants dont il s'agirait de proposer une typologie. Si la violence, quand elle se présente comme révolte d'une norme ou d'un état devenu a-normal ou in-admissible, s'érige en transgression et en tentative d'émancipation, elle dessine un versant positif, tout du moins libérateur. Elle peut se présenter comme une modalité de l’exaltation, une soustraction du sujet à l’impératif civilisateur, poursuivre l’opposition entre une violence contenue contre violence manifestée, notamment dans sa dimension sociale, l’histoire politique récente en témoigne. Ainsi René Char qui, dans Fureur et Mystère, disait voir « l’homme perdu de perversions politiques, confondant action et expiation, nommant conquête son anéantissement. » La violence expiatoire serait comme une nuit ontologique du sujet, une acceptation de la violence en nous qui passe par l’excès, par le rejet de l’ordre et de la loi, par un exercice de la transgression. Dans ce cas, la violence n’est-elle qu’un moment ? Une épiphanie où le sujet tente l’expérience du désordre sans nier la réalité de l’ordre ? En d’autres termes, la violence existe-t-elle sans l’envers dont elle manifeste le rejet et la contradiction ? Est-elle une dépense, comme le pensaient, par exemple, les membres du groupe « Contre-Attaque » dans les années 1940, en étudiant l'exaltation de la violence  par  les  régimes  politiques  fascistes  ?  Ou  doit-on  considérer  la  violence  comme  une manifestation de surenchère et cumulative ? 
À partir de ces quelques réflexions, nous voudrions ouvrir cet atelier à une approche multiple des représentations, des enjeux et des fonctions de la violence, ainsi que des différentes incarnations de cette notion au sein des arts, du cinéma et de la littérature d'expression française. En somme, la violence à l'œuvre aussi  bien que dans l'œuvre.

Nous  accueillons  toute  proposition  portant  sur  le  champ d’expression française, sans restriction d’époque ni d’aire culturelle.
Plusieurs axes de réflexion seront possibles (liste non exhaustive) :
-  Approches  thématiques  : figures  de  la  violence  exercée  ou  subie  (terroriste,  soldat,  dictateur, martyr, victime), réflexion sur des genres intrinsèquement ou historiquement liés à la violence (tragédie antique mais également cinéma d’horreur, snuff movies, rap), violence et textes sacrés, témoignages. - Enjeux politiques, éthiques et esthétiques de la représentation de la violence : irreprésentabilité et indicibilité de la violence extrême, « spectacularité » et esthétisation, fonction politique et militante de l'œuvre, l'œuvre comme « pousse au crime », etc. La surexposition de la violence en réduit-elle la portée? Fait-elle œuvre de banalisation ou a-t-elle au contraire une portée pédagogique? Quels liens l'art entretient-il avec la réalité sociale, politique ou morale d'une époque?
- La violence exercée par l’œuvre ou le geste créatif : violence faite aux modèles (subversion du canon, violence exercée par la traduction sur le texte source), mais aussi au corps du ou de la destinataire et à celui de l’artiste (par exemple dans certaines performances de body art), approches psychanalytiques, fonction cathartique de l'œuvre.
- Approches linguistiques et discursives de la violence et de ses corollaires (invectives, insultes, vulgarité, etc.) : effets psycho-sociaux et discursifs de la violence, lexique / rhétorique de la violence, enjeux et rapports de force et de domination dans la langue (entre les classes sociales, entre les genres, en  contexte  postcolonial),  articulation  entre  silence  et  violence,  poétique  de  l’insulte,  violences symboliques, etc.
- L'artiste aux prises avec la violence : violence de genres, censure, dissociation de l'homme / de la femme et de l'œuvre, violence économique, violence médiatique. Comment penser la redécouverte d'artistes invisibilisés ou à l'inverse le mouvement d'invisibilisation d'artistes soudain mis au pilori? 

Repères bibliographiques

Agamben, Giorgio, Quand la maison brûle, Paris, Payot, « Bibliothèque Rivages », 2021 Bataille, Georges, L’Érotisme, Paris, Ed. de Minuit, 1957
Begin, Richard et Guido, Laurent (dir.), L’Horreur au cinéma, in Revue d’études cinématographiques, vol. 20, n°2-3, 2010
Bertho, Elara, Brun, Catherine, Garnier, Xavier (dir.), Figurer le terroriste. La littérature au défi, Paris, Karthala, 2021
Bourdieu, Pierre, La Reproduction, Paris, Ed. de Minuit, 1970

Char, René, Fureur et mystère, Paris, Gallimard, 1948
Coudurier, Perrine, La Terreur dans la France littéraire des années 1950. 1945-1962, Paris, Classiques Garnier, « Études de littérature des XXe et XXIe siècles », n°94, 2021
Curnier, Jean-Paul, À vif : Artaud, Nietzsche, Bataille, Sade, Klossowski, Pasolini, Paris, Lignes et Manifestes, « Lignes essais », 2006
Fix, Florence (dir.), La Violence au théâtre, Paris, PUF, 2010

Girard, René, La Violence et le Sacré (1972), Paris, Hachette, 2011

Kristeva, Julia, Pouvoirs de l’horreur, Paris, Points, 1980
Larochelle, Marie-Hélène (dir.), Invectives et violences verbales dans le discours littéraire, Presses de l’Université Laval, 2007
Leiris, Michel, Miroir de la tauromachie, Saint Clément de Rivière, Fata Morgana, 2013 
Lussac, Olivier, Rituels et violences dans la performance, Paris, Eterotopia, « Parcours », 2020 
Michaud, Yves, La Violence, Paris, Que-sais-je, 2018
Mondoloni, Dominique (dir.), Penser la Violence, Notre Librairie, n°148, juillet-septembre 2002 
Naugrette, Catherine (dir.), Le Théâtre et le mal, Registres, vol. 9/10, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2005
Nebenzahl, Michel, « L’ab/solution de l’Art », L’Univers Philosophique, « Art », Paris, 1989, PUF, pp. 598-610
Nietzsche, Friedrich, La Naissance de la tragédie, Paris, Gallimard, « Folio essais », 1986
Saint-Amand, Denis et Zbaeren Mathilde, Violences sexuelles et reprise de pouvoir, Revue critique de fixxion française contemporaine, 24/2022, en ligne : https://journals.openedition.org/fixxion/ 
Samoyault, Tiphaine, Traduction et violence, Paris, Seuil, 2020
Tellier, Arnaud, Expériences traumatiques et écriture, Paris, Anthropos diff. Economica, 1998.



Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots) à Marion Ott (marion.ott@univ-lorraine.fr) et Rodolphe Perez (rodolphe.perez@univ-tours.fr) : le 15 décembre 2022

Le colloque annuel 2023 de l’APFUCC sera en personne (à moins que la situation sanitaire ne le permette pas) avec, possiblement, quelques activités ou interventions en ligne (nous communiquerons à ce sujet plus tard). Il se tiendra dans le cadre du Congrès annuel de la Fédération des sciences humaines du Canada.

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des personnes responsables de l’atelier avant le 15 janvier 2023 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il faut également régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. De plus amples informations vous seront envoyées à ce sujet. Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication, présentée en français (la langue officielle de l’APFUCC), pour le colloque 2023.