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Guerre et fiction (Colloque APFUCC 2023, Toronto)

Guerre et fiction (Colloque APFUCC 2023, Toronto)

Publié le par Marc Escola (Source : Kathryne Fontaine)

L’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a récemment remis la guerre au-devant de l’actualité,

engendre une profusion de reportages, de témoignages, d’essais ou d’études historiques : ces

modes non fictionnels de relation de la guerre relancent du même coup la question de la place du

mode fictionnel dans le récit de guerre, qu’abordaient déjà Kate McLoughlin puis Laura Ashe et

Ian Patterson dans leurs ouvrages de 2014. En effet, la quantité d’informations disponible sur le

sujet n’empêche pas que l’on continue de rechercher dans l’art et dans la littérature une forme de

parole propre à ces modes d’expression, comme en témoignent les initiatives des théâtres Prospero

et Centaur de présenter des lectures théâtrales à partir de textes d’artistes ukrainien.e.s, ou encore

l’intérêt médiatique renouvelé pour des figures de la littérature ukrainienne comme Andreï

Kourkov. De même, au printemps de 2022, de façon tout à fait inattendue, la publication de l’inédit

de Louis-Ferdinand Céline, Guerre (Paris, Gallimard), ramène le sujet de la Première Guerre

mondiale dans l’actualité littéraire, et alimente la réflexion sur l’usage de la fiction dans le

témoignage de guerre – réflexion qui est toujours liée, lorsqu’il est question de l’oeuvre de cet

écrivain, à des considérations éthiques. Notre proposition d’atelier est née des questionnements

que suscitent ces événements tout autant que de la problématique plus générale du thème de la

guerre qui, d’une part, continue de résister à la représentation, alors que, d’autre part, le brouillage

des frontières entre la fiction et les sources d’informations qui marque les dernières décennies

semble avoir déplacé les fonctions de la littérature. En effet, pour reprendre la formule de Robert

Dion, nous nous intéressons tout particulièrement aux récits qui inventent, mais pour dire quelque

chose de vrai.

Nous invitons des communications qui explorent les stratégies contemporaines de mise en fiction

de la guerre à travers des modes d’interaction constamment renouvelés de la littérature avec le

réel. Comment la littérature contribue-t-elle à écrire l’histoire des conflits armés ? Pourrait-elle

révéler des dimensions éthiques de l’expérience de la guerre inaccessibles par des moyens non

fictionnels ? Est-ce que les modes fictionnels de relation de la guerre pourraient nous aider à mieux

saisir le rapport qu’on entretient, à l’époque actuelle, avec l’histoire et la mémoire ? En quoi,

comme le demandent Marie-Hélène Boblet et Bernard Alazet, ces récits éprouvent-ils la valeur

heuristique de la fiction ?

Voici, à titre suggestif, quelques axes d’étude :

- L’axe de la transmission, soit ce que la guerre transmet comme expériences et laisse comme

traces et comment la littérature contemporaine participe à ces transmissions.

- L’axe de la transgression, soit comment la transgression peut être un motif, un mode

d’expression ou un moteur narratif dans les récits de guerre, pour s’opposer aux tabous et

aux interdictions qui régissent l’écriture sur la guerre.

- L’axe de la transposition, soit la réécriture des grands récits ou des mythes fondateurs,

parfois à travers le renversement des idées dominantes, et qui peut aussi se traduire dans

les textes par l’emploi du symbole, par le recours à la synecdoque ou par la transposition

de l’agentivité.

Les communications pourront porter sur un large corpus dont voici les paramètres :

- Nous acceptons les analyses de tous textes portant sur le thème de la guerre entendu au

sens large, en incluant les guerres civiles, les actes de terrorisme, les guérillas et autres

conflits armés.

- Les textes pourront être des récits, mais aussi des textes de théâtre, des poèmes ou des

romans graphiques.

- En ce qui a trait au champ historique, nous privilégions les textes du XXIe siècle, mais

nous n’excluons pas des textes du XXe siècle (auquel appartient le récit Guerre de Louis-

Ferdinand Céline).

- Nous incluons toutes les littératures francophones.

Bibliographie sommaire

Ashe, Laura, et Ian Patterson, dir. War and Literature. Cambridge: D.S. Brewer, 2014.

Boblet, Marie-Hélène, et Bernard Alazet, dir. Écritures de la guerre aux XXe et XXIe siècles.

Dijon: Éditions universitaires de Dijon, 2010.

Dion, Robert. Des fictions sans fiction ou le partage du réel. Montréal: Presses de l’Université de

Montréal, 2018.

Fontaine, Kathryne. Poétique du récit de guerre contemporain La littérature comme laboratoire

d’éthique. Québec: Les Presses de l’Université Laval, 2021.

McLoughlin, Kate. Authoring War: The Literary Representation of War from the Iliad to Iraq.

New York: Cambridge University Press, 2014.

- Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse,

affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots) à Johanne Bénard

(benardj@queensu.ca) et Kathryne Fontaine (kathryne.fontaine@rmc.ca) le 15 décembre

2022.

- Le colloque annuel 2023 de l’APFUCC sera en personne (à moins que la situation sanitaire

ne le permette pas) avec, possiblement, quelques activités ou interventions en ligne (nous

communiquerons à ce sujet plus tard). Il se tiendra dans le cadre du Congrès annuel de la

Fédération des sciences humaines du Canada.

- Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des

personnes responsables de l’atelier avant le 15 janvier 2023 les informant de leur décision.

L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il faut également régler

les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de

conférence de l’APFUCC. De plus amples informations vous seront envoyées à ce sujet.

Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication, présentée en

français (la langue officielle de l’APFUCC), pour le colloque 2023.