Traduit par Jean Pavans
Afin d’assurer à Franklin Evans une large diffusion, qu’il obtiendra en effet, avec une vente de vingt mille exemplaires, le débutant Walt Whitman, âgé de vingt-trois ans, feint de se joindre à des ligues de vertu, et de se faire prêcheur moraliste et funèbre de l’antialcoolisme.
C’est un prétexte, un paravent, un faux-semblant et, tout compte fait, un excellent outil. L’arrière-pensée, sans doute, se fixe sur les romans picaresques anglais du siècle précédent, dans le but de tracer, sous forme de récit à la première personne, a rake’s progress, la carrière d’un libertin, dans des conditions new-yorkaises et autres qu’il a lui-même éprouvées, jalonnées de rencontres décisives de bons et de mauvais anges, où l’on peut soupçonner sous les abus de boissons entre garçons une allégorie d’excès sexuels, les femmes aimées, ou du moins épousées, étant bien présentes, mais se trouvant toutes victimes sur le chemin d’expiation et de réhabilitation du héros ; et tout cela dans un souci de psychologie autant que de sociologie, et puis naturellement avec des envolées inévitables du tempérament poétique, des échappées visionnaires comme celle du remarquable chapitre XX, avec son cérémonial de renonciation au Serpent Tentateur.
Lire l'Introduction et un extrait de l'ouvrage…
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Walt Whitman, romancier en herbe", par Jacques Darras (en ligne le 13 mai 2022)
Quinze ans avant la première édition de Feuilles d’herbe, son célèbre recueil de poèmes, le jeune Walt Whitman, alors âgé de vingt-trois ans, fait paraître son premier roman, Franklin Evans or The Inebriate: A Tale of the Times. Très exactement 180 ans après, on peut enfin lire sa traduction française : c’est ce qu’a fait pour En attendant Nadeau Jacques Darras, qui a traduit en 2002 les Feuilles d’herbe aux éditions Poésie/Gallimard.