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La médecine des femmes. Les soignantes, réalités et représentations en Italie / La medicina al femminile. Donne e medicina, realtà e rappresentazioni in Italia (revue Italies)

La médecine des femmes. Les soignantes, réalités et représentations en Italie / La medicina al femminile. Donne e medicina, realtà e rappresentazioni in Italia (revue Italies)

Publié le par Marc Escola (Source : Antonella Mauri)

Appel à contribution pour le n. 27 de la revue Italies

La médecine des femmes. Les soignantes, réalités et représentations en Italie

Depuis des siècles, dans la société italienne, c’est aux femmes que revient la tâche de s’occuper des malades et des convalescents, d’assister aux accouchements, de soigner les plaies et les blessures, de préparer ou d’administrer les médicaments, d’accompagner les agonisants. Pourtant, la profession médicale leur a été de facto interdite jusqu’à la fin du XIXe siècle, et même au XXe il a fallu batailler longtemps avant que la figure de la “doctoresse” ne soit réellement acceptée. Traditionnellement reléguée au statut subordonné d’aide-soignante ou d’infirmière, la femme soignait mais n’avait pas voix au chapitre : le diagnostic et le choix thérapeutique étaient l’affaire du médecin, l’homme de science, et elle était censée obéir aveuglément à ses ordres, à la maison comme à l’hôpital.

Méprisées par la plupart des médecins, les guérisseuses (rebouteuses, accoucheuses, matrones, herboristes, etc.) jouissaient en revanche de la reconnaissance populaire et d’une incontestable liberté dans le diagnostic et le choix de la thérapie, mais elles étaient exposées à des risques de représailles, d’accusations et de condamnations en cas d’erreur ou de mécontentement du client. De surcroît, elles faisaient partie d’une catégorie souvent soupçonnée de sorcellerie, avec toutes les conséquences que cela comportait jusqu’au XVIIe siècle, mais même après la fin de la chasse aux sorcières, elles pouvaient facilement devenir des marginales ou être chassées du village. On demandait aux femmes de soigner les malades, mais on ne leur faisait guère confiance : l’ange pouvait vite se métamorphoser en démon. Même la bonne mère de famille ou la fille dévouée, du moment qu’elles manipulaient nourriture et médicaments, étaient souvent considérées comme un danger potentiel pour les malades, que ce soit par bêtise féminine “naturelle”, par malveillance ou par négligence, et il fallait donc qu’un homme les ait toujours à l’œil. Ce n’est pas un hasard si jusqu’à des temps récents, dans les pays les plus conservateurs – parmi lesquels figure évidemment l’Italie –, les soins des malades dans les hôpitaux, les cliniques et chez les particuliers fortunés ont été de préférence confiés à des religieuses. Les moniales étaient par profession obéissantes, dévouées et asexuées et, aux yeux des médecins comme de la population, cela semblait être une garantie d’abnégation et de compétences largement supérieures à celles des infirmières laïques. Ce n’est qu’après la Grande Guerre que l’image de l’infirmière change et qu’on commence aussi à voir nombre de femmes médecins, dont en Italie on se méfiera encore longtemps car on les supposait “incompétentes” par rapport à leurs homologues masculins.

La femme est donc l’ange qui chérit le malade, veille sur lui et contribue à sa guérison, mais aussi le démon qui pourrait se servir de ses connaissances et de son rôle pour lui nuire. Images contradictoires et complexes, que nous proposons d’analyser dans une perspective la plus large possible, incluant tous les supports : histoire, littérature, iconographie, médias... La période concernée par cette analyse se veut aussi très large, allant de l’antiquité à nos jours. Il sera possible d’analyser ces figures du point de vue historique, littéraire, iconologique ou social, en élargissant la recherche à la guérisseuse-sorcière et à la soignante-empoisonneuse, que cela concerne des faits réels ou imaginaires.

Du point de vue de la problématique, plusieurs questions se posent. Par exemple, comment le rapport entre femme et médecine a-t-il été représenté ? Quelles héroïnes et anti-héroïnes endossent les rôles “médicalisés” dans les ouvrages de fiction ? Comment sont-elles dépeintes dans les chroniques des faits divers où elles ont éventuellement été impliquées ? Quelle est leur image dans l’iconographie ? Le savoir-faire médical, la connaissance des plantes et des remèdes étaient-ils perçus comme dangereux si le “savant” était une femme ? 
Il ne faudrait pas non plus oublier l’image fortement érotisée de l’infirmière ou de la femme-médecin dans le cinéma ou la bande dessinée, mais aussi en littérature : pourquoi cet aspect a-t-il autant d’importance ? S’agit-t-il d’un lien “classique” entre Éros et Thanatos ou d’autre chose ? 

Nous donnons ici des pistes, non exhaustives, pour des propositions :

- La littérature, les chroniques, la presse : 
• Les faits divers, les scandales, les histoires édifiantes ou curieuses concernant les soignantes dans la presse italienne.  
• Les figures des soignantes dans le domaine du roman, ainsi que dans les contes, les mémoires, les chroniques, le théâtre, les poèmes, la tradition orale. 
En particulier :
• Les polars et les figures “maléfiques” ou angéliques des soignantes, à analyser dans ce domaine spécifique.
• Le roman historique et la réinterprétation du rôle des guérisseuses (“sorcières” ou autres). Ce nouveau rôle pourrait aussi être analysé dans le genre Fantasy, dans la bande dessinée et dans le roman graphique.

- L’histoire ancienne :
• La femme et la médecine dans l’histoire : personnages, faits divers, lois, évolution des rôles de l’Antiquité romaine au XVIIIe siècle. 
• Les ordres religieux de soignantes, y compris les missionnaires.
• Les figures des saintes ou des femmes engagées dans le domaine de la santé.

- L’engagement des femmes aux XIXe et XXe siècles :
• Les infirmières laïques : écoles, statuts, professionnalisation.
• La Croix-Rouge et la formation des infirmières : engagement lors de la Grande Guerre et de la seconde guerre mondiale, histoire, image, figures.
• Le combat pour l’accès à l’université : les premières femmes médecins, l’évolution de la profession.
• Les femmes et la médecine sociale italienne (membres d’associations, fondatrices d’hôpitaux et dispensaires, enseignantes, femmes politiques). Figures, œuvres, engagement, finalités, réussites et échecs.
• Les grandes figures de la médecine en Italie et leur action, notamment les pionnières telles Maria Montessori, Ernestina Paper, Adelasia Cocco ; sans limites temporelles.

- L’iconographie :
• La figure de la soignante (infirmière, dame de la Croix Rouge, médecin) dans la publicité et les affiches. 
• Les dessins humoristiques et les blagues : la ridiculisation, la caricature.
• Les bandes dessinées analysées du point de vue de l’image (le scénario appartient au domaine littéraire, voire paralittéraire, mais les deux peuvent être analysés).
• Les images des soignantes, professionnelles ou non, dans l’histoire de l’art : tableaux, gravures, illustrations, sculpture.

- Le cinéma, la télévision, la musique, le théâtre :
• Les figures de la religieuse, de l’infirmière laïque ou de la femme engagée dans la Croix Rouge protagonistes de films, comme dans Anna de Alberto Lattuada, La nave bianca de Roberto Rossellini, L’angelo Bianco de Raffaello Matarazzo, Il momento più bello de Luciano Emmer, ainsi que les productions plus récentes, cinématographiques ou télévisuelles, et celles où la soignante n’est pas la protagoniste.
• Le cinéma osé des années 1960-1970 avec ses figures érotisées de soignantes : les implications, les origines et le sens de cette imagerie détournée.
• Les séries télé anciennes et modernes et les rôles des soignantes. On ne prendra en considération que les productions italiennes, celles étrangères peuvent être analysée seulement dans une optique comparative et/ou sociologique (la raison d’un certain engouement pour ce milieu, la différence entre les imaginaires, etc.). 
• Les pièces théâtrales anciennes ou modernes mettant en jeu les figures des soignantes, positives ou négatives (empoisonneuses ou autre).
• La chanson et l’opéra. On pourrait analyser, dans ce domaine, encore une fois le rôle de la “mauvaise” femme qui ne soigne pas ceux qui tombent malades à cause de leur comportement (Balocchi e Profumi en est un exemple typique), ou de l’ange qui les sauve.

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Bibliographie :

ARCURI Costanza, GRADENIGO Alessandro, ZAGAMI Ornella (eds.) : La mobilitazione femminile nella Grande Guerra. Le crocerossine e le dottoresse, Gaspari, Udine 2019.
GENLIS Jacques : La sage-femme ou le médecin, Fayard, Paris 1988.
GRECO Pietro : Trotula. La prima donna medico d’Europa, L’Asino d’Oro Edizioni, Roma 2020.
KNIEBIEHLER Yvonne : Cornettes et blouses blanches, Hachette, Paris 1984.
PERROT, Michelle, Les Femmes ou les silences de l’histoire, Flammarion, Paris 1998.
SHORTER Edward : A History of Women Bodies, Basic Books, New-York 1982.
VARIOLA G., SCANDALETTI P. (eds.) : Le crocerossine nella Grande Guerra. Una via all’emancipazione femminile. Aristocratiche e borghesi nei diari e negli ospedali militari, Gaspari, Udine 2008.
WEBER Domizia : Sanare e maleficiare. Guaritrici, streghe e medicina a Modena nel XVI secolo, Carocci, Roma 2011.

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Les articles acceptés peuvent être rédigés en français ou en italien et seront à remettre avant le 31 octobre 2022. Les propositions de contribution (500 caractères, espaces comprises) sont à envoyer avant le 15 juin 2022 à Antonella Mauri et Judith Obert, directrices scientifiques du volume 27, ainsi qu’à Perle Abbrugiati, directrice de la revue :
antonella.mauri@univ-lille.fr 
judith.obert@univ-amu.fr 
perle.abbrugiati@univ-amu.fr 

La publication du numéro 27 est prévue en octobre-novembre 2023. 

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La medicina al femminile. Donne e medicina, realtà e rappresentazioni in Italia

Da secoli, nella società italiana, è alle donne che spetta per tradizione il compito di occuparsi dei malati e dei convalescenti, di assistere ai parti, di medicare le ferite, di preparare o somministrare medicinali, di assistere i moribondi. Eppure, l’esercizio della professione medica è in pratica stato loro vietato fino alla fine dell’Ottocento, e anche nel Novecento è stato necessario combattere a lungo prima che la figura della “dottoressa” venisse realmente accettata. Relegata alla condizione subordinata di infermiera o di badante, la donna curava ma non aveva voce in capitolo: la diagnosi e le scelte terapeutiche spettavano al medico, l’uomo di scienza; alla donna toccava obbedire ai suoi ordini senza fare né farsi domande, sia in casa che in ospedale.

Disprezzate dalla stragrande maggioranza dei medici, le guaritrici (conciaossa, levatrici, mammane, erboriste, ecc.) godevano del riconoscimento popolare e di un’innegabile libertà nella diagnosi e nella scelta della terapia, ma erano esposte al rischio di ritorsioni, accuse e condanne in caso di errore o di insoddisfazione del cliente. Inoltre erano sovente sospettate di stregoneria, con tutte le conseguenze che ciò poteva comportare, e questo fino al XVII secolo. Ma anche dopo la fine della caccia alle streghe molte di queste donne venivano emarginate o allontanate dal paese. Alle donne veniva dunque domandato di prendersi cura dei malati, ma non ci si fidava di loro: l’angelo poteva facilmente trasformarsi in un demone. Anche la buona moglie e madre di famiglia o la figlia affezionata, dal momento che maneggiavano cibo e medicine potevano venir considerate un potenziale pericolo per i malati, sia per “naturale” stupidità femminile che per malevolenza o negligenza. In ogni modo, gli uomini non dovevano mai perderle d’occhio. Non è un caso se fino a tempi recenti, nei paesi più conservatori – tra cui l’Italia – la cura dei malati negli ospedali, nelle cliniche e nelle case private dei ricchi è stata affidata di preferenza alle suore. Le monache sono, per voto, obbedienti, disciplinate ed asessuate; e ciò pareva garantire, sia ai medici che alla gente in generale, che avessero delle doti di abnegazione e delle competenze di gran lunga superiori a quelli delle infermiere laiche. Soltanto dopo la Grande Guerra l’immagine dell’infermiera cambia, e compaiono anche delle dottoresse, di cui comunque in Italia gran parte della popolazione diffiderà ancora a lungo perché ritenute “incompetenti” rispetto agli uomini.

La donna è dunque l’angelo che custodisce il paziente, veglia su di lui e contribuisce alla sua guarigione, ma è anche il demone che potrebbe usare le sue competenze e il suo ruolo per fargli del male. Immagini contraddittorie e complesse, che ci proponiamo di analizzare in una prospettiva il più ampia possibile, da ogni punto di vista: storia, letteratura, iconografia, media... In quanto al periodo, anche in questo caso si accettano proposte su larga scala, dall’antichità ai giorni nostri. Sarà possibile analizzare queste figure femminili da un punto di vista storico, letterario, iconologico o sociale, che si tratti di fatti reali o immaginari, allargando eventualmente la ricerca alle immagini della strega-guaritrice e dell’avvelenatrice.

Dal punto di vista della problematica, vi sono diversi punti da analizzare. Ad esempio, come veniva rappresentato il rapporto tra la donna e la medicina? Quali protagoniste e/o antieroine hanno un ruolo “medicalizzato” nella narrativa? Come vengono rappresentate nella cronaca, normale o nera? Qual è la loro immagine iconografica? Il sapere medico, la conoscenza delle piante e dei rimedi erano percepiti come pericolosi se la “scienziata” era una donna? Non va poi trascurata l’immagine fortemente erotica dell’infermiera o della dottoressa che si trova sovente nel cinema o nei fumetti, ma anche in letteratura: perché questo aspetto è così importante? Si tratta di un legame “classico” tra Eros e Thanatos o di qualcos’altro?

Diamo qui alcune indicazioni (non esaustive) per le proposte:

- Letteratura, cronaca, stampa:
• Fatti di cronaca, scandali, storie edificanti o curiose riguardanti le donne impegnante nel campo sanitario: rappresentazione nella stampa italiana.
• Le “curatrici”: rappresentazioni in letteratura, memorialistica, poesia, cronaca, teatro, tradizioni orali.
In particolare:
• I gialli e le figure “malefiche” o angeliche, da analizzare in questo specifico ambito.
• Il romanzo storico e la reinterpretazione del ruolo delle guaritrici (“streghe” o altro). Questo ruolo potrebbe essere analizzato anche nel genere fantasy, nei fumetti e nelle graphic novel.

- Storia antica:
• Donne e medicina nella storia: personaggi, casi di cronaca, legislazione, evoluzione dei ruoli dall’Antichità al Settecento.
• Ordini religiosi ospedalieri, ruolo delle monache, comprese le missionarie.
• Figure di sante o di donne impegnate nel campo sanitario.

- L’impegno femminile nel XIX e XX secolo:
• Infermiere laiche: scuole, statuti, professionalizzazione.
• La Croce Rossa e la formazione delle infermiere: l’impegno durante la Grande Guerra e la Seconda Guerra Mondiale; storia, immagine, figure.
• La battaglia per l’accesso all’università: le prime dottoresse, l’evoluzione della professione.
• Donne e medicina sociale italiana (membri di associazioni, fondatrici di ospedali e dispensari, insegnanti, politiche). Cifre, opere, impegno, traguardi raggiunti, successi e fallimenti.
• Le grandi figure della medicina in Italia e la loro azione, in particolare le pioniere come Maria Montessori, Ernestina Carta, Adelasia Cocco (nessuna epoca esclusa).

- Iconografia:
• L’immagine delle infermiere, crocerossine, dottoresse, ecc. nella grafica e nella pubblicità.
• Vignette e barzellette: prese in giro, satira, caricature.
• Fumetti, analizzati dal punto di vista dell’immagine (la sceneggiatura appartiene al campo letterario o paraletterario, ma entrambi possono essere analizzati).
• Immagini nella storia dell’arte: dipinti, incisioni, illustrazioni, sculture.
 
- Cinema, televisione, musica, teatro:
• Le figure della suora, dell’infermiera laica o della crocerossina, protagoniste di un film. Per esempio: Anna di Alberto Lattuada, La nave bianca di Roberto Rossellini, L’angelo Bianco di Raffaello Matarazzo, Il momento più bello di Luciano Emmer, o ancora le opere cinematografiche e televisive recenti e quelle in cui la “curatrice” non è la protagonista.
• Il cinema erotico degli anni Sessanta e Settanta con le sue figure di infermiere e dottoresse osé: le implicazioni, le origini e il significato di questo immaginario deviato.
• Serie TV vecchie e nuove e i ruoli femminili. Saranno prese in considerazione solo le produzioni italiane, quelle straniere possono essere analizzate dal punto di vista comparatista e/o sociologico (il motivo dell’entusiasmo per l’ambiente medico, la differenza tra gli immaginari, ecc.).
• Testi teatrali antichi o moderni in cui vi siano figure positive o negative (avvelenatrici o altro).
• La canzone e l’opera. Si può analizzare, ancora una volta, il ruolo della donna “cattiva” che non si prende cura di chi si ammala a causa del suo comportamento (Balocchi e Profumi ne è un tipico esempio), o dell’angelo che salva i sofferenti.

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Gli articoli accettati potranno essere redatti in francese o in italiano e dovranno veir consegnati entro il 31 ottobre 2022. Le proposte di contributo (500 caratteri, spazi inclusi) devono essere inviate entro il 15 giugno 2022 ad Antonella Mauri e Judith Obert, curatrici del volume n. 27 di Italies, nonché a Perle Abbrugiati, direttrice della rivista:
antonella.mauri@univ-lille.fr
 judith.obert@univ-amu.fr
perle.abbrugiati@univ-amu.fr

La pubblicazione del n. 27 è prevista entro il quarto trimestre del 2023.