Appel à communications
Journée d’étude « Et plus ultra… Outrepasser dans les mondes francophones, le point de non-retour »
10 novembre 2022
Université de Lille, ALITHILA (ULR 1061)
Organisée par Frédéric Briot et Marie Bulté
On dit que les colonnes d’Hercule marquaient les limites du monde connu. Au-delà, c’était le dissemblable, l’informe, des altérités inédites, par-delà toute pensée ou toute représentation. Les limites ainsi marquées n’étaient nullement une invitation à l’aventure, à la découverte ou au franchissement. C’était bel et bien une mise en garde à ne pas dépasser ces colonnes, à rester de ce côté-ci, à ne pas passer outre.
Et pourtant, il y en eut, il y en aura, des passages : des allers, souvent sans retour, d’ici à là-bas, et sans rien laisser d’autre sans doute qu’un vide, une absence, une disparition. Ou encore des allers suivis de retours, mais qu’est-ce qui re-vient exactement ? En quoi les voix revenues de ce dehors sont-elles altérées, en quoi sont-elles encore, ou déjà plus, elles-mêmes ?
Ces questions informeront un cycle de trois journées d’étude « Et plus ultra » : si les deux dernières interrogeront l’énonciation (depuis le Dehors et au retour dans un supposé Dedans), cette journée inaugurale portera sur les conditions spatiales ou sur le dispositif qui va donner corps à nos hypothèses. Que ce soit une porte, un portail (dans toutes les acceptions du terme), un pont, ou toute autre forme ou (im)possibilité de passage, on privilégiera l’étude de l’objet matériel en tant que tel, son mécanisme, sa dangerosité mais aussi celle de l’instant de crise, le point de bascule ou de non-retour. En somme, le moment et le lieu de l’outrepassement, le surgissement d’une dichotomie irréconciliable, un Dedans et un Dehors, un monde et un autre monde. Les exemples tutélaires des colonnes d’Hercule (et non plus ultra/nec plus ultra) ou de l’entrée des Enfers chez Dante (Lasciate ogne speranza, voi ch'entrate) le montrent : la question de l’inscription, jointe sans doute à celle plus ambivalente d’une figure tout à la fois gardienne et passeuse, tentatrice et dissuasive, vient compléter et complexifier celle du dispositif.
Cette première journée d’étude sera alors l’occasion de mesurer la manière dont cette butée, narrative, allégorique, symbolique, etc., travaille avec acuité les littératures francophones. Les communications pourront, sans exclusive, aborder :
- la dimension épigraphique : l’inscription est celle qui dissuade du passage, qui dit l’objurgation à ne pas franchir ;
- l’existence d’une figure gardienne (passeuse ou dissuasive) ;
- la spatialisation du Dedans et du Dehors ;
- la bascule et la crise irrémédiables que produit le franchissement ;
- les poétiques de la faille ;
- les embardées narratives et discursives que suscite la confrontation à la butée.
Les propositions de communication (notice bio-bibliographique, titre de la communication, résumé de 300 mots) pourront nous parvenir jusqu’au 15 juin 2022 aux adresses suivantes : marie.bulte@univ-lille.fr et frederic.briot@univ-lille.fr .