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"Postmodernisme, Humanités et sociétés en Afrique" (Ziguinchor, Sénégal)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Cheikh M. S. Diop)

UNIVERSITÉ ASSANE SECK – ZIGUINCHOR
UFR DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES
Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Langues, les Littératures, l’Histoire, les Arts et les Cultures (CREILHAC)

Appel à communications  


« Postmodernisme, Humanités et sociétés en Afrique »
 8-10 décembre 2022


Argumentaire :

La fin du XXème et le début du XXIème siècle sont marqués par le « phénomène postmoderne » (Yves Boisvert : 1996). En effet, la querelle idéologique qui oppose Jean François Lyotard et Jurgen Habermas au début des années 1980 sur le concept théorique du postmodernisme continue d’alimenter les idées, les débats et les productions scientifiques et culturelles du XXIème siècle. Ce conflit intellectuel débouche sur une opposition entre partisans de la modernité et ceux de la postmodernité sans pour autant apporter une réponse efficiente aux problèmes qui se posent à l’humaine condition. On se retrouve donc dans une situation d’impasse sans précédent sans être réellement édifié. Aussi est-il  intéressant de se poser certaines interrogations à ce sujet. Vit-on dans l’ère postmoderne ? Quelles en sont les manifestations ? Le postmodernisme est-il une philosophie, une idéologie du futur ?

A en croire les anti-postmodernistes comme Lukas Sosoé, « le discours postmoderne est un non-sens en soi ; une thèse non recevable car elle utilise un langage logique afin de critiquer la rationalité » alors que les pro-modernistes tels que Luc Ferry et Alain Renaut pensent que la postmodernité est un courant de pensée qui prône la différenciation, donc un mouvement raciste dans sa démarche (Yves Boisvert ; 1996, p. 13). Comme cela transparait dans les débats, en aucun cas on est édifié sur le contenu réel du discours des postmodernistes. Ce qui pousse l’éditeur français Galilée à réfuter ces critiques chimères dans l’Avertissement qu’il présente en préambule du livre Le postmodernisme expliqué aux enfants de J-F Lyotard (1988): « Au lieu de lire, ce qu’on appelle lire, et l’argumenter ad rem, ses adversaires opèrent de préférence ad hominem et par catégories toutes faites et (qu’) il ne convient pas à la différence qu’on doit à la pensée de se prêter à des polémiques de cette farine. » Voilà pourquoi le colloque international du CREILHAC sur le thème « Postmodernisme, Humanités et sociétés en Afrique » trouve son sens et son importance.

Il faut faire remarquer avec Yves Boisvert (1996, p. 45) que « le courant postmoderne a fait son entrée fracassante dans le giron de la philosophie et des sciences sociales par le biais de l’essai percutant de Jean-François Lyotard intitulé La condition postmoderne. C’est ainsi que l’on cherche à connaitre l’impact que peuvent avoir les bouleversements sociaux des dernières décennies sur la connaissance et sur notre interprétation du monde. Toutefois, il convient de faire la part des choses entre « modernité » et « postmodernité ».

Selon G. Vattimo (1990, p. 9), la modernité est d’abord et avant tout caractérisée par le « culte du nouveau et de l’originalité », elle s’embarque dans une course effrénée où le nouveau d’hier est vite dépassé par un nouveau « nouveau », ce dernier étant lui-même appelé à être dépassé incessamment. Donc, dans la modernité, tout n’est « nouveau » que le temps d’une présence, le temps d’être remplacé. La modernité semble être dans un état de rupture perpétuelle. C’est dans cet ordre d’idées que Lyotard (1986, p. 46) parle de la modernité comme un état d’ébranlement permanent des croyances. Vattimo surenchérit en prétendant que la modernité déracine et mutile tout simplement la vie en arrachant l’être humain à ses « appartenances traditionnelles » et communautaires.

L’instauration du nouveau s’effectue ainsi sous le signe de la rupture. Cette rupture avec la tradition et l’oubli du passé sont des critères fondamentaux de la modernité, et toute résistance à cette amnésie généralisée doit être réprimée. La modernité instaure donc une forme de « chasse aux sorcières » à l’égard de ceux qui voudraient continuer à s’accrocher aux valeurs du passé. Ces derniers sont considérés comme des parias, car le propre de la modernité réside dans le fétichisme de « l’être moderne ». Ainsi, le projet moderne se donne comme objectif de réaliser l’universalité des communautés humaines. L’universalité serait le résultat d’une émancipation progressive de l’humanité entière. Dans la modernité, l’homme moderne fantasme d’être Dieu. Cette obsession moderne de l’« épisujet humain » a conduit l’homme (moderne) à un processus d’autodestruction et les sociétés modernes vers le chaos totalitaire. Ce qui fait dire à Lyotard (1988, p. 38) que « c’est le crime qui ouvre la postmodernité », c'est-à-dire cette lente dissolution de la modernité qui nous fait entrer dans un « après » informulable, sinon par le terme souvent controversé de posmodernité. Pour les philosophes théoriciens de la postmodernité, quelques phénomènes permettent de prétendre que nous sommes dans l’ère culturelle postmoderne, ère de transition et de deuil, qui prend forme à partir des ruines de la modernité : la faillite de la modernité, l’ère de la technoculture, la société des mass médias, la mort de l’art, la dissolution de la vérité absolue, etc.

À en croire le critique postmoderniste Adama Coulibaly (2017, p. 31), les termes « postmodernisme et postmodernité » renvoient à des entités qui sont souvent distinctes dans l’entendement des spécialistes. « Postmoderne » s’emploie pour l’un ou l’autre des deux mots (comme adjectif) et peut être lui-même l’objet d’une dérivation impropre (au sens linguistique). Il désigne alors « le postmodernisme » ou « la postmodernité ». Il ajoute dans son analyse qu’un accord de principe permet de définir « la postmodernité » comme l’époque historique, l’ère de développement de la pensée postmoderne, et « le postmodernisme », le discours esthétique produit par la « postmodernité », un discours cognitif qui permet de lire l’esthétique, la poétique littéraire (ou autre) de cette époque. Le postmodernisme est la pratique postmoderne en art, en littérature et autres modes d’expression créatives.

Sans prétendre faire l’archéologie du mot, disons avec Walter Moser (1984, p. 34), que « La postmodernité serait donc ce qui est arrivé après que la modernité avait fini de jouer son rôle sur la scène historique. Son histoire se limiterait au fait d’être venue après et au désir d’ouvrir une postérité-altérité ». Adama Coulibaly (2017, p. 36), analysant le discours postmoderniste de Marc Augé, ajoute que la question du postmodernisme étymologiquement donnée est  comme « la  postériorité de quelque chose qu’on dépasse, et rejette (…) ce qui vient après » incline logiquement à cerner ce qu’on quitte ou ce qu’on « enjambe ». En ce sens, le postmodernisme fonctionne comme étant une forme de discontinuité, de rupture avec le modernisme.

Pour Lyotard, (1988, p. 28) « une œuvre ne peut devenir moderne que si elle est d’abord postmoderne ». Il ajoute que « le postmodernisme ainsi entendu n’est pas le modernisme à sa fin, mais à l’état naissant, et cet état est constant ». Partant de là, on peut lire et comprendre le postmodernisme comme un discours de la modernité avancée ou de l’anti-modernité dans un sens général. Ce qui amène Pierre Ouellet (1993, p. 116-117)  à faire le constat suivant : « Les grands mouvements réformistes comme le féminisme, le postcolonialisme, la défense des minorités sexuelles ou ethniques, etc., qui dominent dans la critique américaine actuelle, constituent (…) l’une des légitimations les plus efficientes du postmodernisme littéraire et de ses prolongements philosophiques ou socio-politiques ». On peut donc se demander légitimement le rapport que le courant postmoderniste entretient avec les langues, les littératures, les arts, les cultures et les sociétés africaines ? Les sociétés africaines nouvellement indépendantes sont-elles postmodernes au sens lyotardien du terme?

En tout état de cause, rappelons que la décolonisation fonctionne comme la fin de l’histoire unitaire et l’échec de l’universalité. Elle représente un coup dur au fétichisme de l’universalisation, car elle permet l’affirmation des différences culturelles. La décolonisation accélère également l’effritement de l’Histoire, cette marche progressive vers l’idéal émancipateur, et engendre la création d’une multitude d’interprétations historiques différentes. La décolonisation a laissé, en guise de séquelles, un important fossé économique entre l’Occident et le reste du monde. La modernité visait l’universalité : elle a plutôt créé une gigantesque disparité entre le Nord et le Sud. Partant de là, on peut affirmer que les sociétés africaines décoloniales portent en elles les stigmates de la postmodernité puisqu’elles sont construites sur les ruines de la modernité et s’inscrivent dans le processus de la différenciation, de l’altérité et de l’autonomisation.

Ce colloque international cherche à faire la lumière sur le concept de « postmodernisme » appliqué aux langues, littératures, arts, cultures et sociétés africaines. Il invite les chercheurs de tout bord à examiner l'hypothèse postmoderne comme une mise en turbulence des valeurs de la modernité en Afrique en tenant compte des axes, non exhaustifs, proposés.

Axes 1 : Littératures d'Afrique

L’œuvre littéraire africaine postmoderne se singularise dans le fond comme dans la forme par une écriture de contestation, de violence voire du chao, de l’illisibilité et du fragmentaire : en un mot par une esthétique de la déconstruction constructive de nouveauté. Cette nouvelle donne dite de « rupture » ou de « crise » par rapport aux œuvres  classiques mérite d’être approfondie afin de montrer toutes les facettes de cette esthétique littéraire  postmoderne africaine.  

Axe 2 : Postmodernisme et politique linguistique

En Afrique, le recours exclusif aux langues occidentales dans l’enseignement, l’éducation, la formation et le traitement de l’information est bousculé. La revalorisation des langues africaines est la nouvelle politique linguistique adoptée dans certains pays africains. Le bilinguisme et le partenariat linguistique sont observés presque partout. Les chercheurs et les spécialistes de langues sont conviés à étudier ce phénomène postmoderniste dans une perspective didactique et dans une perspective descriptive.

Axe 3 : Postmodernisme et Religion

La religion dans l’optique postmoderne ne s’oppose pas à la raison moderne. En fait, le sujet religieux oscille entre tradition et modernité. Il opte pour les croyances du passé tout en se laissant séduire par les valeurs attrayantes de la modernité. Ce choix amphibologique marie les valeurs modernes et les traditions. La religion de la postmodernité renvoie à l’expression d’une sensibilité qui compose avec le désir de croire et d’espérer, de donner sens à une souffrance, à une perte ou à un moment exaltant, d’arrimer le fil fragile de la vie à une quête spirituelle sans cesse renouvelée, de vitaliser l’existence, de ritualiser une période difficile. Les mouvements séparatistes comme Boko Haram et Al Qaïda du Maghreb islamique (AQMI) peuvent être considérés comme des sectes religieuses qui refusent l’occidentalisation des sociétés africaine De plus, en Afrique, le syncrétisme religieux peut être perçu comme un manifeste du postmodernisme religieux. Les élections présidentielles, législatives ou municipales, les rituels de la franc-maçonnerie, des sectes, la célébration de mariage, l’enterrement, la sorcellerie ou la magie noire sont l’occasion de pratiques qui relèvent de la religiosité et rythment le quotidien des sociétés africaines.

Axe 4 : Postmodernisme et mouvements féministes 

Le mouvement féministe en Afrique a fait sa percée à partir des années quatre-vingt. Porté par la littérature et la sociologie, les femmes africaines portent le combat et réclament plus de droit pour la femme africaine asservie par le système patriarcal pour son émancipation. De plus, le combat pour l’amour libre, la contraception, l’avortement et la décriminalisation de l’homosexualité alimente les idéaux de la révolution sexuelle. La morale religieuse et celle de la tradition qui réglementaient la sexualité sont vouées aux gémonies. La quête perpétuelle du plaisir et le bonheur personnel et individuel caractérisent les rapports homme/femme. Le couple africain moderniste traverse une crise due aux besoins d’émancipation de la femme et aux aléas de la crise économique. Les cas de divorces sont devenus fréquents. Les chercheurs sont invités à analyser les mouvements féministes et leur expansion en Afrique et la précarité du mariage.

Axe 5 : Postmodernisme et Sociétés décoloniales

Les sociétés africaines sont marquées par des crises sociales sans précédent. L’émergence de la société civile dans presque tous les pays africains portant le combat de la démocratie, de la transparence, de la bonne gouvernance et de l’indépendance fonctionne à la fois comme régulateur social et contre-pouvoir des autorités gouvernementales en place. Cette société civile panafricaine s’oppose au néocolonialisme occidental, réclame une monnaie africaine et rejette la politique subalterne de la France-Afrique. Ainsi il serait intéressant pour les sociologues et autres spécialistes du domaine social de réfléchir sur cette quête de changement et de rupture portée par les jeunes africains d’aujourd’hui en Afrique.

Axe 6 : Postmodernisme et TIC

Les technologies de l'information et de la communication (TIC) ont fortement impacté sur le continent, le vécu quotidien des citoyens et leurs rapports avec le monde, la famille, le social, le travail, l'éducation et l'enseignement. Elles font entrer le monde dans une société de la technoculture. La version "androïde " des smartphones bouleverse les habitudes communicationnelles en rapprochant le lointain tout en éloignant le proche. L'individu scotché sur son smartphone réduit la distance sociale qui le sépare de l'autrui par la communication audiovisuelle mais en même temps se distancie des membres de la famille, des proches. L’enseignement à distance fait son entrée dans l’éducation et la formation et transgresse les habitudes classiques d’enseignement en présentiel. La cybercriminalité et les data centers font surface avec la prolifération des réseaux sociaux. L’homme postmoderne est ainsi réduit à la somme de ses données numériques collectées dans les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, WhatsApp, etc.

Axe 7 : Postmodernisme et questions médico-sociales

La crise la plus spectaculaire de ce début de siècle est la crise sanitaire connue sous le nom de « covid 19 ». Elle a montré les failles de la science en matière de santé puisque le monde médical peine à trouver un remède efficace à cette maladie devenue pandémique. L’Afrique n’est pas épargnée et tente de répondre avec ses moyens à cette crise multidimensionnelle. Toutefois, dans certains pays africains (comme occidentaux), on assiste à une forme de résistance aux vaccins proposés par l’Occident et au recours à la pharmacie traditionnelle ou médecine naturelle. Ce comportement anti-moderniste n’est-il pas un signe du postmodernisme médical en Afrique ? La réflexion des spécialistes de la santé, des anthropologues et des sociologues est attendue sur ce sujet qui préoccupe l’Homme « postmoderne ».

Envoi des propositions de communication

Les propositions de communication accompagnées d’une petite notice bibliographique (en français ou en anglais) devront comporter :
-       des indications sur l’auteur (nom et prénoms, université d’attache) ;
-       le titre de l’article ;
-       un résumé de 200 à 250 mots ;
-       les mots clés (4 ou 5 mots).
Elles devront être envoyées à l’adresse mail suivante : colloquecreilhac2022@univ-zig.sn
 
Calendrier :

Soumission des propositions de communication : jusqu’au 30 avril 2022
Réponse du comité scientifique : 31 mai 2022
Envoi des communications retenues : 31 juillet 2022
Programme définitif : 31 octobre 2022
Dates du colloque : 08-10 décembre 2022

Souscription : 

Doctorant : 25 000 FCFA
Enseignant-chercheur : 50 000 FCFA

 
Contacts  organisateurs :
Daouda DIOUF : ddiouf@univ-zig.sn
                             Tel: +221 77 563 58 88
El hadji CAMARA e.camara@univ-zig.sn 
                             Tel : +221 78 172 67 39

NB : Les  frais de déplacement jusqu’à Ziguinchor et l’hébergement sont à la charge des participants ; la restauration revient à l’organisation du colloque.

 
Comité scientifique:

Adama COULIBALY, Université Félix Houphouët Boigny
Alexie TCHEUYAP, Université de Toronto
Augustin COLY, Université Cheikh Anta Diop
Babou DIÈNE, Université Gaston Berger
Cheikh Mouhamadou Soumoune DIOP, Université Assane Seck - Ziguinchor
Eugène TAVARES, Université Assane Seck - Ziguinchor
Hanane ESSAYDI, Université Cadi Ayyad, Marrakech
Laté HELLU-LAWSON, Western University, Ontario
Mbaye DIOUF, Université de Mc Gill, Québec
Paul DIEDHIOU, Université Assane Seck – Ziguinchor
Andrea CALI, Université de Salento, Lecce
Ousseynou FAYE, Université Cheikh Anta Diop – Dakar
Ndiouga BENGA, Université Cheikh Anta Diop – Dakar
Pierre FRATH, Université de Reims
Michelle AUZANNEAU, Université de Paris

Comité d’organisation: Centre de Recherche interdisciplinaire sur les Langues, les Littératures, l’Histoire, les Arts et les Cultures (CREILHAC)
Laboratoire invité : Centre de Recherche sur la Critique Littéraire Africaine (CERCLA), Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis (Sénégal)
 
Bibliographie indicative:

AUGÉ Marc (1992). Non-Lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité. Paris : Le Seuil.
BOISVERT Yves (1996). Le monde postmoderne. Analyse du discours sur la postmodernité. Paris : L’Harmattan.
COMPAGNON Antoine (1990). Les cinq paradoxes de la modernité. Paris : Le Seuil.
COULIBALY Adama (2017). Le postmodernisme littéraire et sa pratique chez les romanciers francophones en Afrique noire. Paris : L’Harmattan.
JEFFREY Denis (1998). Jouissance du sacré. Religion et postmodernité. Paris : Armand Colin.
GONTARD Marc (2013). Ecrire la crise. L’Esthétique postmoderne. Presses Universitaire de Rennes.
HABERMAS Jürgen (1981). « La modernité, un projet inachevé ». In : Critique, n°413, pp.950-957.
HABERMAS Jurgen (1988). Le discours philosophique de la modernité. Paris : Gallimard
LYOTARD Jean-François (1979). La Condition postmoderne. Paris : Minuit.
LYOTARD Jean-François (1988). Le Postmodernisme expliqué aux enfants. Paris : Galilée.
MESCHONNIC Henri. (1988). Modernité, Modernité. Paris : Gallimard.
SCARPETA Guy (1985). L’Impureté. Paris : Editions Grasset.
VATTIMO Gianni. (1987). La Fin de la modernité. Paris : Le Seuil.
VATTIMO Gianni (1990). La société transparente. Paris : Desclée de Brouwers