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Littérature et retour du sacré (en ligne)

Littérature et retour du sacré (en ligne)

Publié le par Marc Escola (Source : Faculté Polydisciplinaire à Larache)

                                                           Laboratoires de recherches « Langue, Littérature, Imaginaire et Esthétique »
                                                                                                                   &
                                                                            « Gestion, Droit, Interculturel et Mutations sociales » 

                                                                                                       Appel à communication 

                                                                                             Colloque international à distance

                                                                                                « Littérature et retour du sacré »

                                                                                                 15 et 16 juin 2022 (A distance)

Coordination

-          Pr. Hassan CHAFIK
-          Pr. Mohammed LAKHDAR
-          Pr. Jalal OURYA

                                                                                                             Argumentaire

La notion de sacré s’enracine dans les profondeurs du passé humain où plusieurs modalités de sa manifestation et de son appréhension ont trouvé naissance (la magie, le mythe, la religion). Lié essentiellement à un système de croyance sémiotico-anthropologique qui dialogue éternellement  avec l’être-au-monde et régule son existence, le sacré forme un paradigme imaginatif éminemment complexe, fortement ésotérique et initialement ambigu. Devant toute tentative d’approche, Robert Lloancy remarque que « la notion du sacré a plaisir à s’esquiver,  à se dérober, telle une goutte de vif argent sur une plaque de marbre[1] ». Le sacré ne se veut pas forcément l’antonyme du profane, il est son autre face, son continuum, et forme avec lui un de ces couples enlacés qui se donnent à voir comme des constantes universelles à la base des cultures et des civilisations les plus diverses et les plus éloignées. Ainsi, entre sacré et profane, se tissent à l’infini des rapports fort ambigus de contagion et de dialogisme dans une osmose sémantique qui ne cesse de nourrir ces deux forces élémentaires de l’imaginaire anthropologique régénérant sans cesse l’idée selon laquelle l’ordre naturel agit en continuateur de l’ordre social, le réfléchit, l’altère et le métamorphose. Aux réflexions de Roger Caillois axées sur l’ambiguïté et la polarité de la notion de sacré autour de la dualité pur/ impur ou celles de Mircea Eliade qui la font interagir avec les dimensions chronotopiques de l’existence (le temps et l’espace), s’ajoutent les thèses développées par René Girard qui relient le sacré à la violence fondatrice pour faire de cette notion protéiforme et polychrome une composante régénératrice de plusieurs modalités épistémologiques. 

Si toute écriture met en évidence la consubstantialité du fait sémiotique et poétique d’une part, et du fait religieux et spirituel de l’autre, la mise en système du sacré et du littéraire reste une source d’incessantes réflexions et interrogations. L’œuvre littéraire s’est fondée depuis sa naissance sur ces deux éléments de l’imaginaire : l’un tourné vers la création littéraire, et l’autre vers la spiritualité, le mythe et la mystique, assurant ainsi une relation avec le transcendant et le divin. L’univers de la fiction littéraire a été originairement invité à se situer par rapport au sacré. Cependant, il convient de faire le constat que la littérature a été associée dès l’origine à un travail de désacralisation du récit mythique ethno-religieux (récit sacré, récité ou dramatisé), et à sa scription (sa fixation par l’écrit) le faisant quitter de la sorte de son cadre rituel et liturgique. En effet, tandis que dans les sociétés primitives le sacré occupe chaque recoin de la vie humaine et prend sa source dans une collectivité régulée par une tradition ritualisée, l’origine dionysiaque de la comédie et de la tragédie grecques trahit cette récupération du sacré vécu par l’univers de la représentation. Les thématiques de cette dramaturgie glosent un nouveau paradigme référentiellement complexe qui préside à cette jonction inédite du sacré et du littéraire : l’individu tragique y laisse son désir faire l’épreuve de l’érotisme transgressif et de la violence sadique et sacrificielle dans l’extase et la dépossession de son moi habituel, retrouvant de la sorte une pleine souveraineté qui le désaliène des représentations du sacré en tant que synonyme d’hétéronomie.

L’avènement des religions monothéistes génère une nouvelle anthropologie religieuse opérant une détermination exacte du référent du sacré en tant que ce qui est foncièrement transcendant et infiniment grand. Les notions du mystère divin et de sacré se placent au centre du vécu de cet homo sacer devenu un homo religiosus censé s’agenouiller devant une force essentiellement invisible mais qui reste omniprésente dans son imaginaire et régule son vécu. La fiction littéraire entretient dès lors un rapport de tension avec le sacré, et la relation entre l’immanence et la transcendance constitue un point de flexion et une matière de réflexion dans l’imaginaire littéraire. A cette séparation encore timide entre le domaine de l’homme et celui de Dieu, la sécularisation moderne vient enlever le voile et crier haut la radicale autonomie de l’homme vis-à-vis de toutes les formes historiques du sacré. Bataille va jusqu’à qualifier cette période de « post-sacrée » en pensant à la réhabilitation par la littérature d’un sacré orgiaque qui n’est pas lié à la cohésion sociale mais qui consiste dans la violation jaillissante des règles de la vie. Ainsi, entre diachronie et synchronie, entre passé et présent, la littérature persiste à s’imbiber du sacré en tant que composante historique indissociable de son faisceau thématique pour interroger à l’infini plusieurs schémas anthropologiques. 

Les modalités du réinvestissement du sacré par le littéraire constituent à ce titre l’épine dorsale de ce colloque. L’espace littéraire, étant celui de l’imagination, peut-il prétendre avoir le potentiel d’agir sur l’imaginaire spirituel en tant que territoire indéterminé et périlleux ? Dans quelle mesure la littérature participe-t-elle au retour du sacré avec ses différentes modalités macrocosmiques et microcosmiques? Par retour du sacré, nous voulons mettre en avant aussi bien les tentatives de sa réhabilitation ou de sa métamorphose que celles de son dépassement ou son rejet. Telles sont les questions à soulever autour du réinvestissement du sacré par le poétique et le littéraire. Il s’agit de mettre en exergue les différentes formes que peut prendre cette expérience du dialogue entre littérature et sacré, ce rapprochement de type asymptotique qui rend cette notion infiniment inatteignable.

Le colloque se propose donc d’interroger, à travers des questionnements appuyés par un effort interprétatif bien fondé, l’imagerie et les modalités scripturales où s’expriment les différentes configurations du sacré, les liaisons qui se tissent au sein des espaces d’agrément esthétique entre le sacré et les agitations grouillantes et par moments chaotiques auxquelles le monde est soumis. Le spectre du colloque s’élargira par une réflexion sur les retentissements textuels des philosophies rituelles et des processus métaphysiques et rationnels qui gèrent la parenté entre le sacré et le profane d’une part, et le sacré et la violence de l’autre. Il n’en demeure pas moins important de réserver une part de l’attention à l’expérience de l’espace et du temps sacrés et aux métamorphoses qu’elle prétend introduire dans la réalité empirique au nom d’un parti pris contre la désacralisation que le monde a subie suite à l’hégémonie du rationnel. Les propositions de communications pourront aussi bien s’intéresser à des aspects inédits à même d’apporter un regard neuf sur la question de recherche qu’enrichir la réflexion par une ouverture sur les axes non exhaustifs définis ci-après : 

-         Le sacré à l’épreuve de l’imaginaire littéraire
-         Le sacré et l’expérience de l’intériorité
-         Le sacré et la nostalgie des origines
-         Le temps et l’espace en relation avec le sacré en littérature
-         Sacré, violence et sacrifice

Les propositions de communications sont à envoyer avant le 16 mai 2022, aux adresses suivante:

jalal_our@hotmail.fr

senihjimeryem@gmail.com

Comité d’organisation

Pr. Abdelmounïm EL AZOUZI
Pr. Hassan CHAFIK
Pr. Mohammed LAKHDAR
Pr. Jalal OURYA
Pr. Amal BOUCHELTA
Mme Meryeme SNIHJI (Doctorante)
M. Jaouad MHIRECH (Doctorant)

Comité scientifique

Pr. Abdelmounïm EL AZOUZI
Pr. Hassan CHAFIK
Pr. Abdelghani EL HIMANI
Pr. Zohra LHIOUI
Pr. Mohammed LAKHDAR
Pr. Jalal OURYA
Pr. Amal BOUCHELTA
Pr. Mohamed ZAHIR
Pr. Mohamed SEMLALI
Pr. Jaouad BOUMAAJOUNE
Pr. Jamal ZAMRANI

                                                                            Fiche de participation au colloque international

                                                                                   « Littérature et retour du sacré »

                                                                                     15 et 16 juin 2022 (A distance)

 

Nom et prénom :……………………………………………………………………………….

Qualité :………………………………………………………………………………………..

Institution :…………………………………………………………………………………….

Adresse :……………………………………………………………………………………….

Téléphone :………………………………….. E-mail :………………………………….

Titre et résumé de la communication :………………………………………………………

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[1]Robert Lloancy, La Notion de sacré, L’Harmattan, Paris, 2008, p. 11.