ARTS-DANSE-THÉÂTRE-MUSIQUE-CINEMA
Sorbonne Nouvelle, IRET/ Labo SeFeA et UFR Arts et médias
En partenariat avec l’Université Bordeaux Montaigne
l’Université des Antilles,
et la collaboration internationale de l’Université de Louisiane
Rencontres scientifiques
Esthétique(s) jazz : la scène et les images
9e édition
Les surprises du jazz
Au Lavoir Moderne Parisien
Les 18 et 19 novembre 2022
Franchement, à chaque fois qu’un des gars de l’orchestre se lève pour aller jusqu’au micro de soliste, c’est toujours passionnant pour moi, car on ne peut jamais savoir ce qu’il va nous sortir avant de l’entendre[1]. Count Basie
L’imprévisibilité est partie prenante de l’esprit jazz, de cette énergie de salut qui le caractérise. Ne jamais être où on vous attend, donner rendez-vous ailleurs, créer la surprise, provoquer l’inattendu pour mieux s’échapper, fausser compagnie et renaître toujours ailleurs. La surprise est consubstantielle des esthétiques jazz au plan musical, mais aussi plastique, cinématographique, chorégraphique, dramaturgique et scénique. Ces surprises du jazz qui travaillent tout particulièrement le rythme, et se retrouvent également dans toutes sortes d’inventions jazzistiques issues du hasard ou de la providence, voilà le cœur de notre réflexion pour cette 9e édition des rencontres. Les surprises du jazz sont multiples et relèvent de de mille aventures artistiques et anecdotes créatives... qui impliquent musiciens, comédiens, auteurs, danseurs, cinéastes… sur lesquelles nous souhaitons mettre un coup de projecteur… ou de cymbale !
Quelques pistes à explorer :
Surprise et improvisation :
On pourrait tout d’abord réfléchir à la place de la surprise dans les performances de jazz, en particulier au lien particulier et en un sens paradoxal qu’il peut y avoir avec l’improvisation. La surprise est liée à ce qui n’est pas programmé, à ce qui n’est pas écrit, et l’improvisation peut se définir comme une ouverture à la possibilité de la surprise. On pense à Ella Fitzgerald improvisant « The Cricket song » sur les cigales de la pinède d’Antibes… ou à Erroll Garner improvisant chaque morceau en fonction de là où son doigt se pose, surprenant chaque fois ses accompagnateurs…ou encore au fameux concert Keith Jarrett à Cologne, où il surprend le public en reprenant les notes du jingle de la sonnerie d’appel de l’opéra, et construit tout son concert sur cette surprise qui devient programmatique. Mais en même temps, la surprise est attendue : la re-prise d’un standard ne porte-t-elle pas en elle l’attente de la sur-prise, d’une version surprenante ? La surprise est donc ce qui surgit et surprend, tout en étant attendu. Ce paradoxe pourrait être une piste d’exploration.
La jazzité comme esthétique de la surprise
La surprise est une notion esthétique que l’on retrouve dans de nombreuses formes artistiques. La création artistique moderne ne vise pas à reproduire, mais à inventer du nouveau et nombre d’artistes cherchent à surprendre les spectateurs / auditeurs / lecteurs. Quel est le lien particulier à la surprise pour les créations contemporaines (théâtrales, cinématographiques, plastiques et littéraires) qui se revendiquent d’une esthétique jazz ?
Surprises, anecdotes et histoire du jazz
L’histoire du jazz est pleine d’anecdotes de faits surprenants concernant les artistes, les concerts, les enregistrements et les tournées : Dizzy Gillespie se lançant dans la création du bebop après avoir été viré de l’orchestre de Cab Calloway pour une boulette de papier… Chick Corea rejoint sur scène par Yaron Herman, un spectateur du concert pour une jam inattendue et finalement sortie en album… Duke Ellington relançant la carrière de son orchestre en 1956 à Newport après un solo inattendu de 27 chorus de Paul Gonsalves… ou encore le trompettiste Jack Purvis réapparaissant 15 ans après avoir été déclaré mort…
Il ne s’agira pas de collectionner ces anecdotes, mais d’interroger le lien entre l’anecdote et la surprise, et entre ces anecdotes et l’histoire du jazz. Celles-ci ne servent-elles pas en effet à écrire une histoire non académique du jazz, pour une musique qui l’a longtemps si peu été ? De ce point de vue, en observant le type des surprises qui entrent dans la mémoire, il serait intéressant de réfléchir à ce que ces anecdotes de surprises racontent sur le jazz et de voir quelle histoire particulière du jazz elles écrivent.
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Ces rencontres transdisciplinaires s’adressent aux universitaires, aux artistes, comme aux amateurs et critiques. Les propositions de contribution peuvent prendre la forme de communications scientifiques de 15 minutes, mais aussi de performances artistiques ou de témoignages. Elles doivent être transmises en fichier word sous la forme d’un résumé de 1000 signes maximum complété par une bio-bibliographie de 600 signes environ,
avant le 1er juillet 2022 à sylvie.chalaye@sorbonne-nouvelle.fr & pierre.letessier@sorbonne-nouvelle.fr
[1] Count Basie in Albert Murray Good Morning Mr Blues, traduction Jacques B. Hesse et Jean-François Kresser, Paris, 1988 Filipacchi p.408.