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Dossier « Charles Péguy » de la Revue Droit & Littérature (n°7)

Dossier « Charles Péguy » de la Revue Droit & Littérature (n°7)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Judith Sarfati Lanter)

Péguy par-ci, Péguy par-là. Depuis un certain temps déjà, Péguy est mis, à la légère, en politique. La Revue Droit et Littérature voudrait le mettre, sérieusement, au cœur du dossier de son septième numéro.

 Charles Péguy n’entretenait aucun lien particulier avec le monde du droit. Il n’a pas reçu de formation juridique et ne semble pas fréquenter de juristes. Même ses attaques contre le « parti intellectuel » ne les ont pas ciblés. Les historiens et les sociologues, ceux de la Sorbonne, tous ceux qui ont chuté de la mystique dreyfusienne à la « situation » ont été critiqués, mais les universitaires juristes épargnés. Péguy ne s’est pas immédiatement intéressé au vaste domaine du droit. Bien sûr, l’Affaire Dreyfus l’y plonge, mais cela ne suffit pas à le transformer en spécialiste des affaires juridiques.

N’y a-t-il donc rien chez Péguy pour le mouvement Droit et Littérature ? Tout porte à en douter. Des thèmes de son œuvre à son style, tout peut nourrir la réflexion de ceux qui participeront au dossier. L’Affaire, donc, mais également la Loi de 1905, la délation aux Droits de l’Homme, la démocratie, la famille, la filiation, la paternité, la République, sa méfiance à l’endroit de l’égalité, sa faveur pour la fraternité, son mépris de la Sorbonne, la modernité et l’antimodernité, le Péguy socialiste, le Péguy individualiste, le Péguy paysan, le Péguy contre la politique, le Péguy pour la mystique. Dans sa thèse, Alexandre de Vitry explique que « Péguy fait de la cité la seule forme collective où l’individu peut trouver sa place de façon libre et pleine, tandis qu’ailleurs, elle a au contraire tendance à désigner une forme collective où l’individu se résorbe dans un tout social qui lui est absolument supérieur » (A. de Vitry, Conspirations d’un solitaire – L’individualisme civique de Charles Péguy, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Essais », 2015 p. 45 p. 45). Il y a chez Péguy un questionnement constant à propos des formes civiques qui peut intéresser les juristes.

Y a-t-il alors dans toutes les fameuses contradictions de l’auteur de Notre jeunesse, du Péguy pour les juristes, du Péguy pour la pensée du droit ? Bruno Latour a pu remarquer qu’il avait « contre lui d’avoir été beaucoup trop lu politiquement, religieusement, poétiquement mais jamais philosophiquement » (B. Latour, « Nous sommes des vaincus », in (dir. C. Riquier) Les Cahiers du Cerf Charles Péguy, Les Éditions du Cerf, 2014, p. 12). Pourrait-il avoir, pour lui, d’être lu juridiquement, grâce à une lecture « déshabituée » (ibid).

Les contributions qui devront tenir en 50.000 caractères espaces compris, devront être envoyées aux adresses suivantes avant le 15 novembre 2022 :

rdl@lextenso.fr
nicolas.dissaux@univ-lille.fr
yves-edouard.le-bos@sorbonne-nouvelle.fr