L’objet de ce livre, issu d’un colloque tenu à Cerisy en 2018, est d’interroger les conditions de la création sous la contrainte de célébrité. Dans le cas de Goethe, cette célébrité fut rapidement un mythe européen. Comment continuer à écrire dans ces conditions ?
Le nom de Goethe est célèbre et on mesure son importance, mais sans le lire vraiment. L’œuvre se présente au lecteur comme un cosmos inaccessible. L’observateur perspicace de son temps fut aussi résolument étranger à son époque et fut constamment perçu comme parfaitement inactuel. Il faut d’abord pénétrer, au moyen d’une lecture insistante, dans le monde de ses œuvres et dans leur idiosyncrasie pour découvrir leur actualité. L’œuvre de l’âge mûr – le Divan occidental-oriental, les Années de voyage de Wilhelm Meister et le Second Faust. – occupe ici une place centrale: Goethe retourne cette créativité contre ses propres œuvres et leur confère une dimension réflexive. Comment Goethe a-t-il pu échapper à son propre classicisme? Comment, ayant édifié sa propre statue, parvient-il à y échapper, à se réinventer devenant peut-être un «second auteur» à l’ombre du premier ?
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Denis Thouard, Directeur de recherche au CNRS, Centre Georg Simmel, EHESS Paris. Et toute langue est étrangère (Paris, 2016), Pourquoi ce poète? Le Celan des philosophes (Paris, 2016).
Christoph König, professeur à l’université d’Osnabrück en littérature allemande.
Hofmannsthal (Göttingen, 2001), O komm und geh. Skeptische Lektüre der Sonette an Orpheus von Rilke (Göttingen, 2014).
Éd avec D. Thouard, La philologie au présent. Pour Jean Bollack (Villeneuve-d’Ascq, 2010).