Gérard Philipe & le devenir d'un mythe (Colloque organisé pour le centenaire de la naissance de Gérard Philipe)
Gérard Philipe et le devenir d’un mythe
- réception, patrimonialisation, recréation –
les 2 et 3 décembre 2022, à Cergy et Paris
Star (même si lui-même s’est toujours refusé au star-système), tête d’affiche (au cinéma, car au théâtre son nom est toujours apparu en petit et dans l’ordre alphabétique des comédiens, selon la règle voulue par Vilar), Gérard Philipe a marqué profondément son époque et a laissé une aura si brillante qu’on pouvait la penser indélébile ; mais que reste-t-il d’une célébrité incontournable du théâtre et du cinéma français, cent ans après sa naissance ?
Gérard Philipe, né le 4 décembre 1922, est mort à 36 ans, enterré dans son costume de théâtre du Cid, fixé pour l’éternité dans son rôle de jeune premier. Comédien et acteur célèbre dans le monde entier, il est également associé avec Jean Vilar aux débuts du TNP et du festival d’Avignon, et au projet d’un véritable théâtre populaire, d’une culture « élitaire pour tous ».
Avec son épouse Anne, il possédait une résidence à Cergy, où il travaille à l’écriture du scénario de Till l’espiègle et où elle rédige son récit de voyage Caravanes d’Asie. Ils y accueillent régulièrement leurs amis artistes : Georges Perros, René Clair, Henri Pichette, Vercors, Jean Vilar, Agnès Varda…
C’est aujourd’hui propriété de la municipalité, objet d’un projet de restauration d’envergure. Elle bénéficie d’une double labellisation de la part de la Fondation du patrimoine et du Conseil Régional d’Ile-de-France. La maison et le parc vont être remis en état et devenir un site dédié à la création artistique, aux rencontres et échanges, comme le sont déjà d’autres maisons d’artistes en France.
Cela fait doublement sens de proposer, à l’occasion du centenaire de sa naissance, une manifestation scientifique organisée à Cergy-Pontoise, dans un lieu qu’il a fréquenté, et au sein de l’UMR "Héritages : culture/, patrimoine/s, création/s", pour interroger le devenir du véritable mythe qui s’est créé autour de lui.
Nous nous intéresserons prioritairement à la postérité de l’artiste.
Le processus de patrimonialisation en a-t-il fait une figure indémodable ? Que retient l’époque contemporaine de son art de la scène, de ses lectures pour la jeunesse, de ses choix d’œuvres à interpréter, adapter, revisiter ? Et que nous apprennent les historiens du théâtre sur cet artiste, indépendamment du mythe ? Comment conserver sa trace, la transmettre, voire la revisiter et la transfigurer ? Son engagement social en faveur de la transmission d’une culture élitaire pour tous signe-t-il une conception surannée de l’art et de sa médiation ? Comment dès lors concevoir un projet de restauration, vivifier la mémoire du public et penser l’accueil des élèves, étudiants et artistes ? Quels sens la création contemporaine, les productions littéraires et documentaires, les activités artistiques et éducatives peuvent-elles à présent lui donner ?
Nous souhaitons ainsi orienter notre réflexion autour des axes suivants :
1. La réception contemporaine, en France et à l’étranger, de cette œuvre multiforme. Quelles traces a-t-on de cette réception ? Peut-on toujours parler d’icône ou de vedette ? Que dit-on aujourd’hui de son jeu d’acteur, de ses choix d’interprétation au cinéma et au théâtre ? Y compris par les articles et témoignages de son très grand succès, comment Gérard Philipe a-t-il marqué, influencé les comédiens de sa génération et de la suivante ? Comment le mythe perdure-t-il ou se renouvelle-t-il aujourd’hui, grâce à quelles productions littéraires, journalistiques, muséographiques ? Les traces qu’il a laissées dans la mémoire collective ont-elles une résonance dans les créations et interprétations d’aujourd’hui ? Comment les jeunes générations peuvent-elles aujourd’hui s’emparer du mythe Gérard Philipe ?
2. Processus et effets de la patrimonialisation. Comment décider de « l’intérêt patrimonial » pérenne d’un lieu et d’un artiste ? Non seulement sa mort prématurée, mais également les contextes politique, idéologique et culturel ont-ils joué un rôle dans la constitution du mythe Gérard Philipe ? Comment appréhende-t-on aujourd’hui son engagement politique et syndicaliste ? Est-il aujourd’hui compatible avec le star-système ? Retient-on en particulier la leçon sociale de Gérard Philipe ? Les éléments biographiques font-ils l’objet d’un nouvel intérêt ? Quel rôle accorde-t-on à Anne Philipe dans la constitution du mythe ? Et quel pourrait être celui de la communauté des artistes accueillis à Cergy ? Comment mener un projet de restauration qui tienne compte de ces paramètres ?
3. Les prolongements à inventer. Que peut-on attendre de la restauration de sa maison de Cergy, par rapport à d’autres lieux de résidence ou de commémoration d’artistes ? Comment revivifier la mémoire d’une époque en faisant connaitre non seulement ses films, mais aussi les nombreux enregistrements sonores alors réalisés et souvent méconnus ? Et plus largement, que faire de l’archive en production contemporaine ? Pense-t-on conservation ou mise en circulation, voire re-création ? Comment réactiver ses gestes d’artiste engagé, en particulier en recherche-création ?
Bibliographie
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VILAR, Jean, Notes de service, Actes Sud-Papiers, 2014
Comité scientifique (en cours de constitution)
Brodziak, Sylvie, professeure, CY Cergy Paris Université
Chénetier-Alev, Marion, maîtresse de conférences, ENS
Delamotte, Régine, professeure émérite, Université de Rouen-Normandie
Gros de Gasquet, Julia, maîtresse de conférences HDR, Université Sorbonne Nouvelle
Houdart-Merot, Violaine, professeure émérite, CY Cergy Paris Université
Lescure, Jean-Claude, professeur, CY Cergy Paris Université
Mervant-Roux, Marie-Madeleine, directrice de recherche émérite, CNRS
Petitjean, Anne-Marie, maîtresse de conférences HDR, CY Cergy Paris Université
Pillard, Thomas, maître de conférences, Université Sorbonne Nouvelle
Schneider, Anne, maîtresse de conférence, Université de Caen-Normandie
Organisateurs
Violaine Houdart-Merot ; Jean-Claude Lescure ; Anne-Marie Petitjean
CY Cergy Paris Université, UMR 9022 « Héritages : Culture/s, Patrimoine/s, Création/s » (CNRS-CY-Ministère de la culture).
Les propositions de communication sont à envoyer avant le 30/05/2022 aux 3 adresses suivantes : violaine.houdart-merot@cyu.fr ; anne-marie.petitjean@cyu.fr ; jean-claude.lescure@cyu.fr. Elles comporteront une proposition de titre, une présentation de 1000 signes, avec indication de l’axe choisi, quatre mots-clés, ainsi qu’une brève notice bio-bibliographique.