
Le manuscrit est en allemand. La préface, l’introduction et la présentation sont traduites en français.
Tous nos remerciements à : Nicolas Ducimetière et Jacques Berchtold ; Philippe Mellot ; Marc Meier-Maletz ; Jean-Paul Sermain.
« La plupart de ces contes comportent des enchantements et des merveilles, et, si ce genre ne représente qu’environ un tiers du total dans l’édition définitive (1857), il a la faveur du public. Ce premier manuscrit nous montre déjà que les frères Grimm ont une conception plus large du Märchen puisqu’ils rapprochent ces contes merveilleux des contes de fées français dans un éventail où se suivent les histoires avec des héros animaux, d’autres mettant au centre des plantes ou des objets, tour à tour parabole ou fable, au ton comique ou plus sérieux, mais toujours peuplées d’aventures mouvementées. » Jean-Paul Sermain.
La Belle au Bois dormant, Blanche-neige, Le Roi Grenouille… Plongez dans l’univers féérique des Contes de Grimm qui ont bercé notre enfance.
Deux cents ans à peine nous séparent des Contes de Grimm, recueillis et retranscrits par les frères Jacob et Wilhelm Grimm en 1810, et édités pour la première fois en 1812. Ces contes qui nous paraissent si familiers, sont à la fois proches et lointains ; synonymes de l’enfance effrayée et émerveillée par les histoires incroyables entendues le soir, avant le coucher ; et riches de sous-textes et symboles plutôt destinés à un public d’adultes.
Ce premier manuscrit des Contes de Grimm, à l’intérieur duquel plusieurs écritures se mêlent, est un joyau, rescapé du temps, mais aussi des versions successives qui transformèrent les contes pour les adapter à un jeune public. Car près de 50 années vont séparer ce document de la dernière version éditée par les frères Grimm !
« Ce manuscrit des Contes de Grimm est une aurore : écrit en 1810, il prépare et annonce les lumières éclatantes de l’œuvre qui allait encore demander 47 ans pour prendre sa forme définitive. » (Jean-Paul Sermain)
Les Contes de Grimm : un best-seller mondial
Doués pour les études, Jacob et Wilhelm Grimm entrent à l’université de Marburg en 1802. Un de leurs professeurs, qui aura son importance dans la suite de l’histoire, un certain Savigny, les oriente vers l’histoire du droit, de l’Allemagne, de sa langue et de sa littérature. En 1808, Jacob devient même le bibliothécaire à Kassel de Jérôme Bonaparte, installé sur le trône par son frère. Et par l’intermédiaire de Savigny, les frères Grimm entrent en contact avec Clemens Brentano et Achim von Arnim, deux célèbres écrivains en quête de textes pour compléter leur recueil, Des Knaben Wunderhorn (Le Cor enchanté de l’enfant).
Trois ans plus tard, le 25 octobre 1810, les Grimm envoient le fruit de leur collecte – en grande partie effectuée auprès de proches, souvent descendants de familles huguenotes de la région de la Hesse en Allemagne du centre – dont Dorothea Viehmann : le manuscrit que le lecteur tient aujourd’hui entre ses mains. Il s’agit donc de la plus ancienne version manuscrite des Kinder- und Hausmärchen (Contes de l'enfance et du foyer), car les frères Grimm ont résolument détruit les autres manuscrits, probablement pour empêcher une comparaison entre les manuscrits et la version imprimée à venir. Car si le projet Brentano-von Arnim ne voit pas le jour, les frères Grimm poursuivent le travail en cours. La première édition paraît donc en 1812, grâce à une copie de travail (également détruite).
De son côté, Clemens Brentano conserve le manuscrit ici reproduit, version des origines, non expurgée, différente de la première édition, sans l’utiliser : ce document fait ainsi partie des archives laissées à sa mort en 1842 à l’abbé Ephrem Van der Meulen, qui le lègue en 1884 au couvent des Trappistes d’Oelenberg en Alsace. Il est mis en vente au siècle suivant et passera entre plusieurs mains avant de parvenir à la Fondation Martin Bodmer. Le manuscrit des Contes de Grimm est conservé à la Fondation Martin Bodmer. Il a été acquis en 1953 auprès de Mary A. Benjamin, spécialiste américaine de grande renommée et parfois simplement surnommée « The Autograph Lady ». Depuis sa création en 1971, la Fondation Martin Bodmer est un lieu incontournable pour les passionnés de littérature et de bibliophilie.
Le succès des frères Grimm n’est pas immédiat : le cheminement littéraire et narratif est encore long, et c’est d’ailleurs surtout Wilhelm qui « multiplie les expressions familières, les ritournelles versifiées, il recourt de plus en plus à la triplication des épisodes et des termes. Les contes de Grimm adoptent une syntaxe facile, avec des propositions brèves juxtaposées ou reliées par une simple conjonction (…). Les Grimm renouent ainsi avec ce qu’ont réalisé La Fontaine, Perrault et Galland dans la France de Louis XIV, mais leur idéal de simplicité et de naturel était celui de la bonne société et des écrivains de leur temps. » (voir préface de Jean-Paul Sermain).
Wilhelm et Jacob Grimm, linguistes, philologues et auteurs désormais entrés dans la légende, mettront le point final à leur recueil en 1857.
Parmi une longue liste, riche de 45 contes et une légende – 25 contes sont de la main de Jacob, 14 de celle de Wilhelm, et 7 sont attribués à 4 autres auteurs –, le lecteur sera ébloui de trouver des personnages et des univers familiers : ceux de La Belle au Bois dormant, de Blanche-Neige, du Roi Grenouille ou encore de Nain Tracassin (en anglais, plus connu : Rumpelstiltskin)… Il pourra également déchiffrer, en différents endroits du manuscrit, des inscriptions en français, reliant directement le travail des frères Grimm à celui de Charles Perrault (Le Petit Poucet, Les Fées), plus d’un siècle avant eux…
Dans cette édition, les lignes manuscrites des frères Grimm dialoguent avec les illustrations iconiques d’Arthur Rackham.