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Violence(s) chez Marguerite Duras / Violence(s) in Marguerite Duras (extension de l'appel au 15 février 2022)

Violence(s) chez Marguerite Duras / Violence(s) in Marguerite Duras (extension de l'appel au 15 février 2022)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Olivier Ammour-Mayeur)

Violence(s) chez Marguerite Duras

De la représentation des violences familiales (La Vie Tranquille (1944), Un barrage contre le Pacifique (1950), Dix heures et demi du soir en été, L’Amant (1984)) aux faits divers qui ont nourri son écriture (« Nadine d’Orange », « Sublime, forcément Sublime, Christine V. » (1985)), en passant par la question éthique de la violence de certains de ses textes : Abahn Sabana David (1970), La Douleur (1985), dans lesquels la question de la torture est interrogée à travers le prisme de la fiction ; ou même certaines formes de violence institutionnalisées (politiques) mises à la question : « Les fleurs de l’arabe » (1957), « Racisme à Paris » (1958), Hiroshima mon amour (1959) qui pointent chacun à leur façon la question du racisme latent des pays Occidentaux – et de la France en particulier –, Marguerite Duras n’a cessé de mettre en scène et d’interroger tous les aspects de la violence qui existent et sapent l’esprit d’un certain « vivre ensemble ». Ce n’est ainsi pas pour rien si la vieille femme du Camion (1977) répète, au long de son dialogue avec le camionneur, « que le monde aille à sa perte, c’est la seule solution ». 

Dans une même perspective, comment prend corps la violence non verbale dans l’écriture durassienne ? Ainsi, comment analyser les silences et refus mutiques qu’opposent les enfants et adolescents à la parole adulte ; qu’il s’agisse de l’enfant de Moderato Cantabile (1958), d’Ernesto de Ah ! Ernesto (1971) et Les Enfants (1985), ou encore Nathalie dans Nathalie Granger (1972), pour ne citer que quelques exemples. 

On ne peut oublier, par ailleurs, la part érotique que Duras a parfois conférée à la violence sexuelle au sein du couple (Moderato Cantabile, L’homme assis dans le couloir (1980), La Maladie de la mort (1982), La Pute de la côte normande (1986)) qui a non moins nourri sa pratique créatrice. Parfois au désarroi des mouvements féministes qui y voyaient une forme d’apologie des violences sexistes et genrées.

La poétique durassienne (récit/théâtre/cinéma) pose, de même, les questions suivantes : Faut-il nécessairement être violent pour repenser les utopies politiques, repenser et réinventer la société ? De même, quelle place prend le lien esthétique/poétique dans cet ensemble ? La violence de l’écrit peut rendre solitaire, isoler mais aussi mettre à nu, dévoiler la violence de cet écrit impossible qui permet de sonder l’indicible, mais peut mener à la folie. 

Et dans une même lignée, quel est le rôle de l’artiste dans cette façon de faire violence au texte et à l’image ? Duras ayant travaillé à la destruction des codes et des genres. Du fait même que l’esthétique se trouve ainsi au cœur du projet durassien, ce colloque n’entend donc pas traiter la violence du seul point de vue « thématique », mais bien aussi poétique, stylistique et esthétique.

Cependant, l’œuvre protéiforme et aux ambivalences non négligeables de Duras n’est rien moins que simpliste lorsque l’on aborde ces questions depuis ses textes/films. Les enjeux politiques, philosophiques et éthiques s’y trouvent systématiquement relancés à nouveaux frais, même lorsque l’auteur semble revenir sur ses propres traces et réécrit un texte antérieur sous une autre forme (Les Viaducs de la Seine-et-Oise (1959), et L’Amante Anglaise (1969) en sont un des exemples les plus évidents).

Le colloque de Glasgow qui se tiendra les lundi 13 et mardi 14 juin 2022, se propose ainsi d’interroger l’ensemble de ces facettes de la violence, telles qu’elles sont représentées et interrogées dans l’œuvre de Marguerite Duras. Les approches transdisciplinaires sont les bienvenues et les études pourront porter sur toute l’œuvre : littéraire comme filmique ou scénique.

En partenariat avec la Société Internationale Marguerite Duras (SIMD)

Comité d’organisation
Ramona Fotiade (University of Glasgow)
Lucy McCormick (University of Glasgow)
Olivier Ammour-Mayeur (International Christian University - Tokyo)

Comité scientifique
Olivier Ammour-Mayeur (ICU, SIMD)
Michel David (Société des Gens de Lettres)
Stephen Forcer (U. Glasgow)
Ramona Fotiade (U. Glasgow)
Christophe Meurée (Archives & Musée de la Littérature, Bruxelles, SIMD)
Michelle Royer (U. Sydney, SIMD)
Olivier Salazar-Ferrer (U. Glasgow)
Vincent Tasselli (U. Côte d’Azur, SIMD)


Les propositions de communication, en français ou en anglais, sont à envoyer avant le 15 janvier 2022 (extension jusqu'au 15 février), à l'adresse email suivante : aolivier@icu.ac.jp

La réponse aux auteurs concernant leurs propositions aura lieu le 15 février 2022 (extension jusqu'au 10 mars).


Violence(s) in Marguerite Duras

Marguerite Duras has continually represented and explored aspects of violence which quash our sense of togetherness, whether by means of her representation of domestic violence (La Vie Tranquille (1944); Un barrage contre le Pacifique (1950); Dix heures et demi du soir en été (1960); L’Amant (1984)) or through the contemporary news items which informed her writing ("Nadine d’Orange" (1980); "Sublime, forcément Sublime, Christine V." (1985)). We also see the ethical question of violence raised in certain of her texts in which torture is addressed through the prism of fiction (Abahn Sabana David (1970), La Douleur (1985)), as well as the exploration of certain forms of institutional violence which deal, in their own ways, with the issue of latent racism in the West and in France in particular ("Les fleurs de l’arabe" (1957); "Racisme à Paris"  (1958); Hiroshima mon amour (1959)). It is not for nothing, then, that the old woman of Le Camion (1977) repeats, over and over in her dialogue with the lorry driver, ‘let the world go to ruin, it’s the only solution’

In the same vein, how does the representation of verbal violence take shape in Duras’ work? How should we analyse the silences and silent refusals with which children and teenagers respond to adult speech, whether in the case of – to cite but a few examples – the child in Moderato Cantabile (1958), Ernesto in both Ah ! Ernesto (1971) and Les Enfants (1985), or of Nathalie in Nathalie Granger (1972).

The eroticism that Duras has, at times, conferred upon sexual violence within relationships, and which has influenced her creative practice to no lesser an extent, must also not be overlooked (Moderato Cantabile, L’homme assis dans le couloir (1980), La Maladie de la mort (1982), La Pute de la côte Normande (1986)). This, of course, to the dismay of feminist movements who have seen in such representations a form of apologism for sexist and gender-based violence.

Durassian poetics, whether narrative, theatrical or cinematic, also poses the following questions: firstly, is violence necessary to the rethinking of utopian politics; to the rethinking and reinvention of society? Secondly, how is aesthetics/poetics brought into play in such a rethinking? The violence of writing can bring about loneliness; can isolate yet also reveal: the violence of such impossible writing allows the unsayable to be said, but can incite madness.

Along similar lines, and thinking of the fact that Duras worked to destroy both code and genre, what is the role of the artist when it comes to this practice of doing violence to text and image? Since aesthetics is at the very heart of the Durassian project, this conference does not propose to engage with violence solely from the ‘thematic’ perspective, but also the poetic, the stylistic and the aesthetic.

Nevertheless, Duras’ protean body of work, with its considerable ambivalence, appears nothing less than simplistic next to the treatment of these questions in her writing. Political, philosophical and ethical issues find themselves systematically re-examined anew, even when the author may seem to backtrack; to rewrite an old text in a new form (as may clearly be observed in Les Viaducs de la Seine-et-Oise (1959), et L’Amante Anglaise (1969)).

This Glasgow conference (Monday, 13th and Tuesday, 14th, June 2022) proposes, then, to interrogate the diverse faces of violence represented in the work of Marguerite Duras. Interdisciplinary approaches are welcomed, and papers may address all aspects of Duras’ work, whether literary, cinematic or theatrical.

In conjunction with the International Marguerite Duras Society (SIMD)

Organising Committee 
Ramona Fotiade (University of Glasgow)
Lucy McCormick (University of Glasgow)
Olivier Ammour-Mayeur (International Christian University)

Scientific Committee
Olivier Ammour-Mayeur (ICU, SIMD)
Michel David (Société des Gens de Lettres)
Stephen Forcer (U. Glasgow)
Ramona Fotiade (U. Glasgow)
Christophe Meurée (Archives & Musée de la Littérature, Bruxelles, SIMD)
Michelle Royer (U. Sydney, SIMD)
Olivier Salazar-Ferrer (U. Glasgow)
Vincent Tasselli (U. Côte d’Azur, SIMD)


Paper proposals to be submitted to the following email address by January, 15th, 2022:  aolivier@icu.ac.jp


Responses to proposals to be disseminated by February, 15th, 2022.