Ce 2e numéro de la revue Franges accueillera des propositions aux orientations variées, qui privilégieront les œuvres écrites par des femmes en France et dans l’espace francophone. Les contributions pourront explorer plusieurs pistes :
La représentation des femmes juives dans les œuvres
Dans la tradition juive, les femmes occupent une place singulière, que de nombreuses œuvres mettent en avant. Exclues de certains rites, elles ont toutefois un rôle essentiel dans la perpétuation de la judéité et du judaïsme puisqu’elles sont chargées de la transmission identitaire aux générations suivantes. Bien des récits interrogent cette place à la lumière des structures traditionnelles de la famille et du patriarcat, sondant le rôle de la domination (culturelle, familiale, religieuse) et les possibilités d’émancipation. Ces questions prennent d’ailleurs un autre relief dans le contexte de la colonisation et d’une judéité séfarade, comme dans Baisse les yeux, Sarah de Paule Darmon, Les Filles de Mardochée. Histoire d’une émancipation d’Annie Goldmann et Adieu Béchar de Rachel Kahn. On sait aussi que « la Juive » a incarné pendant longtemps un personnage stéréotypé qu’on trouve dans de nombreux textes, comme chez Balzac ou Proust par exemple. Ces clichés sont révélateurs de la manière dont antisémitisme et antiféminisme peuvent s’alimenter. On cherchera à voir si, à ce sujet, les œuvres des écrivaines juives de langue française produisent ou ne produisent pas des contre-stéréotypes. On sera aussi sensible aux comparaisons possibles entre les portraits de femmes juives et non juives, et d’hommes juifs et non juifs, que proposent des romancières comme, par exemple, Némirovsky ou Langfus. L’un des objectifs sera de se demander si la judéité recouvre des orientations spécifiques lorsqu’elle est mise en récit par des femmes ou chez des personnages de femme.
Discriminations
Traversé par les inégalités propres aux sociétés contemporaines, le monde juif, alors qu’il est lui-même victime de discriminations, secrète néanmoins ses propres phénomènes de domination, notamment à l’égard des femmes. Ces situations discriminatoires se répercutent dans la littérature ; elles affectent la carrière des écrivaines juives, déterminent leur image et la posture publique qu’elles sont conduites à adopter. Elles influencent aussi une réception critique souvent nourrie de stéréotypes genrés. On peut penser à Eugénie Foa au XIXe siècle, Némirovsky au XXe siècle, qui affrontent une double difficulté à trouver leur place dans un canon majoritairement non juif et masculin. Anna Langfus, en tant que femme et que survivante, a elle aussi suscité nombre de critiques stéréotypées qu’il serait pertinent d’analyser.
L’engagement
La littérature chez les écrivaines juives peut en effet se situer à l’intersection non seulement d’une double identité, mais aussi d’une double lutte. Hélène Cixous relie par exemple explicitement son combat pour les femmes à sa judéité, en particulier dans Vivre l’orange où elle prend la défense des Iraniennes et évoque « la question des juifs. La question des femmes. La question des juifemmes ». Gisèle Halimi tend, au contraire, à dissocier, notamment dans son autobiographie, Le Lait de l’oranger, sa judéité de son engagement en faveur des femmes. Cloé Korman associe pour sa part son engagement antiraciste aux discriminations subies par sa famille pendant la Deuxième Guerre mondiale.
L’écriture de la Shoah
Que ce soit à titre de premiers témoins (Hélène Berr, Anna Langfus…), d’enfants cachés ou en fuite (Régine Robin, Esther Orner, Berthe Burko Falcman, Sarah Kofman…), d’écrivaines de la deuxième, troisième ou quatrième génération (Cécile Wajsbrot, Marianne Rubinstein, Frederika Amalia Finkelstein), les femmes ont une importance capitale dans l’écriture de la Shoah. Quelle est la spécificité de leur regard et de leur parole ? Privilégient-elles, parmi les formes littéraires, le témoignage, le récit, le roman, la poésie ou le théâtre ? Et ce choix est-il différent de celui de leurs collègues masculins ?
Ces axes sont proposés à titre indicatif. Ils ne sont pas contraignants. Tout projet de contribution sera examiné en fonction de son intérêt propre.
Appel rédigé par Maxime Decout et Nelly Wolf
Les propositions d’article sont à envoyer pour le 1er mars 2022, accompagnés d’une notice biobibliographique, aux adresses suivantes : maximedecout@yahoo.fr et nelly.wolf14@gmail.com
Les textes, 30000 signes espaces compris environ, sont attendus pour le 1er septembre 2022.
Actualité
Appels à contributions
Publié le par Marc Escola (Source : Gary D Mole)