Roman très en décor, coruscant, avec ce qu’il faut de mondanités, de mièvrerie faisandée, Sapho, dompteuse (1908), bien que tardif (ou parce que tardif), et en cela représentatif de l’art de Jane de La Vaudère, semble épuiser, dans un jeu de miroir référentiel, beaucoup des motifs de la littérature fin-de-siècle, le cirque, le sang, l’orgie, les limites parfois étroites entre humanité et bestialité, les déviances, la dégénérescence… Passent alors les ombres de Jean Lorrain, de Huysmans, de Pierre Louÿs, de Zola, et même, sans doute, celles de la littérature populaire et policière, des romans de Paul Féval, d’Emile Gaboriau…
Parmi ses fauves, et quand se presse toute une galerie de personnages, amant sanguinaire, magicienne, apache meurtrier, charmeuse de serpents, filles, dandys…, Sapho s’impose aussi telle une de ces figures de l’Antiquité, de cette antiquité dans laquelle se complut la Décadence : elle est Salomé, Salammbô, Théodora, Messaline..., évoluant comme en de vivants tableaux de Gustave Moreau.
Auteur à succès, journaliste à La Presse, Jane de La Vaudère (1857-1908), écrivit d’abondance, une trentaine de romans, des recueils de vers, des pièces de théâtre., des contes. De la Décadence au Naturalisme, dont elle instruit chaque « sous-genre », son œuvre est confluence et syncrétique : occulte et fantastique (La Sorcière d’Ecbatane), érotique et passionnelle (Les Androgynes, Les Demi-sexes), exotique (Les Courtisanes de Brahma, L’Amazone du roi de Siam)...
Édition
Nouvelle parution
Publié le par Perrine Coudurier (Source : Editions du 26 octobre)