Sylvie Largeaud-Ortega, Orientalisme ou défi postcolonial ? Le cas de "L'Âme des Guerriers" d'Alan Duff.
Compte rendu publié dans Acta Fabula (mars 2022, vol. 23, n°3) : L’Âme des guerriers (1990) d’Alain Duff : un succès de scandale en Nouvelle‑Zélande par Christophe Cosker
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L’Âme des Guerriers (1990) d’Alan Duff a profondément marqué l’histoire littéraire, culturelle et socio-politique d’Aotearoa-Nouvelle-Zélande. Dépeignant les Māori comme naturellement enclins à la violence, le roman cautionne les poncifs orientalistes et abonde dans diverses formes du discours colonial telles qu’essentialisme, victim blaming et assimilationnisme. Cependant, le texte est aussi le terrain de tensions sémiotiques, entre auteur modèle et auteur liminal, entre métonymie et métaphore. L’analyse des stratégies narratives fait sourdre une dénonciation postcoloniale du rapport pouvoir-savoir, et revisite Histoire et récits fondateurs néo-zélandais. Imposant une langue de la minorité opprimée, L’Âme des Guerriers s’inscrit parmi les chefs-d’œuvre de la littérature anglophone postcoloniale.
À l’Université de Polynésie Française, Tahiti, depuis 1999, Sylvie Largeaud-Ortega (maître de conférences HDR) étudie les littératures anglophones coloniales et postcoloniales du Pacifique. Ses publications portent notamment sur la fiction des Mers du Sud de Robert Louis Stevenson, la thématique du Bounty et la littérature autochtone océanienne contemporaine.