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Profit sans faillite? Tomber pour, dans et hors de la défectuosité du bonheur // Too Big to Fail? Falling for, in, and out of the Defect of Happiness

Profit sans faillite? Tomber pour, dans et hors de la défectuosité du bonheur // Too Big to Fail? Falling for, in, and out of the Defect of Happiness

Publié le par Antoine Poisson (Source : Flora Roussel)

Appel de textes / Call for papers
Post-Scriptum no. 33, automne / Fall 2022
Dirigé par / edited by Flora Roussel

* English follows

Profit sans faillite? Tomber pour, dans et hors de la défectuosité du bonheur

Because I’m happy / Clap along if you feel like happiness is the truth / Because I’m happy / Clap along if you know what happiness is to you (Williams 2013, en ligne)

La célèbre chanson de Pharrell Williams, « Happy », a atteint le sommet des hit-parades dans de nombreux pays, diffusant des ondes positives et nous propulsant sur de petits nuages d’euphorie. Tout laisse à croire que le bonheur résiderait dans le fait d’être satisfait·e de ce que l’on a, et dans l’acte de penser, un sourire au visage, de manière positive. Si Williams aborde ici moins la quête du bonheur que le bonheur en tant qu’état d’esprit, il rend compte, par la musique, d’une longue tradition qui considère le bonheur comme le but de la vie.

Le bonheur en tant que concept, voire pratique, a été le feu autour duquel se sont développées des philosophies, des religions, des cultures, des coutumes, des rituels. La notion d’eudaimonia, dont Aristote traite dans son Éthique à Nicomaque (2014 [IVe siècle av. J.-C.], 1095a15-25), la réflexion d’Al-Ghazālī sur la sa’āda dans L’Alchimie du bonheur (1964 [XIIe siècle], en particulier les chapitres I et VIII), et certaines branches de l’éthique utilitariste (très diverse en soi), notamment avec Enquête sur les principes de la morale (1751) de Hume, sont trois exemples parmi une longue liste de penseur·se·s qui analysent et définissent ce que le bonheur est et prescrivent ce qu’il doit être. De nombreuses études portent également sur les représentations et les expressions du bonheur dans des médias aussi éclectiques que possible, comme les romans ou les films. Pour Piyush Gotise et Bal Krishna Upadhyay, l’ancien roman indien Hitopadeśa développe ainsi un modèle en six étapes dans la poursuite du sukha (2018, 867-873). On pourrait aussi voir dans Le bonheur (1965), film d’Agnès Varda, une critique féministe du mariage et de la vie de famille comme les clés du bonheur pour les femmes. Le film illustre comment, dans les sociétés patriarcales, seul le bonheur masculin prévaut, ce qu’Émilie, maîtresse de François, confirme en déclarant : « C’est toi, mon bonheur. Toi et ta vie » (Varda 2007 [1965], 01:13:47).

La conception du bonheur diffère donc largement selon la perspective depuis laquelle il est pensé. On remarque cependant trois tendances. Selon la première, le bonheur serait un affect qui engloberait et, par là-même, effacerait toute autre émotion, telle que la joie ou le sentiment de quiétude. Ce processus d’effacement révèle une stratégie d’homogénéisation des affects. Au sujet de la deuxième tendance, Edgar Cabanas et Eva Illouz affirment que le bonheur est désormais une source de marketing et de capital, comme en témoigne la multiplication des livres ou des thérapies sur le « bien-être » (2018, 22). On nous incite à acheter un bonheur supposément accessible. Enfin, le bonheur est exigé de chacun·e (Ibid., 17). Cette troisième tendance, celle de la responsabilisation, allie bien-être et succès individuels. Ces trois points font montre de l’influence du capitalisme néolibéral dans le façonnement du bonheur, cet affect régnant en roi sur notre société ainsi devenue « happycrat[ique] » (Ibid., 23-24).

Il serait pourtant trop facile d’enfermer le bonheur dans cette vision étroite, ce que de nombreuses voix critiques ont démontré. On peut penser à The Promise of Happiness de Sara Ahmed, dans lequel l’autrice développe la notion de « dystopies du bonheur », ces dystopies qui condamnent toute alternative affective (2010, 163; nous traduisons). Cette condamnation est éminemment politique. En abordant l’aliénation des corps racisés, Ahmed explique ainsi l’exclusion du « malheur des histoires coloniales » par l’imposition de « l’intégration [...] [prônée comme] un idéal national, une façon d’imaginer le bonheur national » (2010, 158; nous traduisons). Dans The Queer Art of Failure, Jack Halberstam critique adroitement l’hétéronormativité capitaliste en proposant une alternative : celle de considérer l’échec comme un art queer, c’est-à-dire un art qui se concentre sur la négation, l’oubli, la stupidité (2011, 25) et « s’intéresse à l’impossible, l’improbable, l’invraisemblable et le quelconque » (2011, 88; nous traduisons).

En littérature, en musique et dans les autres formes d’art, la critique se fait tout autant entendre. De plus en plus d’artistes perturbent la normativité des intrigues et des rebondissements basés sur un happy end utopique et illusoire, révélant ainsi comment le bonheur a été – et est toujours – défini comme hétérosexuel, cisgenré, validiste, blanc et masculin. Les utopies critiques (Moylan 2014) et les dystopies féministes critiques (Dillon 2020) insistent sur l’échec du système du bonheur à être inclusif ainsi que sur la relationnalité des formes dystopiques de bonheur. Ailleurs, au-delà des conceptions courantes de la fiction spéculative, l’afrofuturisme permet de « véritables récits sur l’identité, la technologie et le futur » qui « reflètent l’expérience de la diaspora africaine » (Nelson 2002, 9; nous traduisons). Multimodal, l’afrofuturisme riposte contre les visions racistes et sexistes du bonheur, ce que la chanteuse, actrice et productrice Janelle Monáe explore notamment dans son album conceptuel Dirty Computer qui est accompagné d’une « emotion picture », un court-métrage (2018, en ligne).

En développant de telles critiques, ce numéro de Post-Scriptum souhaite aborder la « défectuosité » du bonheur. Cette « défectuosité » doit être ici comprise comme une stratégie de notre société capitaliste, néolibérale, patriarcale et impérialiste, cette société qui fait des personnes l’habitant de simples écrous et boulons qui aident à maintenir ce système en état de marche en faisant partie de ce même système. La « défectuosité » révèle le paradoxe inhérent au bonheur sur lequel Lauren Berlant s’est brillamment penché·e dans Cruel Optimism. La cruauté de l’optimisme réside dans le fait que les sujets sont attachés à des objets de désir, même si ces objets menacent leur bonheur : cet attachement illustre le mythe de la « bonne vie » (2011, 24). Le terme « défectuosité » symbolise ce paradoxe : le bonheur lui-même est défectueux, car il relève autant de l’idéal que de l’illusion. Le terme « système », quant à lui, révèle le rôle du pouvoir dans la prise en compte des affects, des rêves, des résistances. On peut penser à la critique de Judith Butler au sujet de la conceptualisation de la « bonne vie » : cette vie est en effet construite socialement et ne laisse aucun espace pour vivre sa propre vie « de manière délibérée ou instinctive », car, pour Butler, la « bonne vie » reste une question de contraintes politiques liées à notre statut dans la société (2012, en ligne; nous traduisons). Le bonheur peut devenir un lieu de violence où des rencontres – négatives, positives, ambivalentes – peuvent se produire.

À la lumière de ces éléments de réflexion, ce numéro de Post-Scriptum s’intéresse au bonheur en tant que système de pouvoir, lieu de violence, forme de résistance, entre autres. Les propositions peuvent porter sur les sujets suivants (sans devoir s’y limiter) :

●       Bonheur et narration :
Qui peut raconter l’histoire, qui ne le peut pas? Comment cela produit-il un type d’imaginaire spécifique sur le bonheur? Quels privilèges ou non-privilèges les arts détiennent-ils lorsqu’ils représentent le bonheur? L’utopie a-t-elle encore un avenir au regard d’une vision aussi étroite du bonheur?
●       Bonheur et espoir :
De quelles manières le bonheur et l’espoir peuvent-ils fonctionner ensemble ou être incompatibles? Comment l’espoir de réconciliation, notamment du point de vue des communautés et peuples autochtones, peut-il devenir le bonheur de la réconciliation ou se transformer en l’illusion d’une réconciliation heureuse?
●       Bonheur et autres affects :
Comment d’autres types d’émotions (tels que, par exemple, la joie, la quiétude) sont-ils confondus avec le bonheur? Peut-on considérer cela comme un effacement et si oui, que révèle cet effacement? Quels rapports de pouvoir existent entre le bonheur et les autres affects? Comment résister à cette confusion/cet effacement?
●       Bonheur et violence :
Quelles formes de bonheur ont-elles été imposées aux corps non-normatifs, tels que ceux des personnes queers, des personnes racisées, des femmes? Quel est le lien de cette imposition avec le mythe de la « famille »? Quelles voies ces personnes peuvent-elles emprunter pour surmonter la violence d’un bonheur normatif, d’un système heureux?

Nous encourageons les propositions d’étudiant·e·s de tous les cycles, de doctorant·e·s ainsi que de chercheur·e·s diplômé·e·s et de professeur·e·s, qu’iels soient en recherche ou en recherche-création. Nous acceptons les propositions d’articles en français et en anglais.
Les personnes qui souhaitent soumettre un article pour ce numéro de Post-Scriptum doivent envoyer deux documents : une proposition d’article anonyme (300 mots) et une courte notice biobibliographique (200 mots) qui contient le titre de la proposition d’article. Ces documents sont à envoyer à : redaction@post-scriptum.org pour le 15 janvier 2022.
Il n’y a aucun frais de publication.

ENGLISH
Too Big to Fail? Falling for, in, and out of the Defect of Happiness

Because I’m happy / Clap along if you feel like happiness is the truth / Because I’m happy / Clap along if you know what happiness is to you (Williams 2013, online)

Pharrell Williams’ most famous song “Happy” reached the top charts in numerous countries, spreading good vibes of ‘dancing on air’. The song would indicate that happiness is the fact of being satisfied with what we have, and the act of thinking positively, a smile on our face. If Williams here addresses less the pursuit of happiness than happiness as a state of mind, he does musically render a long tradition of considering happiness as the life goal.

Happiness as a concept, or even as a practice, has been the bonfire around which philosophies, religions, cultures, customs, rituals have been developed. Aristotle’s notion of eudaimonia in his Nicomachean Ethics (2014 [4th century BC], 1095a15-25), Al-Ghazālī’s reflection on sa’āda in The Alchemy of Happiness (1964 [12th century], e.g., chapters I and VIII), and some areas of the diverse utilitarian ethics, notably with Hume’s Enquiry Concerning the Principles of Morals (1751), are three examples among a long list of thinkers who analyze and define what happiness is and prescribe what it should be. Studies also focus on representations and expressions of happiness in media as eclectic as possible, such as novels and movies. For Piyush Gotise and Bal Krishna Upadhyay, the ancient Indian novel Hitopadeśa develops a six-stage model in the pursuit of sukha (2018, 867-873). One could also see in Agnès Varda’s movie Le bonheur [Happiness] (1965) a feminist critique of marriage and of family life as the keys to women’s happiness. The movie illustrates how, in patriarchal societies, only the male happiness prevails, as Émilie, François’s mistress, explains to him: “You are my happiness. You and your life” (Varda 2007 [1965], 01:13:47; our translation).

The idea of happiness thus largely differs according to the perspective from which it is seen. However, three important trends stand out. The first trend posits happiness as an overarching affect which blinds—and in so doing, erases—any nuance of feeling, such as joy or peacefulness. This process of erasure resonates with the strategy of homogenizing affects. As for the second trend, Edgar Cabanas and Eva Illouz argue that happiness is now a source of marketing and of capital, as shown through the increasing number of books or therapies on “well-being” (2018, 21-22). That talks us into buying a supposedly accessible happiness. Finally, being happy would also mean being responsible for one’s well-being (Ibid., 17). This third trend combines individual well-being with individual success. These three points reveal the influence of neoliberal capitalism in shaping happiness—a crowned affect ruling over our society, which has then become “happycra[tic]” (Ibid., 23-24; our translation).

It would yet be too easy to condemn happiness within this narrow view, as numerous voices have revealed. One could think of Sara Ahmed’s The Promise of Happiness in which the author develops the notion of “happiness dystopias”—dystopias that make any affective alternative impossible (2010, 163). This impossibility is highly political. In addressing the alienation of racialized bodies, Ahmed indeed explains that the exclusion of “the unhappiness of colonial histories” has fostered the imposition of “integration […] [waved as] a national ideal, a way of imagining national happiness” (2010, 158). In The Queer Art of Failure, Jack Halberstam compellingly criticizes the capitalist heteronormativity of success and proposes, alternatively, to consider failure as queer art, that is, an art which focuses on negation, forgetfulness, stupidity (2011, 25) and “turns to the impossible, the improbable, the unlikely, and the unremarkable” (2011, 88).

In literature, music, and other forms of art, critics also flourish. More and more artists disrupt normative plots and twists about a utopian, illusory happy end, thereby revealing how happiness has been—and still is—defined as heterosexual, cisgendered, ableist, white and male. Critical utopias (Moylan 2014) and critical feminist dystopias (Dillon 2020) point to the failure of the happy system in being inclusive as well as to the relationality of dystopic forms of happiness. Further, beyond common understandings of speculative fiction, afrofuturism enables “original narratives of identity, technology, and the future” that “reflect African diasporic experience” (Nelson 2002, 9). Multimodal, afrofuturism counters racist and sexist visions of happiness that the singer, actress, producer Janelle Monáe explores notably in her conceptual album Dirty Computer which is accompanied by an “emotion picture”, a short film (2018, online).

It is in furthering such critiques that this issue of Post-Scriptum wants to address the defect of happiness. “Defect” is here to be understood as the very strategy of our capitalist, neoliberal, patriarchal and imperialist society that turns people into mere nuts and bolts which help to keep that system working while being part of this same system. “Defect” sheds light on the paradox inherent to happiness that Lauren Berlant brilliantly acknowledged in Cruel Optimism. The notion of cruel optimism exposes how subjects are attached to objects of desire even though these objects threaten their happiness, yet this attachment displays the fantasy of the ‘good life’ (2011, 24). “Defect” symbolizes this paradox: happiness itself is defective for it is as much of an ideal as of an illusion. The term “system” also reveals the role of power in considering affects, dreams, resistances. One could think here of Judith Butler’s critique of the conceptualization of the “good life”, which is socially constructed and does not leave space for living one’s life “in a deliberate or reflective way”, as, for Butler, the “good life” remains a question of political constraints related to one’s status in the society (2012, online). Happiness can become a site of violence on which encounters—negative, positive, ambivalent ones—can happen.

In light of such elements of thought, this issue of Post-Scriptum wishes to engage with happiness as, for instance, a power system, a site of violence, a form of resistance. Proposals can focus on (but are not limited to) the following topics:

●       Happiness and storytelling:
Who can tell the story, who cannot? How does this work for a specific kind of imaginary about happiness? What are the privileges or the non-privileges of arts in representing happiness? Does utopia still have a future with regard to such narrow views of happiness?
●       Happiness and hope:
In what ways happiness and hope can work together or disrupt each other? How can the hope of reconciliation, especially from the perspective of Indigenous people, become the happiness of reconciliation or turn into the illusion of a happy reconciliation?
●       Happiness and other affects:
How are other kinds of emotions (e.g., joy, peacefulness) confused with happiness? Can this be considered as erasure and if so, what does this erasure reveal? What power relations exist between happiness and other affects? How to resist this confusion/erasure?
●       Happiness and violence:
What forms of happiness have been imposed on non-normative bodies, such as queer people, people of color, women? How does this relate to the fantasy of the “family”? Which paths can these people take to overcome the violence of a normative happiness, of the happy system?

We welcome proposals from research and creative research, and by undergraduate, graduate, and postgraduate students, Ph.D. candidates as well as post-docs and professors. We accept proposals in French or English.
Those interested in submitting an article for this issue of Post-Scriptum are asked to send two documents: an anonymous article proposal (300 words) and a short biobibliographic notice (200 words) which contains the title of the article proposal. These documents must be sent to: redaction@post-scriptum.org by January 15, 2022.
No publication fees will be charged.

Références
Ahmed, Sara. The Promise of Happiness. Durham et Londres : Duke University Press, 2010.
Al-Ghazālī. The Alchemy of Happiness. Traduit par Claud Field. Lahore : Sh. Muhammad Ashraf, 1964 [XIIe siècle].
Aristote. Nicomachean Ethics. Traduit et édité par Roger Crisp. Cambridge : Cambridge University Press, 2014 [IVe siècle av. J.-C.], 2e édition, eCollection.
Berlant, Lauren. Cruel Optimism. Durham : Duke University Press, 2011.
Butler, Judith. « Can One Lead a Good Life in a Bad Life? ». Radical Philosophy 176 (novembre/décembre 2012) : https://www.radicalphilosophy.com/article/can-one-lead-a-good-life-in-a-bad-life (dernière consultation : 1er septembre 2021).
Cabanas, Edgar, Illouz, Eva. Happycratie. Traduit par Frédéric Joly. Paris : Premier Parallèle, 2018.
Dillon, Sarah. « Who Rules the World? Reimagining the Contemporary Feminist Dystopia ». In The New Feminist Literary Studies, édité par Jennifer Cooke, 169-181. Cambridge (UK), New York : Cambridge University Press, 2020.
Halberstam, [Jack]. The Queer Art of Failure. Durham : Duke University Press, 2011.
Hume, David. An Enquiry Concerning the Principles of Morals. Project Gutenberg e-Book, réimpression de 1912 selon l’édition de 1777 [1751].
Monáe, Janelle (autrice-compositrice, productrice et interprète). Dirty Computer. Atlanta, New York : Wondaland, Bad Boy, Atlantic, 2018. Tiré de l’« emotion picture » officielle, 48:37: https://www.youtube.com/watch?v=jdH2Sy-BlNE (dernière consultation : 16 août 2021).
Moylan, Tom. Demand the impossible: science fiction and the Utopian imagination. Bern : Peter Lang, International Academic Publishers, 2014.
Nelson, Alondra (éd.). « Introduction: Future Texts ». Social Text 71 20, no. 2 (été 2002) : 1-15.
Varda, Agnès (réalisatrice). Le bonheur. 87 Productions, 1965; Agnès Varda et enfants, 1992; The Criterion Collection, 2007. 80 minutes (DVD).
Williams, Pharrell (auteur-compositeur, producteur et interprète). « Happy ». Girl et Despicable Me 2: Original Motion Picture Soundtrack. New York : Back Lot Music, i AM Other, Columbia, 2013. Tiré du clip vidéo officiel, 04:00: https://www.youtube.com/watch?v=ZbZSe6N_BXs (dernière consultation : 13 août 2021).