Jean-Marie Apostolidès : vivre, écrire, penser les révolutions morales, d’hier à demain
Colloque international organisé par Ninon Chavoz (Configurations littéraires, UR 1337), Aggée Célestin Lomo Myazhiom (DynamE, UMR 7367) et Anthony Mangeon (UR 1337), dans le cadre de Lethica (lettres, éthique et arts), un Institut Thématique Interdisciplinaire (Iti) labellisé par l’Université de Strasbourg, le CNRS et l’Inserm.
Lethica est une structure de recherche et de formation qui vise à créer de nouvelles passerelles et synergies entre les études en arts, en littérature et en sciences humaines, et les études en sciences de la vie et de la santé. Le présent colloque s’inscrit dans la thématique « révolutions morales » et dans les perspectives de recherche « approches historiques » « approches interculturelles », et « recherche-création » de l’Iti Lethica.
Dates : Université de Strasbourg, 23-24-25 mai 2022, salle de conférences de la MISHA
Les propositions de communications, assorties d’une brève présentation bio-bibliographique, sont à adresser à :
amangeon@unistra.fr, chavoz@unistra.fr et lomo@unistra.fr
avant le 30 novembre 2021
Une réponse vous sera adressée par le comité d’organisation vers le 17 décembre 2021.
Argumentaire
Né en 1943, Jean-Marie Apostolidès est un écrivain polymathe qui, formé en anthropologie, sociologie et psychologie, a enseigné ces disciplines en France et au Québec avant de devenir professeur de littérature dans deux des plus prestigieuses universités américaines, Harvard puis Stanford University. Spécialiste de théâtre, il s’est acquis une renommée internationale grâce à ses travaux pionniers sur les relations entre pouvoir monarchique et dramaturgie au siècle classique (Le Roi machine, 1981 ; Le Prince sacrifié, 1985) ou sur la pièce d’Edmond Rostand à la fin du xixe siècle (Cyrano, qui fut tout et ne fut rien, 2006). Il est également célèbre pour ses nombreux essais sur le personnage et la série de bandes-dessinées créés par Hergé (Les métamorphoses de Tintin, 1984 ; Tintin et le mythe du surenfant, 2003 ; Dans la peau de Tintin, 2010 ; Lettre à Hergé, 2013), ainsi que pour ses exigeantes recherches sur l’avant-garde situationniste, en particulier Guy Debord (Les Tombeaux de Guy Debord, 1999 ; Debord le naufrageur, 2015) et Ivan Chtcheglov (Ivan Chtcheglov, profil perdu, 2006). Traducteur et préfacier de Théodore Kaczynski (Le Manifeste de 1971. L’Avenir de la société industrielle, 2009), un terroriste américain tristement connu sous le surnom d’Unabomber (L’Affaire Unabomber, 1996), Jean-Marie Apostolidès est par ailleurs l’auteur de pièces de théâtre (dont La Nauf des fous, 1982 ; Il faut construire l’hacienda, 2006 ; Trois solitudes : Sade, Marie Lafarge, Josefa Menéndez, 2011) et de récits qui transgressent volontiers les genres littéraires communément admis. Paru sous le pseudonyme de Guy Debore, Traces, revers, écart (2001) est autant une autobiographie imaginaire qu’un essai fictif et un remarquable pastiche de Guy Debord, entièrement conçu à partir de détournements de ses écrits ; publié pour la première fois la même année, puis remanié en 2008, L’Audience est un « roman familial » qui joue habilement avec les écritures françaises de soi au XXe siècle (d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust aux récits contemporains de filiation, en passant par Les Mots de Jean-Paul Sartre), mais également avec les comédies-ballets du XVIIe ; Buvons, buvons, et moquons du reste (2012) renoue de son côté avec les dialogues philosophiques du XVIIIe siècle tout en donnant libre cours à une écriture collaborative et « imagée » (un livre, un film avec Michel Mazeron et Bertrand Renaudineau), qu’on retrouve également dans les deux romans graphiques publiés à partir de dessins de Luc Giard (Konoshiko, 2012 ; Les robots aussi croient à l’amour fou, 2017). Mais à ce jour, l’opus magnum de Jean-Marie Apostolidès est sans nul doute son essai Héroïsme et victimisation, une histoire de la sensibilité (2003, rééd. 2011), qui se veut à la fois une synthèse de ses recherches historiques et littéraires, un portrait critique de sa génération – celle des baby-boomers, nés durant ou juste après la Seconde Guerre mondiale – et une audacieuse proposition heuristique sur les fondements et les mutations de la sensibilité française, de la Renaissance à nos jours.
En s’intéressant à deux principales « révolutions de la sensibilité » qui auraient entraîné, à la fin du xvie et à la fin du xxe siècle, « une mutation des valeurs, des comportements et des mœurs », Jean-Marie Apostolidès énonce, dès l’incipit de cet essai, un diagnostic, une notion, et un programme de recherche. Le constat d’une mutation soudaine et rapide de la sensibilité contemporaine, de plus en plus encline à privilégier une logique victimaire dans les relations humaines, engage en effet une réflexion historique et anthropologique sur la dialectique entre la « culture de l’héroïsme » (héritée des sources romaines et barbares de la civilisation occidentale) et la « culture de la victimisation » (héritée de ses racines judéo-chrétiennes) qui régit depuis longtemps nos structures sociales. Il s’agit dès lors de comprendre, d’une part, la mutation de la sensibilité qui a accompagné l’avènement de l’époque moderne, aux xvie et xviie siècles, et d’autre part celle qui fit suite à la révolte contre le patriarcat menée en 1968 par les baby-boomers, qui donna alors naissance à une conception nouvelle, fraternelle et multiculturelle, de nos sociétés postmodernes et postcoloniales.
Depuis le travail pionnier de Jean-Marie Apostolidès, qui puisait ses outils aussi bien dans l’histoire littéraire que dans la psychanalyse et l’anthropologie culturelle, des penseurs tels que le philosophe anglo-ghanéen Kwame Anthony Appiah dans Le Code d’honneur (2012), ont élargi le spectre de la réflexion sur les « révolutions morales » à d’autres mobiles et sources de mutation ainsi qu’à des cultures extra-européennes (Afrique, Chine, Inde). On doit également au politologue et philosophe camerounais Achille Mbembe des analyses sans concession du « nativisme » (ou repli sur soi) et du « paradigme de la victimisation » qui ont longtemps dominé, selon lui, les pensées africaines en proposant « une lecture de soi et du monde en tant que série de fatalités », où « une histoire millénaire et d’une extraordinaire complexité s’est trouvée, d’un coup de baguette magique, ramenée à trois gestes tragiques, expériences fantomatiques et objets phobiques par excellence : l’esclavage, la colonisation et l’apartheid » (« À propos des écritures africaines de soi », Politique Africaine, 2000, p. 17 et p. 25, voir également Critique de la raison nègre, 2013). Il n’en demeure pas moins que l’œuvre et la pensée de Jean-Marie Apostolidès constituent aujourd’hui des jalons incontournables pour mener à bien ce dialogue historique et interculturel sur les révolutions morales : à ce titre, elles méritent d’être explorées plus spécifiquement et mises en lumière dans leurs inflexions majeures et leurs contributions originales.
Conçu tout à la fois comme un hommage au chercheur-écrivain qu’est Jean-Marie Apostolidès, comme une reprise critique de ses travaux et de ses créations et comme un moment inaugural dans l’étude des révolutions morales au sein de Lethica, le colloque s’essaiera d’abord à montrer la très grande cohérence de son œuvre, par-delà ses intérêts apparemment disparates.
Dès ses premiers livres, Jean-Marie Apostolidès s’est en effet attaché à lire le théâtre et la politique royale du xviie siècle à la lumière des thèses de Guy Debord sur « la société du spectacle » ; réciproquement, à compter des années 1990, le critique s’est plu à relire les œuvres littéraires et cinématographiques de Guy Debord à la lumière des modèles qu’avaient pu constituer pour lui et pour son écriture certains mémorialistes et moralistes du xviie siècle (en particulier Bossuet, le cardinal de Retz, La Rochefoucauld, Pascal, Saint-Simon ou Vauvenargues). Les albums de Tintin ont eux-mêmes connu des éclairages nouveaux, au prisme des contes de fée du xviie siècle, ou relus à partir d’un « mythe du surenfant » dont Apostolidès retrouve les traces et les manifestations dans tous les mouvements d’avant-garde du xxe siècle, depuis Dada jusqu’aux Situationnistes, et qui a triomphé, en France et dans d’autres pays, dans l’attitude de rupture des baby-boomers avec la génération de leurs prédécesseurs et avec leurs compromissions historiques et politiques. On relèvera par ailleurs qu’une charnière, dans la saga de Tintin, ainsi qu’un véritable point de bascule dans l’évolution du personnage éponyme, se situent précisément dans l’album Le Secret de la Licorne, qui renoue opportunément avec une geste héroïque familiale (celle du capitaine Haddock, et de son ancêtre, le chevalier François de Haddoque) dont l’épisode fondateur se déroule au xviie siècle, à l’époque de Louis xiv. En se penchant sur Cyrano de Bergerac, Jean-Marie Apostolidès s’est également intéressé à une pièce de théâtre mettant en scène, à la fin du xixe siècle, un auteur du xviie siècle, tout en donnant une incarnation symbolique exemplaire à l’esprit de panache (c’est-à-dire au courage accompagné d’un bon mot) qui présidait alors au renouveau de la culture héroïque.
Un autre principe de cohérence réside dans les fortes continuités thématiques et notionnelles qu’on peut relever entre les expériences existentielles de Jean-Marie Apostolidès, d’une part, et ses créations littéraires ou ses œuvres critiques, d’autre part. La théorie récurrente du corps mystique, la préoccupation constante pour les figures du double, l’intérêt pour la révolte générationnelle ou la rupture avec l’adhésion des parents aux formes et aux incarnations les plus dogmatiques de l’autorité, constituent autant des éléments structurants dans son parcours de vie (et dans les récits qui en rendent comptent), que de féconds outils théoriques régulièrement employés par l’auteur pour étayer ses brillantes analyses littéraires, historiques et culturelles. Inversement, ses créations théâtrales (Il faut construire l’hacienda ; Trois solitudes) ou ses fictions graphiques (Konoshiko ; Les robots aussi croient à l’amour fou) entrent en forte résonance avec les thèses défendues et illustrées dans certains essais comme Tintin et le mythe du surenfant ou Héroïsme et victimisation.
Un autre objectif du colloque, dédié à l’exploration de cette œuvre prolixe en lien avec les enjeux et les ambitions de Lethica, sera d’interroger, dans une perspective interdisciplinaire et interculturelle, les approches ou hypothèses critiques énoncées par Jean-Marie Apostolidès.
Les communications pourront notamment étudier les modèles tout à la fois biologiques et symboliques qui régissent sa compréhension du « corps social », depuis les notions d’« enveloppe » (qui se décline suivant trois niveaux – corporel, familial et communautaire), d’« orgasme collectif » (qui caractérise tout moment héroïque) et de « contagion / contamination » (qui définit l’expansion d’une sensibilité) jusqu’à cette science nouvelle de « l’iconomie » que l’auteur a mis en œuvre dans ses enseignements universitaires à Stanford et dans certains de ses livres, comme Héroïsme et victimisation. Avec cette démarche novatrice qui consiste à étudier les « images et leur impact sur la vie des gens », Jean-Marie Apostolidès s’attache en effet à montrer comment, parallèlement aux valeurs monétaires qui définissent désormais toute production dans nos sociétés marchandes, circulent des images fortes ou « des icônes, plus ou moins conscientes, véhiculées par les arts et notamment le cinéma, qui s’imposent au public en se présentant comme des synthèses de comportement » (Entretien avec Alexandre Trudel, Post-scriptum, 2010) et qui, en devenant ainsi la « médiation obligée des êtres entre eux », jouent « dans le système de l’image un rôle équivalent à celui de l’or dans le système monétaire » (Héroïsme et victimisation, 2003, p. 291-292 et p. 298).
Dans ses travaux, Jean-Marie Apostolidès a par ailleurs mis en relief des « mutations de la sensibilité » qui s’opèrent au niveau collectif, à l’échelle d’une à deux générations ou de plusieurs décennies, mais qui se répercutent également au niveau individuel et peuvent alors perdurer à l’échelle d’une vie. Il s’interroge notamment sur leurs sources, en convoquant les ressources de l’anthropologie et de la psychanalyse. Comment se réalise dès lors le passage du collectif à l’individuel, et vice versa ? Peut-on corroborer, à partir d’autres situations que celles analysées par Jean-Marie Apostolidès, ses « deux présupposés théoriques » (Héroïsme et victimisation, 2003, p. 8), à savoir « que les mécanismes psychologiques d’une collectivité sont de nature analogue à ceux qui touchent l’individu » et qu’une mutation (par exemple « celle d’aujourd’hui ») « est plus compréhensible lorsqu’on la rapproche » d’une autre (notamment « celle d’hier ») ? Si la civilisation occidentale connaît actuellement une mutation majeure de sa sensibilité, qui conduit les sociétés (et les individus qui les composent) à donner désormais la préséance à une « culture de la victimisation » (fondée sur la pitié) à rebours d’une « culture de l’héroïsme » reposant sur la violence, qui a prévalu durant plusieurs siècles, comment cette mutation s’opère-t-elle concrètement aujourd’hui à l’intérieur de chaque société ? Peut-on identifier des modèles, des transferts, des adaptations ou des spécificités, de la société étatsunienne à la société française par exemple ? Si la « culture de la victimisation » tend aujourd’hui à s’universaliser, voire à s’internationaliser, se manifeste-t-elle de la même manière dans les sociétés européennes, où la « culture de l’héroïsme » se fit souvent geste coloniale, et dans les sociétés non-européennes, qui en firent précisément les frais ? Jean-Marie Apostolidès défend par ailleurs l’idée que le système capitaliste fait aujourd’hui « son profit de la culture de la victimisation », qui facilite selon lui « l’inclusion dans la grande société fraternelle de groupes qui n’y participaient jadis », en les intégrant notamment au système marchand comme nouveaux producteurs et consommateurs (Héroïsme et victimisation, 2003, p. 12 et p. 189-190). Mais comment ce constat s’articule-t-il à l’expérience des victimes et à leur exigence de reconnaissance de leur statut, voire de réparations, fussent-elles symboliques ? Enfin, quelles révolutions morales, corollaires à cette mutation majeure de la sensibilité, qui privilégie désormais une culture de la victimisation, peut-on éventuellement anticiper dans les années ou décennies à venir ?
L’œuvre de Jean-Marie Apostolidès permettra également d’apporter un éclairage particulier sur les différentes manières de « faire cas » ou de relier le particulier et l’universel à travers quelques biographies ou figures « exemplaires », caractéristiques d’une posture ou d’une époque, comme celles de Guy Debord, de Michel Mazeron ou de Théodore Kaczynski (alias le terroriste Unabomber), et bien sûr les personnages fictionnels de Cyrano et de Tintin, qui sont autant de visages différents d’une « culture de l’héroïsme » tombée aujourd’hui en désuétude, mais dont l’aura survit malgré tout au changement de paradigme qui caractérise notre époque.
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Bibliographie sélective de Jean-Marie Apostolidès :
Critique historique et culturelle :
Héroïsme et victimisation, une histoire de la sensibilité, Paris, Exils, 2003 ; rééd. Paris, Le Cerf, 2011.
« Entretien avec Jean-Marie Apostolidès, par Alexandre Trudel », Post-Scriptum, 18 octobre 2010, https://post-scriptum.org/entretiens/jean-marie-apostolides/
Sur le théâtre français des XVIIe et XIXe siècles :
Le Roi-machine. Spectacle et politique au temps de Louis XIV, Paris, éditions de Minuit, 1981.
Le Prince sacrifié. Théâtre et politique au temps de Louis XIV, Paris, éditions de Minuit, 1985.
Cyrano, qui fut tout et qui ne fut rien, Paris-Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, 2006.
– Jean-Marie Apostolidès, « Ubu et Cyrano », L’Annuaire théâtral, n° 43-44, 2008, p. 15-30.
https://www.erudit.org/fr/revues/annuaire/2008-n43-44-annuaire3689/041703ar/
– Jean-Marie Apostolidès, « Le fantôme de Cyrano dans l’oeuvre de Jean Anouilh », Études littéraires, vol. 41, n° 1, 2010, p. 29-39.
https://www.erudit.org/fr/revues/etudlitt/2010-v41-n1-etudlitt3937/044569ar/resume/
– Jean-Marie Apostolidès, « Histoire de nez, histoire de nain : Louis Feuillade et la réécriture de Cyrano en 1912 », 2012, 11 p. ; texte disponible à l’adresse suivante : www.cyranodebergerac.fr/img_stoc/fichiers/JM-Apostolides-Rostand-Feuillade.pdf [dernière consultation le 13 septembre 2021].
– Jean-Marie Apostolidès, « Les destins croisés d’Alphonse Daudet et d’Edmond Rostand. Anecdotes littéraires », 2012, 11 p. ; texte disponible à l’adresse suivante : www.cyranodebergerac.fr/img_stoc/fichiers/Daudet-Rostand-Apostolides.pdf. [dernière consultation le 13 septembre 2021].
Sur Tintin :
Les métamorphoses de Tintin (1984), réédité en 2003 (Exils) puis 2006 (Flammarion, coll. Champs, édition à consulter).
Tintin et le mythe du surenfant, Bruxelles, éditions de Moulinsart, 2003.
Dans la peau de Tintin, Bruxelles, les Impressions nouvelles, 2010.
Lettre à Hergé, Bruxelles, les Impressions nouvelles, 2013.
Sur les situationnistes :
Ivan Chtcheglov, profil perdu, Paris, Allia, 2006 (avec Boris Donné).
Les Tombeaux de Guy Debord, Paris, Exils, 1999 ; rééd. Champs Flammarion, 2006.
Guy Debord le naufrageur, Paris, Flammarion, 2015.
Œuvres littéraires et cinématographiques :
Théâtre :
La nauf des fous, Paris, Albin Michel, 1982.
Il faut construire l’hacienda, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2006.
Trois solitudes : Sade, Marie Lafarge, Josefa Menendez, Paris, L’Harmattan, 2011.
Récits :
Traces, revers, écart, Paris, Sens et Tonka, 2001 (sous le pseudonyme de Guy Debore)
L’Audience, Paris, Exils, 2001 ; rééd. Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2008.
Buvons, buvons, et moquons-nous du reste, Paris, L’Harmattan, 2012 (un livre, un film avec Bertrand Renaudineau et Michel Mazeron).
Konoshiko, Bruxelles, Les impressions nouvelles, 2012 (avec Luc Giard)
Les Robots aussi croient à l’amour fou, Bruxelles, Les impressions nouvelles, 2017 (avec Luc Giard).