APFUCC 2022 : Atelier "Littérature arabe de langue française et écriture féminine : marginalité, oppression et empuissancement"
APFUCC - Congrès virtuel du 14-17 mai 2022
ATELIER 7
Littérature arabe de langue française et écriture féminine : marginalité, oppression et empuissancement
Responsable de l’atelier :
Monika Salib, McMaster University, salibm7@mcmaster.ca
« La dignité c’est d’avoir un rêve, un rêve fort qui vous donne une vision, un monde où vous avez une place, où votre participation, si minime soit-elle, va changer quelque chose.
Vous êtes dans un harem quand le monde n’a pas besoin de vous.
Vous êtes dans un harem quand votre participation est tenue pour si négligeable que personne ne vous la demande.
Vous êtes dans un harem quand ce que vous faites est inutile.
Vous êtes dans un harem quand la planète tourne et que vous êtes enfouie jusqu’au cou dans le mépris et l’indifférence.
Une seule personne a le pouvoir de changer cette situation et de faire tourner la planète en sens inverse, et cette personne c’est vous. » (Mernissi, 1994)
La littérature francophone du Maghreb et du Mashrek est souvent perçue comme une réponse à la domination coloniale. Si elle a servi comme arme de libération, elle reste aussi un outil d’affirmation identitaire dans un monde où la modernité ne cesse de bouger les repères identitaires. Un fait reste cependant étonnant : l’importance minimale accordée aux voix féminines dans cette lutte dominée, comme le reste de la société, par les hommes. Et quand les femmes tentent de s’exprimer, elles se trouvent souvent critiquées et accusées d’affaiblir la lutte collective. De plus, « [l]a lentille (post)coloniale par laquelle elles sont écoutées ou observées déforme leurs discours, souvent à la faveur des clichés orientalistes » (Benhadjoudja, 2018). Comment peuvent-elles se construire comme sujet d’un discours capable de s’insérer dans la lutte collective ?
Il est important de comprendre qu’au sein d’un système patriarcal guidé par une idéologie hautement religieuse, la femme se sent aliénée et opprimée. Mais cette oppression favorisera l’émergence de voix, et non des moindres, comme celle de Malika Mokeddem, Andrée Chedid, Assia Djebar, Mona Latif-Ghattas et autres, qui font de leur plume la réflexion des problèmes que rencontrent les femmes dans la hiérarchie sociopolitique et culturelle dont elles occupent le bas de l’échelle. Que ce soit par le récit de faits réels vécus par les femmes comme le fait Djebar, ou par des histoires fictives où les personnages principaux féminins se révoltent comme le fait Chedid, une chose est claire : la femme arabe se met debout et refuse ce regard qui la définit comme un « problème » (Williams, 1987).
Les chercheures racisées comme Patricia Hill Collins, Kimberlé Crenshaw, bell hooks, etc. ont démontré que l’identification des catégories d’inégalités (race, classe, genre, orientation sexuelle, religion) n’enferme pas l’individu dans des cadres de vulnérabilité et de marginalisation. Au contraire, elle permet de comprendre autour de quels axes les problèmes surviennent et donc d’accéder à l’empuissancement des plus marginalisées. L’empuissancement réside dans le contact entre les espaces où le pouvoir des femmes est gommé et les stratégies qu’elles déploient afin de résister à cette domination. « Le point de vue situé collectif et partagé incite [les femmes] à remettre en question les images imposées [par la culture et les médias] et à s’autodéfinir en aspirant à l’autonomie et à l’empowerment individuel et du groupe par l’estime de soi, la redéfinition du concept de beauté et l’expression de l’amour mutuel » (Coenga-Oliveira, 2016). C’est dans cette optique que se situe cet atelier qui interroge l’écriture féminine au sein de la francophonie arabe.
Les propositions de communication pourront aborder la problématique de l’écriture féminine arabe francophone. Les axes possibles (mais non exhaustifs) de recherche sont :
- L’identité maghrébine/mashrekine au féminin
- Le féminisme intersectionnel dans le monde arabe
- Les rapports de domination dans la sphère sociale, économique, politique
- L’intersectionnalité
- L’oppression de la femme arabe
- La construction de la subjectivité féminine dans une société patriarcale
- Les méthodes de résistance et d’empuissancement
- La langue française comme outil d’affirmation et de résistance
Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots, adresse électronique) : le 15 décembre 2021
Le colloque annuel 2022 de l’APFUCC sera virtuel et se tiendra dans la cadre du Congrès de la Fédération des sciences humaines. Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message de la personne responsable de l’atelier avant le 15 janvier 2022 les informant de sa décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. De plus amples informations vous seront envoyées à ce sujet.
Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication, présentée en français (la langue officielle de l’APFUCC), pour le colloque 2022.
Bibliographie:
Benhadjoudja, Leïla (2018) « Les femmes musulmanes peuvent-elles parler ? » Anthropologie et Sociétés. Vol.42, no.1, p.113-133
Coenga-Oliveira, Danielle (2016) « La pensée féministe noire de Patricia Hill Collins [traduit de l’anglais par Diane Lamoureux] » Politique et Sociétés, Vol. 37, no.2, p. 192-194.
Mernissi, Fatima (1987). Rêves des femmes, une enfance au harem, traduction de Claudine Richetin, Casablanca, Éditions Le Fennec, 1997.
Williams, Fannie Barrier (1987). « The Colored Girl », dans Mary Helen Washington, dir., Invented Lives: Narratives of Black Women 1860-1960, Garden City, NY, Anchor, p.150-159.