En janvier dernier, Antoine Compagnon prononçait sa Leçon de clôture au Collège de France sous le titre Gagner la sortie. Il y convoquait ses auteurs de prédilection – de Montaigne à Proust, en passant par Chateaubriand et Baudelaire – et se livrait à une série de variations sur le départ, la cessation d’activité, l’immortalité. En faisant droit à une tentation mélancolique: "celle des artistes qui réclament une “seconde chance” pour réaliser enfin leur chef-d’œuvre, et une espérance rédemptrice, chez ceux qui acceptent de n’être rien de plus que l’avatar d’une lignée. Polarité qui ne concerne pas seulement les créateurs, mais peut-être bien aussi les professeurs." Le texte en est aujourd'hui édité par les éditions du Collège de France, et se trouve déjà disponible en libre accès sur OpenEdition.
A. Compagnon fait paraître dans le même temps le texte de son tout dernier cours La Vie derrière soi. Fins de la littérature (Éd. des Equateurs), où il se demandait comment finissent les écrivains. Pourquoi donc les œuvres tardives des écrivains ont-elles suscité moins de curiosité que le style de vieillesse des peintres et musiciens, plus affectés par les défaillances de leur corps, la main, l’œil ou l’oreille ? "Il faudrait cesser de travailler dans un certain âge ; car tous les hommes vont déclinant", décrètait le Bernin devant les derniers tableaux de Poussin. Il n'est pas permis à tout le monde de donner tort au Bernin. Les communications prononcées lors du colloque tenu en avril 2021 sur cette même question des "fins de la littérature" sont désormais accessibles en vidéos sur le site du Collège…
La littérature quant à elle n'en finit pas de finir : il n'y a pas d'après littérature (mais il y aura un après Finkielkraut).