Giuseppe Penone, une archéologie du devenir. Appel à participations : table ronde et performance (BnF, Paris)
Giuseppe Penone, une archéologie du devenir.
Appel à participations : table ronde et performance
La journée d’étude « Giuseppe Penone, une archéologie du devenir », qui aura lieu le 10 décembre au Petit Auditorium de la BnF, est organisée par Sarah Matia Pasqualetti et Rodrigue Vasseur, doctorants en esthétique à l’École doctorale APESA. Ponctuée d’interventions de pairs, cette journée s’achèvera par une table ronde entre jeunes chercheurs doctorants et une performance.
Cet appel s'adresse aux doctorants en sciences humaines et sociales afin de constituer la table ronde qui fonctionnera en deux temps : la première partie sera consacrée à un rapide tour de table (7-8 min environ par discutant) qui consistera en une présentation générale de votre pratique ou de vos recherches, de vos affinités avec l'œuvre de Penone et avec les notions de temporalité et de mémoire ; la deuxième partie (45 min environ) fera l’objet de discussions et d’échanges entre les participants.
Les axes de réflexion que nous mettons en relief ne sont que des propositions, les répondants à l’appel ayant la liberté de choisir leur positionnement vis-à-vis de l’argument de la journée. Par ailleurs, les organisateurs se réservent le droit de choisir une thématique commune à la table ronde, toujours en relation au sujet de la journée, en fonction des propositions reçues.
L’appel est également ouvert aux artistes-performers ou collectifs d’artistes souhaitant proposer une performance (30 min maximum) en lien avec la journée.
ARGUMENT
Cette journée d’études est organisée en parallèle de l’exposition « Giuseppe Penone. Sève et pensée », consacrée à l’artiste par la BnF et programmée du 12 octobre 2021 au 23 janvier 2022. À partir du travail de Giuseppe Penone et du lien direct avec les œuvres exposées, telles que l’installation Sève et pensée, la série de tableaux Leaves of grass, les sculptures Arbres-livres et plusieurs œuvres graphiques (dessins, photographies, gravures, estampes et livres d'artistes), cette journée vise à formuler des propos esthétiques, artistiques et historiques inédits, autour de la relation entre art et mémoire. Nous visons notamment une compréhension anachronique de la mémoire et son conséquent détachement de la forme linéaire et unitaire du temps, ouvrant la possibilité de situer la création artistique dans une multiplicité temporelle qui contient, à la fois, une recherche archéologique des forces et une ouverture virtuelle du devenir.
En matérialisant la complexité du temps, la série Leaves of grass, déjà hantée par un anachronisme évident (ces œuvres, réalisées en 2013, ne sont montrées au public que cette année), révèle l’impossibilité de concevoir une unité – tant celle de la toile que celle de la notion de temps – comme l’addition de moments identiques. Le surajout de touches à l’aide du doigt évoque le principe du palimpseste créant une stratification temporelle diaphane. Les Arbres emblématiques de l’artiste, partiellement retrouvés nous interrogent : est-ce que le geste de l’artiste remonte le temps à la recherche de l’objet-arbre originel ou ne nous montrerait-il pas plutôt les lignes d’un devenir-arbre ? Ce geste suit non pas les formes, mais les forces de croissance responsables de la métamorphose de la matière.
L’ontogenèse des œuvres de Giuseppe Penone est déterminée par cette dynamique entre forces matérielles – croissance, érosion, polissage qui s’inscrivent dans les arbres ou dans les pierres – et forces de la pensée – qui s’inscrivent dans les livres. Son geste sculptural fend la texture linéaire du temps et érige dans la matière une mémoire en acte, à travers une poiesis vouée à retrouver et à suivre ces forces créatrices de l’existant. Ainsi, les temporalités de la mémoire sont conçues comme une archéologie du devenir.
AXES DE RÉFLEXION
À partir de cette relecture de l’œuvre de Giuseppe Penone, nous envisageons la tenue de la journée d’études autour de trois axes principaux :
1) Mémoire et écriture – livres et photographie
L’artiste écrit dans la matière : il s’agit d’une écriture non-langagière, mais qui ne se charge pas moins d’une fonction de réminiscence. Une fonction incarnée par les archives et les collections de la BnF, qui représentent métaphoriquement les forces créatrices de la pensée humaine et sa mémoire collective. Dans cette opération de ressouvenir, une position privilégiée est occupée par la photographie : dans la perspective d’une non linéarité du temps de la mémoire, la photographie documentaire devient une œuvre d’art à part entière.
2) Mémoire et geste – poïétique et performance
Envisager l’acte artistique en termes de performance amène à une lecture de l’œuvre d’art comme objet performatif. Cette dimension prend en compte tant le geste de l’artiste, qui reste inscrit dans les œuvres, que celui de la nature, car les gestes sculpturaux sont aussi bien des gestes végétaux: la nature (physis) est dotée d’une capacité de création artistique (poiesis). Une pensée de l’anachronisme artistique démystifie ainsi le modèle de l’artiste créateur en tant que seul principe génétique de l’œuvre.
3) Mémoire et matière – traces et sculpture
Dans l’œuvre d’art, qui mêle des rythmes hétérogènes (artistique, végétale, géologique..) plusieurs temporalités différentes arrivent à coexister. Pour le sculpteur la matière est mémoire : elle est vivante car elle a son propre rythme, que l’artiste doit suivre. Les mouvements de la vie qui se rencontrent dans l’œuvre brouillent les limites entre pensée et matière, entre formes et forces. Des nouveaux modèles de temporalité sont à concevoir dans la théorisation de ces multiples relations matérielles.
MODALITÉS DE SOUMISSION
Table ronde : Veuillez nous faire parvenir un texte en français de 500 mots maximum résumant vos recherches théoriques et/ou votre pratique artistique, accompagné d'intentions et de directions de réflexion en lien avec la thématique de la journée.
Performance : Veuillez nous faire parvenir un texte explicatif en français de 500 mots maximum accompagné de traces photographiques et/ou vidéographiques (ou un visuel explicatif pour les performances inédites, conçues spécifiquement pour cette journée). Les performances ne peuvent pas dépasser 30 minutes. En copie vous trouverez la fiche technique du Petit Auditorium. Les documents sont à envoyer à l’adresse : participation.penone@gmail.com avant le 19 septembre 2021