Les missions catholiques féminines dans les mondes autochtones : colonisations et politiques d’assimilation
Appel à communications
Les missions catholiques féminines dans les mondes autochtones :
colonisations et politiques d’assimilation
Cette journée d’étude vise à réunir les chercheur.e.s de tout horizon travaillant autour du thème des congrégations féminines dans les contextes coloniaux et assimilationnistes. Dimension trop souvent négligée par la recherche en sciences sociales, l’histoire et l’anthropologie des missions catholiques féminines seront ici abordées dans leurs rapports aux mondes autochtones au XXe siècle.
Si historiens et sociologues ont ouvert la voie aux études concernant les femmes dans le catholicisme (p. ex. Arnold 1984 ; Laurin-Frenette, Duchesne, et Juteau 1991 ; Delumeau 1992 ; Fine et Leduc 1995 ; Voyé 1996 ; Lautman 1998 ; Cova et Dumons 2012), que Claude Langlois a mis en lumière la figure de la « bonne-sœur » active, dévouée aux enfants, aux malades et aux pauvres dans la France du XIXe siècle (Langlois 1984) et que Chantal Paisant a complété ce tableau par une anthologie de témoignages de religieuses missionnaires du XIXe siècle (Paisant 2009), les travaux francophones concernant les XXe et XXIe siècles semblent avoir laissé de côté ces femmes religieuses et missionnaires essaimées à travers le monde. Quelques travaux, particulièrement centrés sur l’aire culturelle africaine, ont engagé des recherches allant en ce sens. Une histoire transnationale du catholicisme en mission semble s’amorcer à travers une histoire croisée et connectée du catholicisme au féminin (p. ex. Rogers 1997 ; Pagnon 1997 ; Curtis et Chifflot 2010 ; Prudhomme 2014 ; Dumons 2020). Mais une approche spécifique des missions féminines en contexte d’assimilation de populations autochtones reste à engager.
En situation coloniale, les congrégations de religieuses sont présentes non seulement pour soutenir l’effort d’animation pastorale permettant la progressive conversion des populations colonisées, mais elles sont également enrôlées, plus ou moins volontairement, dans les politiques sociales, éducatives et sanitaires alors imposées aux populations autochtones. Éducations et soins, prérogatives traditionnellement associées au féminin dans la culture occidentale, caractérisent la présence féminine en territoires missionnaires. Mais leurs rôles ne peuvent se réduire à ces seules activités ainsi décrites en des termes si généralistes. Pensons alors entre autres aux religieuses enseignantes et surveillantes dans les pensionnats indiens au Canada dont les multiples rôles dans ces établissements les conduisent à supplanter totalement la communauté de naissance des enfants autochtones, et ce dans l’objectif de leur assimilation (Robinaud 2020). Autre exemple, celui des Sœurs Blanches dont l’étude des activités en Afrique subsaharienne éclaire tant la situation coloniale et contemporaine de ces régions aux XXe et XIXe siècles que les transformations de l’entreprise missionnaire au féminin à cette période (Prudhomme 2014). Différents rôles, différentes activités, différents contextes géographiques et coloniaux qui doivent par ailleurs soulever la question d’un hégémonisme occidental au féminin : par les femmes et pour les femmes. Poursuivant dans une perspective plus globale ces recherches sur les missions au féminin doivent permettre d’interroger de quelles façons ces situations coloniales, et les politiques d’assimilation qui y étaient menées, ont contribué à l’évolution des congrégations de religieuses au sein de l’Église catholique.
Focalisée sur le second élan des missions catholiques – tout particulièrement sur le XXe siècle, mais prenant en compte les prémices de la seconde moitié du XIXe siècle et n’omettant pas la période contemporaine – cette journée souhaite ouvrir autant que possible le champ de la comparaison à divers contextes géographiques (Amériques, Afrique, Asie, Océanie). Par cette mise en comparaison d’aires culturelles, il s’agira d’établir les convergences et les points communs pour tenter de dresser un portrait général des femmes missionnaires dans les contextes coloniaux où il est question d’assimilation des populations autochtones. Mais également, l’ambition de cette journée sera de mettre en lumière et de contester les divergences (natures, causes, conséquences), les nuances et les spécificités contextuelles locales, et ce à partir d’études de cas géographiquement et temporellement situées.
De façon non limitative, les interventions pourront s’inscrire dans les axes de recherche suivants :
- Étude de cas relative aux présences de femmes missionnaires en contexte autochtone en vue de l’assimilation de ces populations.
- Positionnement des religieuses et/ou des congrégations de religieuses concernant les politiques d’assimilation dans lesquelles elles sont engagées, volontairement ou non.
- État de l’art et/ou approche historiographique critique concernant une aire géographique précise.
- Analyse des points de vue autochtones sur cette présence missionnaire au féminin.
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Calendrier et informations pratiques
Cet appel est ouvert à l’ensemble des disciplines rattachées aux arts, lettres et sciences humaines et sociales.
La journée d’étude se déroulera le 4 novembre 2021, au Campus Condorcet à Aubervilliers. Selon l’évolution de la situation sanitaire, il n’est pas exclu que cette journée se déroule partiellement ou totalement en ligne (le format de l’événement pourra alors être amené à évoluer).
Les propositions de communication devront comporter le titre de la communication, le statut et l’institution de rattachement de la/du communicant.e, une adresse email, ainsi qu’un résumé exposant la question traitée et les matériaux utilisés (500 mots maximum).
Les propositions devront être accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique.
Elles sont à envoyer avant le 31 mai 2021, par courriel à l’adresse suivante:
religieuses.mondesautochtones@gmail.com.
Cette journée d’étude est organisée avec le soutien du LabEx HASTEC (EPHE/PSL) et du Centre d’études en sciences sociales du religieux (CéSor, EHESS/CNRS).