Colloques en ligne

La parole aux animaux. Conditions d’extension de l’énonciation

 

Actes de la journée d’étude de Paris 8 (27 janvier 2017)

organisée par le Groupe d’Activités Sémiotiques de Paris 8 (GASP8)

sous la direction de Denis Bertrand et Michel Costantini

assistés de Raphaël Horrein

 

La question animale est d’une actualité de jour en jour plus brûlante. Les signes multiformes qu’elle donne dessinent un tournant culturel majeur, et peut-être civilisationnel. Il s’exprime, entre autres, par une interrogation anthropologique sur les frontières traditionnellement posées entre humains et non-humains, entre nature et culture (Ph. Descola, B. Latour). Cet ébranlement mobilise les sciences exactes, sociales et humaines depuis la biologie et l’éthologie jusqu’à la philosophie et la littérature.

La sémiotique est aussi investie dans le bouillonnement intellectuel provoqué par ce regain d’intérêt pour les animaux, qui l’invite à renouveler l’ancienne zoosémiotique des années 70. L’organisation d’une journée d’étude à l’université Paris 8 s’est inscrite dans la continuité des recherches qui y ont été menées sur le langage et la quête du sens (J.-Cl. Coquet). Il s’agissait d’interroger l’existence, sinon d’une énonciation, du moins d’une expression et d’une sémiose animales qu’il nous faut apprendre à recevoir et à comprendre, à respecter et à analyser. Ce questionnement prenait plusieurs orientations :

 

1.     L’animal comme support d’une énonciation humaine déléguée : le phénomène rhétorique de cette immense prosopopée est alors à interroger.

2.     L’animal comme acteur d’une énonciation propre : comment l’interpréter ? Comment échapper à une lecture anthropocentrique, selon des modèles éprouvés par ailleurs ?

3.     Non plus l’animal, mais les animaux, dans leur pluralité et leur singularité, pour découvrir une expression « individuelle », riche d’éléments pathémiques et cognitifs, et portée par la littérature (cf. Ponge, Michaux, Calvino, Ferney, Mouawad…).

4.     Non plus les animaux eux-mêmes, mais les interactions et les entrecroisements du sens – projeté, accueilli, partagé, détourné – entre l’animal et l’humain, comme source d’interrogation sur l’« internaturalité » (G. Marrone), relativisant les formes normées de la communication.

 

Entre cette « apparence qui est à comprendre comme un langage » (J.-Ch. Bailly) et les leçons de la « zoopoétique » (A. Simon), la sémiotique du discours met en question ses propres modèles et interroge les mises en forme d’une parole aux animaux. 

Textes réunis par Denis Bertrand et Michel Costantini, assisté par Raphaël Horrein

et mis en ligne avec le soutien de l'Université de Lausanne.

DOI : https://doi.org/10.58282/colloques.5363