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Terrains d'entente

Terrains d'entente

Publié le par Marc Escola

En 2010, Vincent Debaene faisait paraître L’Adieu au voyage. L’ethnologie française entre science et littérature (Gallimard), en s'interrogeant sur cette tradition française qui veut que, de retour de son "terrain", l'ethnologue écrit non pas un, mais deux livres, l'un scientifique, l'autre littéraire : L'Île de Pâques d'Alfred Métraux, L'Afrique fantôme de Michel Leiris, Les Flambeurs d'hommes de Marcel Griaule, Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss s'ajoutent à leurs travaux sur les Pascuans de Rapa Nui, les Dogons du Mali, les Amhara d'Éthiopie ou les Nambikwara du Brésil. Dans des "Adieux à l'Adieu ?", accueillis dans le dossier "Dix ans de théorie" publié en 2018 par Acta fabula, il a voulu donner une manière de postface à un ouvrage qui a encouragé les études sur les relations entre littérature et ethnologie ou anthropologie, assez nombreuses dans l'intervalle pour qu'un numéro de la revue Critique soit venu faire le point sur ce dialogue, sous le titre "Écritures tous terrains" (Stéphane Massonet a rendu compte de ces "Nouveaux terrains de la littérature" pour Acta fabula).

Éléonor Devevey publie aujourd'hui aux Presses du Réel Terrains d'entente. Anthropologues et écrivains dans la seconde moitié du XXe siècle. Quel rôle la littérature comme idée, corpus ou pratique, joue-t-elle dans les enquêtes et écrits des anthroplogues ? Et inversement : que font les écrivains du savoir anthropologique ? Quelle place trouve-t-il dans leur bibliothèque et dans leurs démarches ? Des échanges entre Georges Condominas et Georges Perec aux travaux d'Yvonne Verdier, de la Chronique des Indiens guayaki de Pierre Clastres aux essais de Gérard Macé, l'ouvrage s'attache à éclairer, à partir d'un corpus mêlant écrits d'anthropologues et d'écrivains, la reconfiguration de leurs rapports de 1945 à nos jours.

(Photo : © Jean-Loup Trassard)