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Subjectivité et Relativisme de l'écrivain au XXe siècle

Subjectivité et Relativisme de l'écrivain au XXe siècle

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Shuko TANAKA)

Colloque interculturel et inter-équipe

Université de Strasbourg

14-15 octobre 2011

Co-organisépar « Configurations Littéraires » (EA1337), « CHER (Culture et Histoiredans l'Espace Roman) » (EA4376) et « GEO (Groupe d'Etudes Orientales,slaves et néo-hélleniques) » (EA1340)

Subjectivitéet relativisme de l'écrivain aux XXe et XXIe siècles

«Dans le territoire du roman, on n'affirme pas : c'est le territoire du jeuet des hypothèses », dit Kundera. Dépourvue de son caractère sérieux,toute affirmation morale devient hypothétique, voire non valable. Et c'est làoù on peut réfléchir sur des questions existentielles de la manière uniquementpermise par le roman. Tel est l'art de l'essai romanesque : on ne jugepas, on ne se hâte pas vers « une » réponse, mais on médite lesinterrogations et on interroge les méditations. Ce style d'essai met àl'épreuve la capacité humaine à supporter la relativité des choses, autrementdit un monde sans Juge suprême. Et Kundera ? Il est le sujet qui« affirme » le relativisme moral et qui souhaite soumettre sesaffirmations subjectives à la sagesse relativiste du roman.

Letravail de création d'un monde recèle d'une manière latente l'esprit critiquequi se base sur le relativisme moral. Cet esprit critique est aussi tourné versla subjectivité de l'écrivain même. Legeste d'un écrivain qui tente de brouiller sa présence dans son livre tout enassumant le rôle de générateur du livre ne nous est pas inconnu. Flaubert qui souhaite dissoudre discrètement le« sanctuaire de [s]on âme » dans ses romans, ne jamais se manifestercomme un sujet concret ; l'idée de l'essai littéraire chez Musil, quipourrait réconcilier la subjectivité épanouissante de l'écrivain et sa tentativede répondre aux questions philosophiques (ou bien chercher la vérité) ; Brochqui examine dans sa trilogie le thème de l'effondrement des valeurs au tempsmoderne à l'aide de/sous la condition du style polyphonique ; ou bien,John Fowles, qui, derrière le narrateur omniscient, propose à l'histoire troisfins possibles en jetant un regard sceptique à son propre écrit, et à sesjugements sur les personnages.

L'écrivainne montre-t-il pas, par le processus de sa création, comment vivre ladichotomie entre la subjectivité et le relativisme ? Si être prisonnierd'une subjectivité radicale est chose fâcheuse, le relativisme extrême ne peutpas non plus être une issue. Ignorer le soi menace autant la vie que d'êtreaveugle quant à sa subjectivité... Si ledésir de juger avant de comprendre est une cessation de réflexion, l'est autantla volonté d'éviter toute réponse dans une hésitation stagnante. Un tel reculs'appellerait le « mauvais relativisme » dont parle Raymond Boudon.Si la littérature est munie d'une sagesse capable de relativiser toutes leschoses y compris soi-même, serait-elle aussi capable de relativiser lerelativisme ? Quel rôle alors y jouerait la subjectivité de l'écrivain? Ledilemme de la création littéraire pose tout autant que la philosophie laquestion du relativisme. Avec comme « arrière-pensée » ces multiplesquestionnements, ce colloque propose à des chercheurs dans les domaineslittéraires de se rassembler autour duthème : « Subjectivité et relativisme de l'écrivain ».

Les propositions de communication (en français, une pagemaximum) sont à adresser avant le 15 septembre 2011 à :

Shuko TANAKA shuko.tnk@gmail.com

organisatrice du colloque

Doctorante,et chargée de cours à l'Institut de Littérature Générale et Comparée del'Université de Strasbourg