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Quels agencements pour les Humanités Numériques ?

Quels agencements pour les Humanités Numériques ?

Publié le par Alexandre Gefen

 

 

Quels agencements pour les Humanités Numériques ?

sous la direction de Eddie SOULIER 

Appel à publication pour un numéro de Les Cahiers du Numérique

http://lcn.revuesonline.com

 

THÉMATIQUE : Sciences et technologies de l’information et de la communication 

La quête d’un entre-deux entre l’acteur et le système a été la marque de fabrique des Sciences Humaines et Sociales (SHS) au tournant des années 80, stylisée comme une dualité par Antony Giddens. Les catégories de dispositifs (Foucault), d’agencements collectifs d’énonciation (Deleuze et Guattari), de pratique (Schatzki), d’acteur-réseau (Callon et Latour) ou d’institutions du sens (Descombes) ont été des candidates, parmi d’autres, au dépassement de cette dualité. Elles s’inscrivent en tension vis-à-vis de l’ordre de l’interaction décrit par Ervin Goffman, tension qu’on peut étendre à « l’ordre de la situation» (en référence à la phénoménologie sociale, l’ethnométhodologie ou la cognition située) comme à celui de l’activité, mis en avant par les théoriciens contemporains de l’activité (Engeström, 1987 ou Clot, 1999). Les premières catégories présentent un air de famille holistique que ne possèdent pas les secondes (qui ne formeraient qu’un « holisme affaibli » selon Berthelot, 2001), celui d’un holisme renouvelé cependant, où les propriétés des phénomènes émergent de l’interaction entre les parties et non d’un tout organique, comme le rappelle vigoureusement Manuel DeLanda (Agencements versus totalités, 2009).

Les caractéristiques des nouvelles approches holistiques - que nous regroupons pour ce numéro spécial des Cahiers du Numérique sous l’étendard de la théorie des agencements - sont maintenant connues : abandon de la distinction micro/macro, place prépondérante des objets, accent mis sur la relation entre entités hétérogènes (relationnisme) et en particuliers sur la force des liens faibles, encastrement des entités, genèse matérialiste des rationalités et idéalités, importance de la performativité qui oriente le regard sur les dynamiques, la topologie et les connexions plutôt que sur les substances. Cette réflexion à nouveaux frais sur la nature de la réalité sociale est consécutivement l’occasion d’un regain d’intérêt pour l’ontologie sociale (Searle, 1995 ou, en France, Livet et Ogien, 2001 et Livet et Nef, 2009), et donc sur ces « entités », que semblent respecifier les DH par accumulation de données et nouvelles techniques d’exploration.

Quel renfort semble venir apporter le formidable développement des technologies numériques actuelles à la question des agencements? La convergence entre l’accroissement des usages sociaux des technologies numériques et l’intégration de la culture numérique dans les pratiques de recherche d’aujourd’hui ne suffit pas pour autant à faire discipline ni même interdiscipline. Aussi ce numéro spécial cherche-t-il à croiser spécifiquement ces pensées de l’agencement - qui ont placé les relations sociotechniques à la base des SHS et de ses objets - au thème des humanités numériques, autour de trois grands questionnements, avec pour objectif explicite de mieux élucider l’apport réflexif et critique de cette dernière démarche à la question des agencements sociaux, leurs modes d’existence et leur compréhension :

Quels agencements
pour les Humanités Numériques ?

sous la direction de Eddie SOULIER Date limite de soumission : 30/06/2013

  • -  Comment comprendre l’interrelation entre le Web grand public comme étant lui- même un agencement ou un dispositif de support et d’inscription de nos conduites sous forme de données et les phénomènes, objets et catégories qui sont au centre des intérêts actuels de connaissance des SHS, des arts et des Lettres? (plan ontologique).

  • -  La tendance à une certaine réduction des comportements aux usages et à leurs traces numériques sous forme de « données », notamment dans le contexte de l’accumulation des données massives et ouvertes, n’est-elle pas elle-même un effet d’agencements sociotechniques porteurs de certaines relations de pouvoir dont il s’agirait de mener à bien une reconceptualisation plus critique ? Les humanités numériques sont-elles suffisamment bien armées pour cela ? De quelles régulations épistémiques se réclament-elles ? La recherche contemporaine s’oriente-t-elle vers un irénisme ultra-empirique ou est-ce plutôt le projet d’une (hyper)démocratisation de la science qui se joue ? (plan épistémique et politique).

  • -  Enfin comment entendre, dans les termes des sciences et des techniques en tant qu’agencements ou méta-réseaux, l’évolution actuelle des pratiques scientifiques et des méthodes de conduite de la recherche et de diffusion de ses résultats induit par les outils numériques et le traitement des données dans le champ des SHS ? (plan axiologique et [de la double] herméneutique).

    Nous sollicitons des contributions couvrant toutes les problématiques autour des agencements sociotechniques et des humanités numériques (liste suivante non exhaustive) :

    Genèse et histoire des humanités numériques
    Intégration de la culture numérique dans les pratiques de recherche
    Usages des outils numériques pour la collecte, la patrimonialisation, l’exploitation et la visualisation des données
    Contribution des humanités numériques à l’innovation intellectuelle et la créativité
    Contours de la science participative
    Fondements théoriques, appareillage critique et méthodologies des humanités numériques Rôle des usages numériques dans la fabrique des événements sociaux (émeutes, révolutions, rumeurs, etc.)
    Apports concrets des outils développés par et pour les digital humanities
    Vérités, justifications et controverses autour de la réalité
    Perspectives de la socio-informatique sur la simulation sociale
    Influence de la communication numérique des résultats scientifiques sur le débat public

    COMITÉ DE RÉDACTION DU NUMÉRO

    • Valérie Carayol, Université de Bordeaux 3

    • Hugues Choplin, Université de Technologie de Compiègne

    • Alexandre Gefen, CNRS-Université Paris 4 Sorbonne

    • Sylvie Grosjean, Université d’Ottawa

    • Olivier Le Deuff, Université de Bordeaux 3

    • Christophe Lejeune, Université de Liège

    • Myriam Lewkowicz, Université de Technologie de Troyes

    • Alexandre Monnin, INRIA - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

    • Gloria Origgi, CNRS-Institut Jean Nicod

    • Sophie Pène, Université Paris Descartes

CALENDRIER
Date limite remise contributions 30/06/2013

Réponse aux auteurs : 15/09/2013
Remise version finale : 30/11/2013
Remise à l’éditeur : 31/12/2013
Parution du numéro : janvier 2014