Collectif
Nouvelle parution
Ph. Ortel (dir.), Discours, image, dispositif. Penser la représentation II.

Ph. Ortel (dir.), Discours, image, dispositif. Penser la représentation II.

Publié le par Marc Escola

Compte rendu sur Acta Fabula : « Le dispositif àl'oeuvre » par Ivanne Rialland.

Discours, image, dispositif. Penser la représentation II
Textes réunis par Philippe Ortel

Paris, L'Harmattan, « coll. Champs visuels », septembre 2008,

270 p.
ISBN 978-2-296-05643-5
24 ,50 €.






Contexte et projet

Articulation d'éléments hétérogènes collaborant à une fin unique, le dispositif est à notre époque ce que la notion de structure a été aux années soixante : un modèle permettant de penser les modes d'organisation conscients ou inconscients de la vie sociale et de la production artistique. Or, autant la notion est devenue courante chez les sociologues, les théoriciens de la communication et les spécialistes du cinéma, autant son élaboration est récente dans le champ de la critique littéraire. Au-delà de la matérialité des supports, à laquelle on pense spontanément (s'agissant notamment de la relation entre le texte et l'image), la notion fait ressortir le caractère composite de tout processus de création et en tire parti pour l'analyse. Le livre montre aussi qu'un dispositif en art est autant capable d'organiser que de défaire, en les parodiant ou en les recomposant, les configurations de l'ordre établi.

Cet ouvrage collectif fait suite à celui dirigé par Pierre Piret paru sous le titre La Littérature à l'ère de la reproductibilité technique. Penser la représentation I (L'Harmattan, coll. « Champs visuels », Paris, 2007. Compte rendu : http://www.fabula.org/revue/document3531.php) et s'inscrit dans le cadre des publications du laboratoire Lettres, Langages et Arts de l'université de Toulouse : L'Écran de la représentation, La Scène, littérature et arts visuels, L'Incompréhensible et Brutalité et représentation . (Comptes rendus : http://www.fabula.org/revue/cr/385.php,http://www.fabula.org/revue/cr/416.php,http://www.fabula.org/revue/document2759.php.



Plan du livre

Discours, Image, Dispositif engage le dialogue entre Bernard Vouilloux, dont on trouvera ici la version développée de l'article qu'il a publié dans la revue Critique au sujet des travaux du laboratoire LLA , et Philippe Ortel, qui lui propose une réponse, autour d'une possible « poétique des dispositifs » (Ce numéro de Critique a fait l'objet d'un compte rendu sur Fabula : http://www.fabula.org/revue/document2552.php.)

Après ce débat initial, le recueil est composé d'une série d'études allant du XVIIIe au XXe siècle et portant sur des objets alliant le discursif au non-discursif, le sémiotique au non-sémiotique (livre illustré, pantomime, affiches, scénographies théâtrales ou photographiques, etc.).

Une bibliographie, faisant l'état des publications les plus significatives sur la notion de dispositif, conclut le livre.

Définir le dispositif

Dans ce livre, la notion de dispositif est saisie dans son histoire et son devenir théorique. Bernard Vouilloux rappelle ce qu'elle doit notamment à la pensée de J.-F. Lyotard, lorsqu'il écrit que « le dispositif, en tant qu'il capte et canalise de l'énergie pour la redistribuer, à la fois suppose une généalogie et implique un devenir : il stabilise certes les processus qui l'ont engendré, mais il ne se justifie que de son activation dans un fonctionnement ». Jean-Pierre Dubost, dans cette perspective, relève, dans la littérature libertine, le même battement contradictoire : « il y aura toujours, pour tout dispositif de représentation érotique une relation à interroger entre un dispositif de capture et un dispositif d'exposition ».
C'est dire l'efficacité médiologique d'une notion capable de penser l'hétérogène dans la représentation. Comme le rappelle Benoît Tane, « le dispositif pourrait être l'interface entre le texte et l'image, entre le travail de l'écrivain et celui de l'illustrateur, entre l'ordre du discours et celui des arts visuels ». Mireille Raynal caractérise cette interface : « le dispositif est dans le dis, la fente qui crée le rapport. Il place en séparant ».
Mais il serait réducteur de cantonner le dispositif à ce que la rhétorique ne sait pas modéliser. Stéphane Lojkine rappelle, après Aristote, que « la fin du discours n'est que superficiellement la persuasion : plus profondément, il s'agit d'anesthésier la position contraire, d'inhiber l'autre point de vue, d'interdire l'expression de la contradiction. Le discours tait ce qu'il tue ». Le discours peut donc lui-même être pensé comme dispositif, car ce qui le définit avant tout, selon Pierre Piret, c'est, moins que le ou les supports par lesquels il se manifeste, « un usage réglé et stratégique, dont les effets de signification restent cependant imprévisibles ».


Table des matières

Avant-propos (Philippe Ortel)

Débat
Bernard Vouilloux, « Du dispositif »
Philippe Ortel, « Vers une poétique des dispositifs »

Les Lumières et l'image
Jean-Pierre Dubost, « Memoria, dispositio, hypotypose : piété impie de l'image libertine »
Michèle Bocquillon, « Le dispositif chez Claude-Joseph Dorat : concept de “l'entre-deux” ou ligne de partage entre discours et image ? »
Benoît Tane, « Les Liaisons dangereuses. Roman épistolaire illustré au XVIIIe siècle et dispositif »
Stéphane Lojkine : « Discours du maître, image du bouffon, dispositif du dialogue : Le Neveu de Rameau »

Défaillances mimétiques
Charles Grivel, « Identifier (le modèle photographique) »
Pierre Ancet, « Le théâtre de la monstruosité. Exhibitions et mises en scène (fin XIXe, début XXe siècle) »
Arnaud Rykner, « La pantomime comme dispositif fin-de-siècle »
Ginette Michaux, « La schize de l'oeil et du regard : la rencontre manquée. Analyse d'un passage de Combray de Marcel Proust »
Mireille Raynal : « “Ce sale oeil de chair le fermer tout de bon” (Samuel Beckett, Mal vu mal dit) : l'entrevision chez quelques écrivains de M(m)inuit »
Christine Buignet, « De la narration à l'ellipse : nouveaux dispositifs dans la photographie contemporaine »

Contrefeux

Catherine Dousteyssier-Khoze, « Note sur un dispositif fin-de-siècle : pub, parodie et poésie »
Pierre Piret, « Roger Vitrac et les paradoxes de l'énonciation surréaliste »
Edward Welch, « Godard, Ernaux et la cartographie du quotidien »

Bibliographie