ORAGES. LITTÉRATURE ET CULTURE (1760-1830)
N° 14 – LE TRAGIQUE MODERNE
Mars 2015
Numéro dirigé par Maurizio Melai
Que devient le tragique lorsque la tragédie rougit les rues, pour reprendre l’expression de Chateaubriand ? Quand la foule se presse au spectacle d’une guillotine qui concurrence l’antre de Melpomène ? Les années 1760-1830 représentent un tournant dans la conception du tragique. Ce tournant est intimement lié aux événements historiques, en particulier à la Révolution et à l’épopée napoléonienne. La tragédie se déplace de la scène théâtrale à la scène de l’histoire et met en question l’optimisme et la raison des Lumières. C’est précisément lorsque la tragédie comme genre théâtral décline que l’adjectif « tragique » commence à être utilisé comme substantif pour devenir une notion philosophique. Celle-ci désigne désormais une vision de l’homme et du monde. La tragédie ne paraît plus capable d’exprimer à elle seule l’expérience traumatique du présent ni de véhiculer le tragique moderne. D’autres genres littéraires et d’autres formes d’écriture se chargent alors de cette tâche, non sans réutiliser la langue, les structures ou les thèmes traditionnellement associés à la tragédie.
TABLE DES MATIÈRES
Éditorial, par Olivier Bara
DOSSIER
Introduction, par Maurizio Melai
I. Tragédie et vécu révolutionnaire
Sophie Marchand, « "La tragédie court les rues" : le lieu du tragique, entre scène et expérience du présent (1760-1799) »
François Lévy, « L’évacuation du tragique dans le "fait historique" révolutionnaire : le cas d’Agricol Viala, ou le jeune héros de la Durance (1794) »
II. Orateurs et historiographes tragiques
Éric Avocat, « "Le discours le plus tragique et le plus pur" : une ébauche de l’hamartia révolutionnaire »
Olivier Ritz, « Les premières histoires de la Révolution sont-elles tragiques ? »
III. Héritages tragiques dans la poésie et le roman
Pierre Loubier, « Élégie héroïque et tragique moderne chez Joseph Treneuil »
François Vanoosthuyse, « Le thème funèbre dans le cycle des Natchez de Chateaubriand. Un problème d’interprétation »
Paul Kompanietz, « Un tragique "entre deux rives" : les romans de Mme de Duras »
TEXTES
René-Charles Guilbert de Pixerécourt, Observations sur les théâtres et la Révolution, texte établi, présenté et annoté par Gauthier Ambrus.
« Mes dernières pensées », Mémoires de Madame Roland, texte présenté et annoté par Sophie Marchand et Maurizio Melai.
CAHIER D’ORAGES
Varia
Sophie Lefay, « Les Voyages pittoresques de Paris. L’écriture des guides de la ville au XVIIIe siècle »
Mélanie Guérimand, « Le Barbier de Séville à Lyon : un rossinisme local ? »
Fil-rouge
Jean-Noël Pascal, « À propos de La Mort de Louis XVI et du Martyre de Marie-Antoinette : l’événement dans la tragédie en 1793 »
Entretien
« L’historien est une sorte de détective ». Entretien exclusif avec Robert Darnton
©Association Orages
Dépôt légal : mars 2015
ISSN 1635-5202
ISBN 978-2-35030-313-0
Directeur de la publication : Olivier Bara
Directeur du numéro : Maurizio Melai
Prix : 24 euros