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Appels à contributions
Mélusine n° XXIV :

Mélusine n° XXIV : "L'universel reportage"

Publié le par Hugues Marchal (Source : Henri Béhar)

Centre de recherches sur le surréalisme
GDR 2223 CNRS


Appel à contribution(s)


Le volume XXIV de Mélusine, coordonné par Myriam Boucharenc, sera consacré à « L'Universel reportage ».

Vous voudrez bien trouver ci-dessous les lignes directrices qu'elle compte donner à ce volume.

Les personnes intéressées par cet appel devront lui indiquer, pour le 15 juin 2003, au plus tard, si elles ont l'intention d'y apporter une contribution, et en quels termes, l'article lui-même, ne dépassant pas 25 000 signes, devant lui parvenir avant le 15 avril 2004.


L'universel reportage


C'est en plein essor de la presse à grand tirage, deux ans à peine après le lancement du Matin, que Mallarmé opère la distinction dédaigneuse entre « littérature » et « universel reportage », dont se souviendront les surréalistes. « Dévorante », « crétinisante », « confusionnelle », au dire de Breton, l'activité journalistique na jamais eu bonne presse parmi le groupe, qui a violemment fustigé le « mercenariat de l'opinion » (Desnos) et la « canaille » écrivante (Arago) à une époque qui voit par ailleurs s'affirmer le triomphe de l'écrivain journaliste. Si le traditionnel journalisme d'idées, de critique et de chronique littéraire ou artistique a bénéficié d'une plus large tolérance (dans des conditions et selon des critères qui restent toutefois à préciser) il n'en fut pas de même de toute une frange d'écrits dans ou pour la grande presse politique ou d'information, avec lesquels on touche aux limites-frontières du surréalisme selon le dogme. Une position diversement partagée et d'autant plus intrigante, qu'en pratique, le rapport poétique ou polémique avec le journal est très présent dans l'activité surréaliste. Sans doute ce dialogue avec le journal et ses acteurs nécessite-t-il, d'ailleurs, que l'on considère aussi la réception du surréalisme dans la presse.

Entérinant pour une large part l'anathème, les études surréalistes ont eu tendance à conforter la coupure entre « uvres vives » et écrits de journalisme, d'une manière qui en appelle aujourd'hui à un élargissement de la perspective. Trajectoires parallèles, véritables carrières professionnelles ou simples incursions la tentation du journalisme a revêtu des formes diverses et touché plus d'un surréaliste : Vitrac, Crevel, Desnos à Paris-Soir, Aragon à Ce Soir, Péret à L'Humanité, Soupault pour Le Petit Parisien ou Excelsior, Georges Henein, etc. : le recensement reste à faire. Redécouvrir ces trajectoires dissidentes, ces articles dispersés et pour beaucoup d'entre eux méconnus, ouvre, en premier lieu, d'importantes perspectives de recherche documentaire : par auteur, par organe de presse à l'exclusion des revues, mais non des hebdomadaires (Paris-Journal, Les Nouvelles littéraires, LHumanité, Vu), par thèmes d'actualité politique, sociale ou culturelle, par « genres » (fait divers, reportage, interview, chronique) et par périodes aussi dans la mesure où la nature des contributions évolue d'une phase l'autre du mouvement.

Sans doute le portrait du surréaliste en journaliste n'est-il pas un mais divers : il conviendra aussi de s'interroger sur le rôle trop hâtivement réduit à la seule raison alimentaire du journalisme au sein comme en marge du surréalisme, de réexaminer les fondements et la validité des antinomies rituelles. Surréalisme et journalisme doivent-ils nécessairement être perçus contradictoirement ? Ne peut-on être surréaliste dans la pratique du journal ? Et réciproquement, passe-t-il quelque chose de l'article à l'uvre ? N'en serait-il rien, que l'activité journalistique ne saurait être tenue pour « nulle », dans la mesure où elle touche à la notion d'engagement, aux liens du rêve et de l'action, comme à la question du réalisme, aux réseaux de sociabilité hors le groupe, bref, à la vie réelle des acteurs du mouvement : autant d'incidences essentielles quand il s'agit de « situer » le surréalisme sur l'échiquier de la modernité littéraire et médiatique.