Édition
Nouvelle parution
M. Frisch, Le public comme partenaire - Interventions esthétiques et politiques 1949-1967 (trad. A. Wiser)

M. Frisch, Le public comme partenaire - Interventions esthétiques et politiques 1949-1967 (trad. A. Wiser)

Publié le par Université de Lausanne

Le public comme partenaire - Interventions esthétiques et politiques (1949-1967)
Max Frisch

Antonin Wiser (Traducteur)

Date de parution : 13/09/2016
Editeur : D'en bas Editions
ISBN : 978-2-8290-0538-1
EAN : 9782829005381
Nb. de pages : 160 p.

 

« Aucun écrivain, me semble-t-il, n’écrit pout les étoiles, tout aussi peu pour le public, mais il écrit pour lui-même », notait Max Frisch en 1958. Et pourtant, le succès de ses romans Stiller (1954) et Homo Faber (1957) a fait soudain exister ce public comme une réalité pressante, qui l’arracha à la solitude de son travail et le convoqua à s’exprimer devant lui en des occasions aussi diverses qu’une foire du livre, un congrès, une remise de prix littéraire ou encore la fête nationale suisse. Le présent ouvrage rassemble les plus importantes de ces interventions, qui frappent par leur lucidité et leur actualité. En chacune d’elles, on lit le souci d’un auteur partagé entre la responsabilité de sa parole publique et la fidélité à ses engagements esthétiques. Frisch interroge ici la véritable nature de l’engagement de l’écrivain, tout en écornant au passage, avec l’ironie mordante qu’on lui connaît, les certitudes, les mythes et les angoisses crispées de ses contemporains. Entrer avec lui dans un partenariat critique, voilà ce que Max Frisch propose à ses lectrices et lecteurs tout au long des dix textes de ce recueil.

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Il s'agit d'un recueil de discours et interventions publiques de l'écrivain, paru en 1967 chez Suhrkamp et qui n'ont pas pris une ride. Textes politiques et esthétiques, ironiques et mordants, engagés dans leur critique de la Suisse bourgeoise de l'après-guerre, ils se révèlent aussi posséder une grande actualité dans le contexte politique actuel – notamment les deux articles contre l'idée d'"Ueberfremdung" ("la crainte de la surpopulation étrangère").

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Max Frisch est né en 1911 à Zurich. Après des études de littérature puis d’architecture, il mènera de front son métier d’architecte et son activité d’écrivain, avant de se consacrer entièrement à l’écriture à partir de 1955. Ses journaux, ses romans (Stiller, Homo Faber, …) et ses pièces de théâtre (Monsieur Bonhomme et les incendiaires, Andora, …) font de lui dès les années cinquante l’une figure majeure de la littérature de langue allemande. Son œuvre fut couronnée de nombreuses récompenses, dont le Prix Georg-Büchner en 1958. Il est mort à Zurich le 4 avril 1991.

Antonin Wiser est docteur en études germaniques (Université de Paris-Sorbonne) et en littérature française (Université de Lausanne). Il est l’auteur de plusieurs traductions à partir de l’allemand et de l’anglais, dont :  Theodor W. Adorno, Amorbach et autres fragments autobiographiques, paru en 2016 aux éditions Allia (Paris). Il a également publié, en 2014, l'ouvrage Vers une langue sans terre. Adorno et l'utopie de la littérature, paru aux Éditions de la Maison des sciences de l'homme (Paris). Il vit et travaille à Berlin et Lausanne.

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Table des matières

Max Frisch, notre partenaire


            Préface du traducteur                  7

Discours de fête                                          13

La culture comme alibi                              21

Notre arrogance envers l’Amérique        29

Les émigrants                                              39

Le public comme partenaire                     57

L’auteur et le théâtre                                 67

Discours du Prix Schiller                           87

Surpopulation étrangère I                                    97

Surpopulation étrangère II                                   101

On peut enfin de nouveau le dire                        127

Remarques                                                  141

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Extrait 

Si l’on appartient au nombre des écrivains qui ont ce bonheur léger de ne ressentir, même en cas de succès, aucune autre vocation que celle d’exercer le métier d’écrivain, parce qu’écrire leur réussit encore mieux que vivre et parce que leurs dimanches ne leur suffisent pas pour tenter de supporter la vie au moyen de l’écriture – si l’on appartient donc, comme celui qui vous parle, à ce genre d’écrivains, on se trouvera alors moins heureux que décontenancé à en découvrir les conséquences : il nous faut, par exemple, tenir des discours, nous montrer. On attend cela de nous. Et plus encore : il faut soudain avoir quelque chose à dire, simplement parce qu’on est écrivain. C’est ainsi que le public se venge de ce qu’on lui a adressé la parole !

Qui est le public ?


Ou plutôt : qu’est-il ?

 

(tiré de : « Le public comme partenaire », p. 57)