Essai
Nouvelle parution
M. Decout, En toute mauvaise foi. Sur un paradoxe littéraire

M. Decout, En toute mauvaise foi. Sur un paradoxe littéraire

Publié le par Matthieu Vernet

Compte rendu publié dans Acta fabula (Août-septembre 2016, vol. 17, n° 4) :

"La littérature, c'est dire ce qu'il faut" par Stéphane Chaudier…

 Maxime Decout, En toute mauvaise foi. Sur un paradoxe littéraire

Paris : Les Éditions de Minuit, coll. "Paradoxes", 2015.

192 p. — 19 EUR — EAN 9782707328571

Dire toute la vérité et rien que la vérité. Vivre dans la transparence et la franchise. Ces préceptes, les chantres du vrai ont voulu les appliquer de force à ce que tout nous désigne comme une forme retorse du mensonge : la littérature. Quelle est la légitimité de cette posture ? N’est-on pas amené à la suspecter, à en reconnaître la fragilité et les impasses ? Car, examinant l’inlassable guerre qui a opposé les tenants de la sincérité (Rousseau, Leiris, Sartre) à leurs détracteurs (Molière, Laclos, Dostoïevski, Gary, Perec), on aperçoit se profiler une autre définition de ce qu’est la littérature.

En toute mauvaise foi : ne serait-ce donc pas ainsi que les œuvres se présentent à nous et se jouent de nous ? C’est-à-dire en s’inscrivant dans une structure qui n’est ni le mensonge ni la vérité, mais leur mélange incertain. Qui affirme en niant et qui dément en proclamant. Sommes-nous pourtant prêts à accepter que tout discours échappe à ce qu’il est tout en continuant de l’être, à admettre que la littérature ne produise qu’une vérité, parfois contradictoire, et non la vérité ?

Percevoir la manière dont l’œuvre pose la mauvaise foi, la suscite et la défie, c’est approcher ce qui constitue sa matière même, tant le moteur de ses intrigues que sa métaphysique implicite ou explicite. Mais c’est aussi repenser son rapport au lecteur, au réel et au savoir. Car il y a un paradoxe commun au menteur et au sincère que seule la mauvaise foi permet de décrire en s’arrachant à nos routines intellectuelles.

Lire les premières pages du livre sur le site de l'éditeur…

Lire sur nonfiction.fr un compte rendu de l'ouvrage :

"Plasticité du discours littéraire", par C. Ruby…

Et sur laviedesidees.fr :

"La mauvaise foi. Fabrique de la littérature", par M. Clément…