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Ludiques. Quand la littérature se met en jeu (McGill)

Ludiques. Quand la littérature se met en jeu (McGill)

Publié le par Université de Lausanne (Source : ADELFIES McGill)

Ludiques. Quand la littérature se met en jeu

L’Association des étudiant·e·s en langue et littérature françaises inscrit·e·s aux études supérieures de l’Université McGill (ADELFIES) vous invite à participer à la onzième édition de son colloque estudiantin : LUDIQUES. Quand la littérature se met en jeu. L’événement se tiendra à la salle de bal de la Maison Thomson (Université McGill), le vendredi 22 mars 2019. 

Des jeux-partis des troubadours jusqu’aux cadavres exquis surréalistes, en passant par les anagrammes, acrostiches ou épigrammes, nombreux sont ces jeux qui investissent la littérature d’un point de vue formel, mais également thématique. Il suffit de penser au Joueur de F. Dostoïevski, au poème Le jeu de Saint-Denys Garneau, aux Échecs de J. L. Borges, à Composition n° 1 de M. Saporta, à la série « Un livre dont vous êtes le héros », à la nouvelle « Jeu d’enfant » d’A. Munro, ou encore à l’Oulipo, qui se démarque peut-être de ces initiatives par son désir explicite de célébrer la part ludique de la production textuelle. 

Toutefois, le ludisme en littérature ne se cantonne pas à ces manifestations formelles ou thématiques. La lecture, envisagée comme acte, a pu être interprétée dans ce qu’elle partage avec le jeu. Citons, à ce sujet, l’ouvrage de M. Picard, La lecture comme jeu (1986), ou J.-M. Schaeffer (1991) qui propose pour sa part de parler des feintises ludiques comme catalyseur de l’immersion fictionnelle. L’avenue ludique de la littérature, abordée dans sa réception, rejoint ainsi la conception du jeu de J. Huizinga, c’est-à-dire « une action qui se déroule dans certaines limites de lieu, de temps et de volonté, dans un ordre apparent, suivant des règles librement consenties, et hors de la sphère de l'utilité et de la nécessité matérielles » (1938). Aussi la critique littéraire peut-elle tout autant se faire jeu. C’est ce qu’illustrent les livres Is Heathcliff a Murderer ? (1996) et Can Jane Eyre Be Happy ? (1997) de J. Sutterland, des casse-têtes littéraires sur les grandes oeuvres canoniques. De même, les approches socio-historiques de A.-M. Thiesse (1984), de J. Radway (1984) ou, plus récemment, de M. Lyons (2001), confirment la chose, en abordant la lecture comme un divertissement. Du livre tel un « plaisir dérobé » (Lyons) au jeu, il n’y a qu’un pas. 

L’avenue féministe, queer ou genrée demeure à explorer. J. Butler aborde la subversion des normes sociales dans son interprétation du caractère parodique et imitateur du drag (2005 [1990]). Par un effet de mimésis, cette pratique dérive de la comédie qui est pour H. Bergson « un jeu, un jeu qui imite la vie » (1950 [1900]). L. Saint-Martin et I. Boisclair reprennent ainsi cette tendance dans le numéro « Féminin/Masculin. Jeux et transformations » (2005) de Voix et images.

À celui qui joue de déterminer s’il le fera en respectant les règles du jeu.  

Cette rencontre permettra aux étudiant·e·s des cycles supérieurs de présenter leurs travaux et de discuter de leurs avancées. Les étudiant·e·s d’études littéraires, de traductologie, de création et d’autres disciplines dont les recherches s’inscrivent dans le thème du colloque sont invité·e·s à nous soumettre un descriptif de communication. Les propositions traitant du rapport entre jeu et littérature sous divers angles théoriques et méthodologiques sont les bienvenues. Sans s’y limiter, les contributions pourront s’inspirer des sujets suivants :

  • Oulipo et pataphysique
  • Ironie, parodie, pastiche, grotesque
  • Jeux surréalistes
  • Scénarios auctoriaux et postures d’auteur·e·s
  • Jeux et enjeux intertextuels
  • La place du jeu dans le champ littéraire
  • Ludismes subversifs et subversions ludiques
  • Jeux de mots : calembours, contrepèteries, etc.
  • Théories de la réception : l’acte de lecture comme jeu
  • Traduire le jeu : défis et potentiels
  • Traductions ludiques
  • Paralittérature, genres dits mineurs et culture populaire
  • Livres-jeux - Littérature jeunesse
  • Théories du jeu
  • Masques et artifices
  • Figures et représentations : clowns, fous du roi, etc.
  • Narrations expérimentales  

Faites parvenir votre proposition de communication d’un maximum de 250 mots ainsi qu’une brève notice biographique à l’adresse colloqueadelfies2019@gmail.com avant le 5 janvier 2019. Les communications, d’une durée de 20 minutes, seront suivies d’une période de questions. 

Les organisateurs·rices souhaitent rendre cet événement aussi accessible que possible. N’hésitez pas à communiquer avec le comité organisateur si vous avez des questions concernant l’accessibilité au colloque ou si vous avez besoin d’accommodements spécifiques.  

 

Bibliographie 

BUTLER, Judith. Trouble dans le genre, Paris, La Découverte, 2005. (Édition originale parue en 1990 sous le titre : Gender Trouble, New York, Routledge.) 

HUIZINGA, Johann. Homo Ludens, Paris, Gallimard, 1938. LYONS, Martyn. « Les nouveaux lecteurs au XIXe siècle », dans Guglielmo Cavallo, Roger Chartier et Robert Bonfil (dir.), Histoire de la lecture dans le monde occidental, Paris, Seuil, 2001, p. 393-429. 

PICARD, Michel. La lecture comme jeu, Paris, Minuit, 1986. 

RADWAY, Janice. Reading the Romance, Chapel Hill : University of North Carolina Press, 1984. 

SAINT-MARTIN, Lori et Isabelle BOISCLAIR (dir.). « Féminin/Masculin. Jeux et transformations », dossier spécial, Voix et Images, vol. 2, no 95, hiver 2007.  

SCHAEFFER, Jean-Marie. Pourquoi la fiction ?, Paris, Seuil, 1991. 

SUTHERLAND, John. Is Heathcliff a Murderer ?, Oxford, Oxford University Press, 1996. 

---------- Can Jane Eyre Be Happy ?, Oxford, Oxford University Press, 1997. 

THIESSE, Anne-Marie. Le lecteur au quotidien. Lecteurs et lectures populaires à la Belle époque, Paris, Le Chemin vert, 1984.