Actualité
Appels à contributions
Littérature et université. L’enseignement en question (Congrès APFUCC 2020, London, Canada)

Littérature et université. L’enseignement en question (Congrès APFUCC 2020, London, Canada)

Publié le par Marc Escola (Source : Kathryne Fontaine)

Littérature et université. L’enseignement en question.

Colloque 2020 de l'APFUCC

30 mai - 5 juin 2020

 

ATELIER 8

Littérature et université. L’enseignement en question.

« L’université », observe en 2006 Antoine Compagnon dans sa leçon inaugurale au Collège de France, « connaît un moment d’hésitation sur les vertus de l’éducation générale, accusée de conduire au chômage et concurrencée par des formations professionnelles censées mieux préparer à l’emploi, si bien que l’initiation à la langue littéraire et à la culture humaniste, moins rentable à court terme, semble vulnérable dans l’école et la société de demain ». Si le caractère moribond des études littéraires n’est pas un souci récent – Compagnon cite à ce sujet Louis de Bonald qui, déjà à la fin du XVIIIe siècle, prévoyait « la chute prochaine de la république des lettres, et la domination universelle des sciences exactes et naturelles » – plusieurs départements de langue et littérature française au Canada ressentent présentement les effets de ce que certains ont appelé la « crise des humanités ». Baisse des effectifs, réductions des budgets, annulation de programmes, fusions départementales, embauche de contractuel.le.s, désintérêt de la clientèle; ces phénomènes prennent la forme d’une chaîne causale sans origine claire : triomphe d’un utilitarisme qui va nous tuer tous, les profs des « humanités »? Manifestation d’appels au changement des approches d’enseignement ? Manque d’esprit marketing des profs et des départements ?

Reconnaissant les défis associés à cette tendance, Universités Canada organisait en mars 2016 l’atelier « L’avenir des arts libéraux : un dialogue mondial », en partenariat avec la Fédération canadienne des sciences humaines. La même année, le 84e congrès de l’ACFAS se penchait sur le rapport à la lecture et à la littérature des enseignant.e.s du collégial et sur leurs méthodes didactiques. En 2018, le CRILCQ tenait une journée d’étude intitulée « L’enseignement de la littérature au collégial : et si on l’imaginait autrement… ». Tout dernièrement encore, le magazine L’Inconvénient faisait paraître un numéro intitulé « Grandeur et misère de l’université », dans lequel les contributions de Maxime Prévost et de Julia Chamard-Bergeron participent d’un travail d’introspection de la littérature dans le cadre de l’enseignement supérieur. 

De ces concertations ressortent plusieurs axes de réflexion. On considère nécessaire de réunir des expert.e.s, notamment des professeur.e.s prêt.e.s à expérimenter et à prendre des risques dans leur manière d’enseigner, pour repenser les programmes et redynamiser les arts libéraux. On réfléchit à la formation des professeur.e.s en littérature, qui les outille peu pour l’enseignement. On constate une rupture entre les cours de littérature prodigués aux étudiant.e.s du secondaire et ce que leur propose le collégial et l’université. On remet enfin en cause la figure de l’enseignant.e-chercheur.e universitaire, dont la posture double est censée favoriser l’enrichissement mutuel de l’institution littéraire et de l’heuristique des textes. Cette dualité entraîne cependant parfois, selon Dominique Maingueneau, un cloisonnement des corpus et des approches méthodologiques : la littérature en tant que discipline institutionnelle ne se reconnaîtrait pas toujours dans la littérature en tant que discipline de recherche, et l’hétéronomie de ces deux « cultures » nuirait au renouvellement de la compréhension de l’objet littéraire. 

Comment donc créer une meilleure synergie entre la recherche, la publication, et la facilitation des apprentissages auprès de nos étudiant.e.s ? Comment revitaliser l’enseignement de la littérature dans nos universités? Quelles méthodes, quelles approches, quels textes, se prêtent le mieux à l’atteinte de nos objectifs? Qu’est-ce qui plaît aux étudiant.e.s (ou déplaît!)? Et aux autorités administratives? Comment ces objectifs ont-ils évolué depuis que la littérature s’est constituée en tant que discipline universitaire? Quelles initiatives ont porté fruit? Comment enseigner tel ou tel classique de nos jours, pourquoi, et avec quels outils? Quelles œuvres se prêtent mieux aux clientèles spécifiques de nos départements? Comment concilier les principes qui sous-tendent un enseignement de qualité et les contraintes administratives?

Cet atelier vise à s’inscrire à la suite des réflexions déjà entamées et à créer une opportunité d’échange entre collègues sur l’expérience d’enseignement et sur le rapport entre nous, chercheur.e.s, la littérature, et les étudiant.e.s. Partant du postulat que « la littérature n’est plus le mode d’acquisition privilégié d’une conscience historique, esthétique et morale, et [que] la pensée du monde et de l’homme par la littérature n’est pas la plus courante » (Compagnon), il s’agit de partager les moyens mis en œuvre pour vivifier et protéger l’étude de la littérature à l’université. 

Les expériences d’enseignement (approche, méthode, corpus nouveau, réaction des étudiant.e.s) prendront la forme de communications d’une durée de 10 à 20 minutes suivies de périodes de questions et de discussion (pour totaliser 30 minutes par intervenant), et pourront par exemple s’articuler autour des problématiques suivantes (liste non exhaustive) :

  • Initiatives hors classe : artiste en résidence, publications étudiantes, soirées littéraires, sorties…
  • La place de l’histoire littéraire dans l’enseignement
  • Médias de masse, sous-littérature, paralittérature
  • Investissements du littéraire par la philosophie morale analytique et la théorie des émotions
  • L’éducation sentimentale par la littérature
  • Littérature et éthique pratique et spéculative
  • La littérature comme instrument d’ouverture sur l’altérité/comme expérience de l’altérité
  • Littérature et monde/littérature et actualité
  • Littérature et doxa
  • Le formalisme en cause
  • Wikipédia et l’université
  • Le mouvement des « Cultural studies »
  • Interdisciplinarité
  • Littérature et contraintes administratives
  • Recherche et enseignement
  • Point de vue étudiant (les étudiant.e.s de premier, deuxième et troisième cycle qui voudraient contribuer par une réflexion, la description d’une expérience, des propositions, sont les bienvenu.e.s, seul.e.s ou avec leur professeur.e

*

Date limite pour l’envoi des propositions (250-300 mots) avec notice biobibliographique : le 15 décembre 2019.

 Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des organisateurs de l’atelier avant le 15 janvier 2020 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2020 pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence et l’adhésion est le 10 avril 2020 au-delà de quoi le titre de votre communication sera retiré du programme. 

Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque de 2020. Toutes les communications doivent être présentées en français (la langue officielle de l’APFUCC) en personne, même dans le cas d’une collaboration. 

*

Bibliographie

Chamard-Bergeron, Julia. « Donner à lire, encore », L'Inconvénient 77 (été 2019), 44-8.

Compagnon, Antoine. La littérature, pour quoi faire ? : Leçon inaugurale prononcée le jeudi 30 novembre 2006 [en ligne]. Paris : Collège de France, 2007. http://books.openedition.org/cdf/524, consulté le 28 août 2019. 

Maingueneau, Dominique. « Les deux cultures des études littéraires ». A contrario 4, no 2 (2006): 8 18.

Prévost, Maxime. « Confessions d’un directeur de département », L'Inconvénient 77 (été 2019), 17-24.

*

Responsables de l’atelier :

Kathryne Fontaine, Collège militaire royal du Canada

kathryne.fontaine@rmc.ca

Soundouss El Kettani, Collège militaire royal du Canada

Soundouss.El.Kettani@rmc.ca.