Collectif
Nouvelle parution
D. Kalifa (éd.), Les noms d'époque. De Restauration à Années de plomb

D. Kalifa (éd.), Les noms d'époque. De Restauration à Années de plomb

Publié le par Université de Lausanne

Compte rendu publié dans Acta Fabula (Décembre 2020, vol. 21, n° 11) : Le nom fait (l’)époque par Christophe Cosker

 

Les noms d'époque. De «Restauration» à «années de plomb»

 

Ouvrage collectif de

Philippe Boutry, Jean-Claude Caron, Johann Chapoutot, Venita Datta, Laurent Douzou, Jeanne Moisand, Pascal Ory, Emmanuelle Retaillaud, Marie-Pierre Rey, Willa Z. Silverman, Isabelle Sommier, Carlotta Sorba et de Miles Taylor.

Édition publiée sous la direction de Dominique Kalifa

Collection Bibliothèque des Histoires, Gallimard

Parution : 23-01-2020

 

Le temps est la matière vive de l’Histoire, que l’on s’attache de longue date à découper et à périodiser. Ainsi sont nés les époques, les périodes ou les âges de notre histoire. À ces «divisions imaginaires du temps», selon l’expression de Charles Seignobos, les historiens ont consacré de nombreux et importants travaux. Un aspect est demeuré cependant en retrait : celui qui a trait aux noms et dénominations de ces époques.

On ne s’est en effet jamais contenté de «découper l’Histoire en tranches», on l’a dotée d’une kyrielle de noms propres – de «Moyen Âge» à «Belle Époque», de «Renaissance» à «Ancien Régime» –, qui pèsent sur la compréhension du passé. Car nommer n’est jamais neutre. La désignation d’une période charrie avec elle tout un imaginaire, une théâtralité, voire une dramaturgie qui viennent en gauchir l’historicité, et donc la signification. Élucider les noms d’époque – les linguistes disent «chrononymes» – constitue donc une opération essentielle pour qui souhaite envisager le passé sans anachronisme ni faux-semblants.

C’est à cette entreprise que ce livre est consacré. Les quatorze essais qui le composent s’attachent à quatorze «noms d’époque» du contemporain, choisis parmi les plus usuels, en France comme à l’étranger. L’enquête débute au lendemain de la Révolution française, qui a échoué à réordonner le temps, mais réussi à le bouleverser. Elle s’achève dans les dernières années du XXe siècle. Entre-temps se dévoilera une large partie de l’histoire contemporaine, du «Risorgimento» à la «Fin de siècle», du «Gilded Age» aux «Trente Glorieuses», des «Années folles» aux «années noires».

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On peut lire sur laviedesidees.fr un article sur cet ouvrage :

"Le petit nom des grandes époques", par Christophe Charle (en ligne le 30 avril 2002).

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P. Assouline a consacré un billet à ce volume sur son blog larepubliquedeslivres.com:

"Quel chrononyme pour notre début de siècle ?" (en ligne le 22 février 2020)

"Demandez dans le feu d’une conversation amicale quand commence et quand s’achève la guerre d’Algérie. Polémique assurée ! Il en va de même d’autres moments de notre histoire. L’Histoire ne se laisse pas facilement découper en tranches, même si l’on sait que la vocation d’un historien est d’étudier des problèmes plutôt que des périodes, quand il ne s’agit pas de problématiser les périodes. Il était temps qu’une étude, qui ne pouvait être qu’une œuvre collective rassemblant les contributions de différents spécialistes (tous les noms ici), éclaire la question à nouveaux frais. Dominique Kalifa (Paris I) s’en est fait le maitre d’œuvre avec Les noms d’époque (348 pages, 23 euros, Gallimard), passionnant recueil de contributions de la « Restauration » aux « Trente glorieuses ». Cet historien tient que notre rapport à l’histoire est fait d’un « palimpseste de temporalités ». Mais encore ?

Il fallait d’abord conceptualiser la chose. Les linguistes s’y sont attelés avant les historiens classifiant la pratique en quatre types : toponymes événementiels (Tchernobyl…), héméronymes (Saint-Barthélémy…), praxonymes (Grande guerre…), chrononymes (Sixties…). Le besoin que la société a de nommer des actes pour leur donner une cohérence a assuré la domination du chromonyme sur les autres. […]" Lire la suite…