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Les Lumières/Aufklärung. Une notion de lutte. Stratégies intellectuelles et controverses transculturelles (Sarrebrück)

Les Lumières/Aufklärung. Une notion de lutte. Stratégies intellectuelles et controverses transculturelles (Sarrebrück)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Sophia Mehrbrey)

Appel à communication

‘Les Lumières/Aufklärung’ – une notion de lutte.

Stratégies intellectuelles et controverses transculturelles

Colloque interdisciplinaire

Université de la Sarre

30 sept. - 2 oct. 2020.

 

Comité d’organisation:

Dr. Johannes Birgfeld

Prof. Dr. Stephanie Catani

apl. Prof. Dr. Anne Conrad

 

« Les Lumières » (ou l’équivalent allemand « Aufklärung ») ne sont pas seulement une notion controversée à l'époque de Diderot, Hume, Kant, Leibniz, Lessing, Madame de Staël, Robertson, Voltaire, Wieland ou Wolff, mais restent jusqu’à nos jours un concept central pour définir les sociétés occidentales. En raison notamment de l'émergence de positions extrémistes (radicalisme de gauche et de droite, fondamentalisme religieux), la souveraineté d'interprétation sur l’essence et sur la légitimité de la pensée des Lumières fait l’objet de débats acharnés. On peut se demander si « Lumières/Aufklärung » en tant qu’objet de recherche doit être pensé au pluriel afin de répondre à la diversité des concepts et des pratiques.

Partant des Lumières européennes du XVIIIe siècle, la conférence vise à examiner les discours et les pratiques des Lumières dans les domaines les plus divers jusqu’à nos jours et à les mettre en relation. Sont bienvenues des propositions issues de disciplines diverses, telles que l’histoire, la théologie, les études littéraires, les études culturelles ou encore les sciences des médias. Nous invitons les chercheurs à examiner des textes littéraires, des stratégies médiatiques, des discours et des événements historiques dans l’objectif de mettre en évidence leur implication dans les débats sur les concepts et les pratiques des Lumières.

La conférence cherche à discuter des processus trans- et interculturels d'échange et de débat qui ont jusqu’ici été négligés dans les traditions nationales de recherche. Un intérêt particulier sera accordé au discours colonial dans la littérature de fiction, dans la littérature théologique ou encore dans les travaux encyclopédiques et scientifiques. Le colloque vise à interroger les concepts alternatifs des Lumières ainsi que la pertinence de la religion dans ces processus. Il cherche également à aborder les ambivalences, les résistances et les controverses qui naissent de la réception des Lumières européennes dans de nouveaux contextes : ainsi nous aimerions discuter les impulsions qui sont nées de la confrontation avec des cultures non européennes, ainsi que les processus problématiques d'appropriation et d'expropriation qui y sont associés – en particulier lorsqu’on attribue les Lumières à une identité spécifiquement européenne. En outre, il faudra demander comment des discours de réflexion et d’exclusion, par le recours aux Lumières, participent à la construction d’une identité européenne. Dans cette perspective, les « côtés sombres » des Lumières seront également examinés, en mettant l’accent sur les catégories de genre, d’ethnicité et de classe : c’est-à-dire les histoires refoulées des Lumières, qui représentent une modernité contrapuntique et qui constituent des processus d'hybridation et de transculturation mutuelle. 

La conférence se concentre délibérément sur le concept « Lumières/Aufklärung » en tant que notion de lutte pour demander comment l’idée des Lumières, ainsi que le langage et les métaphores qui lui sont associés, a été utilisée pour imposer ou combattre certains concepts, structures et pratiques. C’est précisément ici que des ponts doivent être jetés vers les débats actuels, car l’impact international et transculturel de la notion de Lumières se montre notamment là où elle est transférée dans un discours contemporain qui renégocie la maturité de l’homme au XXIe siècle et qui pose à nouveau la question de la dialectique des Lumières (à la suite de Horkheimer et Adorno).

Des exemples de problématiques à aborder sont :

  • Quels controverses, mécanismes d’exclusion ou paradoxes des Lumières sont déjà ancrés dans le XVIIIe siècle ?
  • Dans quels contextes culturels et médiatiques les Lumières deviennent-elles une « notion de lutte » ?
  • Dans quelle mesure la réactualisation des Lumières en tant que « notion de lutte » appartient-elle aux influences des Lumières conçues dans un sens dialectique ?
  • Quel est le lien entre le colonialisme européen et le projet des Lumières ?
  • Quelles sont les stratégies utilisées pour établir telle ou telle conception des Lumières ?
  • Quelles sont les raisons pour lesquelles certaines conceptions des Lumières n’ont pas su s’imposer, au XVIIIe siècle comme aujourd’hui ?
  • Comment les différentes conceptions des Lumières changent-elles par le biais du contact culturel et des rencontres interculturelles, loin des centres du discours dans les périphéries géographiques et discursives ou à l’intérieur de structures de pouvoir asymétriques ?
  • Quels sont les médias qui ont été ou sont de préférence utilisés comme médias des Lumières, quels sont les défis et les problèmes spécifiques aux médias qui se posent aux projets des Lumières aujourd’hui ?
  • Comment les projets des Lumières abordent-ils l’opposition, inhérente au concept de Lumières, entre « hommes éclairés » et « hommes à éclairer », comment traitent-ils les récits d'une opposition entre les élites et les foules oubliées ?
  • Comment l’optimisme face au progrès et la croyance en la raison sont-ils renégociés à l’ère numérique ?

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Les propositions pour une présentation de 25 minutes sont à envoyer avant le 5 avril 2020 sous forme d’un résumé (allemand, anglais ou français) d’une page maximum, accompagné d’un court CV scientifique, aux adresses suivantes :

j.birgfeld@mx.uni-saarland.de

stephanie.catani@uni-saarland.e

a.conrad@mx.uni-saarland.de

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Une publication des actes du colloque est prévue.

Les frais de voyage et d’hébergement peuvent probablement être couverts.