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Les Amériques, territoires du livre (Appel à contribution pour le numéro 15 de la revue RITA)

Les Amériques, territoires du livre (Appel à contribution pour le numéro 15 de la revue RITA)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : François Weigel)

APPEL À CONTRIBUTIONS - RITA N°15

Le comité de rédaction de la revue RITA a prolongé les délais de publication pour l'appel à contributions de son numéro 15 (à paraître en septembre 2022). La section thématique aura pour titre « Les Amériques, territoires du livre ». RITA accueille aussi des textes hors thématique dans sa section Champ libre.
Vos articles complets sont attendus en français, anglais, espagnol ou portugais pour le 27 octobre 2021 (revue.rita@gmail.com).

Les Amériques, territoires du livre

En 2020, un projet d’instauration d’une taxe sur le livre au Brésil (secteur qui avait été exempté jusqu’alors), porté par le ministère de l’Économie, s’est heurté aux milieux de l’édition dans le pays et a finalement été enterré par l’action des milieux évangéliques éternels soutiens du gouvernement Bolsonaro. Dans un pays où la Bible reste l’un des livres les plus vendus et où les records de vente sont détenus par des maisons d’édition religieuses, il est évident que cela ne pouvait que représenter un objet de conflit entre éditeurs de textes religieux et le gouvernement Au-delà de sa dimension anecdotique, ce fait interroge sur l’objet livre, qui pour aussi anodin et quotidien qu’il puisse paraître, n’en est pas moins stratégique. Cet objet peut être appréhendé dans sa matérialité, comme le fait Roger Chartier - en observant sa circulation, son stockage, ses ventes et achats, officielles ou clandestines -, mais aussi dans son contenu.

Les Amériques apparaissent alors comme de passionnants territoires du livre en tant qu’objet circulatoire et vecteur de pensées, d’idées, d’apprentissages, de méthodes, de savoir-faire ou même d’histoire et d’évasion. Avec les grands voyages européens, les Amériques deviennent un objet de description et un sujet d’écrits ; on peut à cet égard aussi bien citer Christophe Colomb qu’Americo Vespucci ou Jean de Léry. De Montaigne aux philosophes des Lumières, les penseurs européens nourrissent leurs réflexions sur la société à partir de l’expérience radicale de l’altérité (Mello Franco, 1937 ; Lestringant, 1994) que leur font éprouver les récits sur les Amériques. Au fil de la colonisation, la circulation et la production locale de livres ont été non seulement un enjeu majeur de gestion (dans le cas du Brésil par exemple, le livre arrive en provenance du Portugal après censure et l’impression et la publication sont interdits sur place jusqu’en 1808) (Hallewell, 2005), mais aussi un vecteur de circulation des idées pour le développement de ces territoires ultra-marins. L’influence des écrits du philosophe neuchâtelois Emer de Vattel dans le processus constitutionnel nord-américain (Richarson, 2012) témoigne de ces enjeux de circulation entre métropole et colonie. De l'époque coloniale jusqu'à aujourd'hui, de la destruction des codex aztèques à la commercialisation internationale des e-books, se concentrer sur l'histoire de l'objet livre dans (et sur) les Amériques, c'est donc se pencher sur les histoires imbriquées de l'écriture, de l'édition, de la lecture, sur les évolutions de ces pratiques socioculturelles (Amory et Hall, 2007).

Les contributions pourront suivre plusieurs pistes de réflexion. Un questionnement peut être mené autour de la constitution des bibliothèques privées comme publiques dans les Amériques (Midori Daecto, 2011 ; Martins, 2015), sans oublier les questions de sociologie et d’histoire de la lecture. Enfin, les nouvelles modalités de lecture et de réception du livre dans l’ère numérique ont, ces dernières années, fortement suscité le débat et mènent à s’interroger sur le rapport au livre qu’entretiennent les individus. Les GAFAM étant des acteurs majeurs de ce débat, la présence des Amériques y est évidente.

Il conviendrait également de s’interroger sur l’émergence et les transformations des maisons d’édition à capitaux locaux, sur la vie et le positionnement des auteur·es, éditeure s, libraires, bibliothécaires, lecteurs·ices, commentateurs·ices : tout un ensemble d’acteurs·rices qui font la production, la circulation, et le commentaire du livre vers, dans et depuis les Amériques (pour une analyse de l'impact de la révolution numérique sur l'industrie du livre à l'échelle mondiale, Thompson, 2021). Ainsi pourra-t-on aussi bien se pencher sur la constitution de champs littéraires et éditoriaux nationaux ou régionaux, comme le font Pierre Bourdieu (1998) ou Franco Moretti (2000), que sur la circulation du livre dans une logique bilatérale.

Parmi les interrogations soulevées par ce sujet, on retrouve aussi la formation de l’identité des sociétés américaines à travers le livre, les marchés éditoriaux, la place des géants internationaux comme Amazon, les initiatives populaires, telles que le mouvement des « cartoneros », qui cherchent à faire circuler la poésie à l’encontre des logiques commerciales. Sur le plan littéraire, les innovations d’une écriture inspirée par le développement des réseaux sociaux ou des moyens numériques sont des pistes ouvertes par un tel sujet qui nous semblent être au cœur d’enjeux centraux pour le devenir des sociétés, des économies et des pratiques artistiques dans les Amériques.

Il semble également nécessaire de penser le livre dans ses usages scolaires aussi bien que dans ses usages techniques, de l’envisager comme l’enjeu d’un commerce au service d’une clientèle captive d’écolier·es et d’étudiant·es, mais également comme un support de savoirs techniques et scientifiques dans des domaines divers (industriels, miniers, agricoles etc…).

Pour conclure, il reste essentiel d’observer que le livre est tout aussi bien un contenu que l’objet qui matérialise celui-ci dans sa circulation. Ainsi, nous accepterons des travaux issus de toute discipline des sciences humaines et sociales à même de dessiner une place du livre dans les Amériques.

Ainsi, à l’occasion de son quinzième numéro, RITA propose, dans sa section Théma, d’explorer les Amériques comme territoires du livre à travers les différentes approches mentionnées dans cet appel.

Pour sa partie Théma, les textes attendus doivent respecter les critères suivants :

50 000 signes maximum (notes, bibliographie et espaces compris)
Les articles peuvent être rédigés en français, anglais, espagnol ou portugais
Ils doivent être accompagnés d’un résumé (1 000 signes env.) et de 3 à 5 mots-clefs.

Par ailleurs, comme à son habitude, en plus de sa partie thématique, le prochain numéro de RITA comportera une section non thématique, Champ libre, pour laquelle toute contribution est également la bienvenue. Cette section est divisée en cinq rubriques, comme suit :

- Les Notes de recherche sont des articles présentant une recherche en cours ou aboutie, dont le sujet ne correspond pas à la thématique du numéro. Elles doivent comporter une problématique, présenter une méthodologie claire et détaillée et prendre la forme d’une réflexion scientifique (40 000 signes maximum, notes, bibliographie et espaces compris)
- La Fabrique de la recherche a pour objectif de poser des questions d’ordre méthodologique ou de traiter spécifiquement d’outils théoriques (15 000 signes maximum, notes, bibliographie et espaces compris)
- Les Résumés de mémoire ou de thèse permettent de donner de la visibilité aux recherches les plus récentes dans une version concise (25 000 signes maximum, notes incluses, bibliographie et espaces non compris).
- Les Synthèses de recherche proposent des recensions d’ouvrages parus récemment et portant sur des thématiques américaines (35 000 signes maximum, notes, bibliographie et espaces compris).
- La rubrique Regards sur les Amériques offre l’opportunité de publier des textes dont l’expression et la forme sont plus libres tels que des récits d’expériences de terrain, des réflexions personnelles sur une thématique ou un objet d’étude singulier, ou des analyses littéraires (30 000 signes maximum, notes, bibliographie et espaces compris).

Les articles complets et respectant les normes de la rubrique choisie (pour plus de détails, consulter : http://www.revue-rita.com/note-aux-auteurs/normes-de-presentation.html) sont attendus jusqu’au 27 octobre 2021 à l’adresse suivante :

revue.rita@gmail.com

Nous rappelons que les articles peuvent être écrits en anglais, en espagnol, en français et en portugais.

Une première sélection des textes sera effectuée par le Comité de Rédaction qui informera les auteurs de l’acceptation ou du refus de leur article au cours du mois de novembre 2021.

Par la suite, les textes retenus pour les sections Théma et Champ libre seront évalués par des lecteurs·rices anonymes. Les articles pourront être refusés ou acceptés avec ou sans modifications.

Le numéro 15 de RITA sera publié au début du deuxième semestre 2022.

Nous rappelons que les articles doivent être inédits et non soumis simultanément à d’autres revues.
Pour plus d’informations: http://www.revue-rita.com/numero-a-venir/appel-en-cours.html