Le théâtre côté texte : le public de la publication
Colloque international organisé par le CEREdI, Université de Rouen
22, 23 et 24 mai 2007
Comité d'organisation : Ariane FERRY et Florence NAUGRETTE
Comité scientifique : Georges FORESTIER (Paris-IV Sorbonne), Daniel MORTIER (Rouen) Jean-Marie THOMASSEAU (Paris 8), Jeanne Balibar (comédienne).
Molière et Diderot l'ont magnifiquement dit, le théâtre est fait pour être joué, et se définit avant tout comme un art du spectacle. Les approches littéraires de ce genre ne peuvent plus, depuis de nombreuses années, faire l'économie de cette dimension spectaculaire fondatrice. Les enseignants le savent bien, sans le contact direct avec la représentation, la connaissance du théâtre reste limitée, imparfaite, décevante, et peu pertinente. Le texte de théâtre, c'est un fait aujourd'hui bien connu, est en manque de représentation.
Cependant, le texte de théâtre, depuis qu'on le publie, vit aussi son existence propre. Quel type d'accès au théâtre la lecture du texte autorise-t-elle ? C'est la question à laquelle ce colloque voudrait répondre, sous ses aspects indissociablement génériques, historiques, sociologiques, et éditoriaux.
À QUI PROFITE LE TEXTE ?
On commencera par se demander quelle est la nature du texte de théâtre, qui a trouvé, historiquement, des définitions diverses. Peut-on encore le considérer comme une oeuvre littéraire à part entière, dont la grandeur pourrait se mesurer à sa capacité à se passer de la représentation, comme l'ont jugé certains lecteurs du Cid, ou comme le pensait encore le jeune Claudel, qui se méfiait de la scène comme d'une manifestation extérieure nécessairement réductrice et décevante ? Ou bien est-il une trace de la représentation originale, un relevé des répliques et des indications scéniques nécessaires à se figurer ce qu'on n'a pas pu voir, un témoin purement livresque de la représentation ? Que faire, notamment, de la publication des textes issus d'un événement théâtral précis, depuis les créations collectives de Mnouchkine jusqu'au théâtre-performance contemporain en passant par le travail d'improvisation précédant l'écriture d'un Philippe Caubère? Tournée vers l'avenir cette fois, et non plus seulement vers l'origine, l'image de la partition en attente d'exécution oriente vers un autre type de lecture : le livre devient un support du « rôle » de l'acteur, que peut reprendre à son compte le lecteur imaginatif pour inventer son théâtre intérieur. En somme, que publie-t-on quand on publie du théâtre ?
La question sera envisagée à la fois sous son angle poétique, pour définir l'essence et l'existence du texte de théâtre en fonction des habitudes de lecture et des types de lecteurs, et sous son angle historique, en fonction des pratiques et champs éditoriaux d'une époque.
L'AVENTURE EDITORIALE
On s'interrogera sur les formes prises au cours des siècles par la publication du théâtre, en volumes séparés, en oeuvres complètes, en revues spécialisées à l'attention des praticiens et amateurs (comme le Magasin théâtral, au XIXe siècle, ou L'Avant-scène théâtre aujourd'hui), en collections de répertoire (TNP, Comédie Française, TNS, etc.), en petits classiques à l'intention des collégiens, des lycéens et des étudiants comme de leurs enseignants, en éditions savantes à l'usage des chercheurs. Quelle place y accorde-t-on, selon les époques, selon les stratégies éditoriales aussi, au paratexte qui fournit lui aussi un accès au théâtre (préfaces, dossiers pédagogiques, illustrations, notes de l'éditeur ou de l'auteur, qui, tel Hugo, accompagnait la publication de certaines de ses pièces d'instructions à l'usage des troupes de province, ou telles les indications de Genet sur la mise en scène des Paravents, intégrées au texte lui-même…). Quel rôle spécifique les institutions théâtrales elles-mêmes jouent-elles dans cette production, par le biais de leurs librairies et des commandes liées à la programmation ?
Ce colloque universitaire donnera également la parole aux praticiens du texte de théâtre.
Les propositions de communication (environ 15 lignes) seront examinées par le Comité Scientifique, et sont à adresser avant le 31 octobre :
Par courriel: A. Ferry loreniane@wanadoo.fr ou F. Naugrette naugrette.maurice@wanadoo.fr
Ou par courrier postal, à l'une ou l'autre, Département de Lettres Modernes, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Rouen, 76821 Mont Saint Aignan Cedex