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Le brouillon à l'ordre. Pratiques et supports de l'inventio en cours de français (Univ. de Pau, France)

Le brouillon à l'ordre. Pratiques et supports de l'inventio en cours de français (Univ. de Pau, France)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Bérengère Moricheau-Airaud)

Les programmes de l’enseignement du français au collège définissent le brouillon comme le « lieu de l’invention et de l’organisation des idées1 », évoquant l’héritage de la tradition rhétorique de l’inventio. Il est un support dont l’usage doit être « systématisé » tout au long des niveaux du collège, assurant progressivement une plus grande autonomie de l’élève dans les travaux d’écriture, de lecture et de compréhension. Si les programmes de lycée ne mentionnent pas explicitement cette pratique, c’est qu’elle semble être induite par les nouvelles attentes méthodologiques et analytiques et finalement qu’elle semble aussi être considérée comme acquise.

Et pourtant, on observera aisément au sein d’une même classe à quel point les comportements varient et les obstacles surgissent, pour des élèves de tous âges et de tous niveaux. Il y a ceux qui considèrent le brouillon comme un écrit intime, qui se refuse au regard extérieur, ce qui a pour effet d’entraver la correction et même l’autocorrection. Il y a ceux encore pour lesquels le brouillon est un écrit qui demeure transitoire, et qui s’accorde mal avec le caractère définitif d’un « travail » (« au propre ») attendu par l’enseignant. Il y a ceux aussi pour lesquels ce statut provisoire a déjà sollicité des efforts jugés suffisants. Enfin, il y a ceux qui ont tellement investi la page du brouillon, à grand renfort de signes et de ratures, que le résultat est un travail que l’on ne peut plus ou que l’on ne sait plus lire. La variété des comportements se retrouve d’ailleurs dans celle des brouillons, faits diversement de remue-­‐‑méninges, de tableaux, de schémas, de listes, de croquis et même de textes rédigés.

Les études génétiques ont depuis les années 1970 largement diffusé l’intérêt et la richesse d’approcher le texte par « l’avant-­‐‑texte » (Jean Bellemin-­‐‑Noël) ou de s’attarder dans la « fabrique » du texte (Francis Ponge, « La Fabrique du pré »). Des brouillons d’écrivains font même l’objet de luxueuses éditions, comme celle du Voyage au bout de la nuit aux éditions des Saints-­‐‑Pères. Véritables lieux de gestation de l’oeuvre, ces témoignages d’une littérature « en chantier », d’un « style en mouvement » (Anne Herschberg-­‐‑Pierrot) sont l’occasion pour le lecteur d’observer les mécanismes de la création, de pénétrer un peu de l’intimité de l’artiste.

Aussi précieux pour l’élève que pour l’enseignant, le brouillon est sans nul doute un des meilleurs supports pour mesurer la progression de l’apprenant et son investissement dans une démarche active d’expérimentation et de construction des savoirs. Trois axes de réflexions pourront aider à mesurer les intérêts didactiques et pédagogiques du brouillon pour le cours de français. Il conviendra de s’interroger sur les différents usages du brouillon, que ce soit pour l’écrit normé (orthographe, grammaire, méthodologie), pour l’écrit libre (invention, réflexion), pour l’oral (tant pour l’écoute que pour l’expression), en considérant notamment les opérations dont la mise en oeuvre est demandée aux élèves (suppression, ajout, substitution, déplacement, finition). Il importera aussi de considérer comment les études génétiques peuvent nourrir le cours de français : comment étudier les brouillons d’écrivains ou des manuscrits ? Comment passer du brouillon d’écrivain au brouillon d’élève ? On ne négligera pas enfin les supports possibles du brouillon (feuilles volantes, cahier de brouillon), plus particulièrement à l’heure du numérique.

Ces quelques directions sont autant d’indications, non exhaustives, vers
lesquelles pourront tendre les propositions de communication.

La journée de réflexion didactique aura lieu le mercredi 4 mai 2016 à l’UFR Lettres, Langues, Sciences Humaines et Sport (LLSHS) de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA).

Les communications seront publiées dans la revue électronique Les Cahiers de Didactique des Lettres.
NB : Le repas du midi des intervenants sera pris en charge, mais pas les frais de transport ni d’hébergement.

La journée de réflexion didactique est organisée par :
Vanessa Loubet-­‐‑Poëtte, Docteur section 07, Enseignante contractuelle, ESPE Aquitaine, CRPHLL
vanessa.loubet-­‐‑poette@univ-­‐‑pau.fr
http://crphll.univ-­‐‑pau.fr/live/membres-­‐‑CRPHLL/LoubetPoetteVanessa
Bérengère Moricheau-­‐‑Airaud, MC Langue et Littérature françaises, UPPA, CRPHLL
berengere.moricheau-­‐‑airaud@univ-­‐‑pau.fr
http://crphll.univ-­‐‑pau.fr/live/membres-­‐‑CRPHLL/MoricheauAiraudBerengere