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Appels à contributions
la parole solitaire du

la parole solitaire du "nouveau théâtre" à nos jours

Publié le par Vincent Ferré (Source : Frédérique Toudoire-Surlapierre)

Appel à contributions. Publication d'un ouvrage collectif

aux Editions Universitaires de Dijon

La parole solitaire du « nouveau théâtre » à nos jours

Envahissant le théâtre contemporain, monologue, quasi-monologue (Anne Ubersfeld) et soliloque participent d'une insularisation du jeu d'acteur en lui imposant un phrasé singulier. Ils mettent en valeur un discours qui interroge la validité du langage selon différentes modalités, d'un fonctionnement en cercle fermé à un dysfonctionnement radical. Ils posent en tout cas le destinataire comme problématique : le monologue peut être encore une parole pour soi, intime certes, mais qui a un réseau d'interlocuteurs, alors que le soliloque prétend refuser la parole intentionnelle et la relation à autrui. Pour qui considère le théâtre comme lieu d'échange, la parole solitaire (qu'elle place l'acteur seul en scène ou feignant d'ignorer la présence d'autrui : faux dialogue ou double soliloque) fragilise, place en suspens l'action voire commente l'intrigue et isole le personnage. Dans Il y avait foule au manoir ou les monologues, Jean Tardieu propose ainsi une pièce absurde faite de monologues, en précisant « cette comédie a pour objet de souligner le caractère artificiel et comique des « monologues » de théâtre ». Elément insolite, absurde, provocateur, agressif, la parole solitaire au théâtre dérange et ne remplit plus au XXème siècle son rôle classique d'éclairage interne du personnage, de partage d'information intime avec le spectateur. Exhibée et multipliée, la parole de l'intériorité et de la solitude passe de l'âge de l'innocence à celui de la médiatisation, devient provocation, embarras, malaise qui « enferme le personnage dans la subjectivité d'un vécu sans transcendance ni communication » (Gérard Genette). Quand elle est  commentaire, la parole solitaire reprenant le rôle du choeur antique et assurant une continuité de la tragédie, devient « expression du tragique contemporain » (Jean-Marie Thomasseau).

 

Comment fonctionne cette « parole solitaire », que deviennent le théâtre, le spectateur quand celle-ci se déploie sur la scène ? Quels sont les enjeux scéniques et esthétiques d'un dispositif qui met en question les fondements linguistique, sémiotique et artistique du théâtre lui-même, ne dévoile-t-il pas également des perspectives anthropologiques et ontologiques ?

De Nathalie Sarraute à Sarah Kane, de Jean Tardieu à Heiner Müller, d'Harold Pinter à Valère Novarina, de Gombrowicz à Koltès, les différentes analyses de cet ouvrage collectif porteront sur des pièces écrites et/ou représentées durant la seconde moitié du 20ème siècle, elles ne se limiteront pas à la scène française et privilégieront une orientation théorique à partir d'une étude précise du texte ou de la mise en scène choisie.

 

La parole solitaire fera l'objet d'une publication courant 2006 : les propositions devront être envoyées avant le 15 mars 2005. Après un accord de principe, les articles parviendront à Florence Fix (Université de Bourgogne) florence@jfix.com et à Frédérique Toudoire-Surlapierre (Université de Franche-Comté) frederique.toudoire@free.fr avant le 30 septembre 2005.