Essai
Nouvelle parution
L. Jenny, Le Désir de voir

L. Jenny, Le Désir de voir

Publié le par Université de Lausanne

Laurent Jenny

Le Désir de voir

L'Atelier contemporain

Date de publication : 20 août 2020
Poids : 420 gr.
Nombre de pages : 168
ISBN : 978-2-85035-008-5
Prix : 20 €

Ouvrage publié avec le concours du Centre national du Livre.

 

Essai d’un homme de la lettre converti à l’image, Le Désir de voir retrace une initiation au regard pictural. Intitulées « Voir dans le noir », « L’instant de voir », « Voir en rêve » et « Manières de voir », les étapes de cet essai discrètement autobiographique donnent lieu à l’exploration de plusieurs modes de vision, découverts au croisement d’expériences personnelles, d’expérimentations artistiques, de lectures et de contemplations.

Entamé sous les auspices de Michaux et de ses peintures-idéogrammes, poursuivi dans le compagnonnage des dessins « signes » ou d’Alexandre Hollan, élargi au contact – entre autres – des encres de Joan Barbarà, des monotypes de Degas, de l’« outre-noir » de Pierre Soulages et des « protographies » d’Oscar Muñoz, ce parcours est désirant et raisonné. Confessant son statut initial d’étranger dans le royaume des images, et soupçonnant ses affinités picturales d’être entachées du signe de l’écrit, Laurent Jenny convertit cette nécessité en haute vertu, dans des analyses dont sont seuls capables un regard consciencieux et une parole consciente des limites de son pouvoir : « “Écoute-voir”, dit le langage familier. “Regarde-dire” me semble aussi un bon chemin. Essayons… » Et son parcours fructueux de devenir ainsi celui de son lecteur.

Feuilleter l'ouvrage…

Voir le livre sur le site de l'éditeur…

*
« Et pour moi-même, quand donc m’est venu ce désir de plonger dans le visible ? Tard, il me semble. Comme si des écailles m’avaient longuement pesé sur les yeux. Enfant, ce sont d’abord les mots qui m’occupent, un écran de mots. Trop d’imaginaire, pas assez de vision, l’un toujours superposé à l’autre, l’oblitérant dans la contemplation des images. Inévitable, nécessaire même, mais pour revenir en arrière, c’est un long chemin… »

Ouvrage d’un homme de lettres converti aux images, Le Désir de voir retrace une initiation progressive au regard pictural et photographique. Intitulées « Voir dans le noir », « L’instant de voir », « Voir en rêve » et « Manières de voir », les étapes de cet essai discrètement autobiographique donnent lieu à l’exploration de plusieurs modes de vision, découverts au croisement d’expériences personnelles, d’expérimentations artistiques, de lectures et de contemplations.

C’est l’originalité et la grande qualité de ce livre que d’être l’ouvrage d’un savant en son domaine qui, confessant son statut d’étranger, sinon d’intrus, dans le royaume des images, et soupçonnant sans cesse ses affinités picturales d’être entachées du signe de l’écrit, convertit cette nécessité en vertu dans des analyses dont sont seuls capables un regard consciencieux, car conscient de ses possibles faiblesses, et une parole méfiante à l’égard de ses propres réflexes : « “Écoute-voir”, dit le langage familier. “Regarde-dire” me semble aussi un bon chemin. Essayons… » Et si Laurent Jenny s’aventure à faire figurer ses propres photographies d’amateur dans les mêmes pages que des œuvres des maîtres, ce n’est jamais que pour faire paraître aux yeux du lecteur l’humble chose vue grâce à laquelle, éprouvant son regard, il a lui-même progressé d’un pas à la rencontre des artistes qu’il a appris à déchiffrer.

Cet itinéraire, entamé sous les auspices de Michaux et de ses peintures-idéogrammes, qui offrent au lettré un premier relais de l’écriture à l’image, se poursuit en compagnie d’Alexandre Hollan, dont les dessins d’arbre se rapprochent encore de « signes » ou de « schèmes énergétiques », avant de s’élargir à une dimension proprement picturale au contact d’œuvres tantôt classiques, tantôt modernes, tantôt immédiatement contemporaines. Ainsi le livre convoque-t-il, par exemple, les encres de Joan Barbarà, les monotypes de Degas, les toiles « outre-noir » de Pierre Soulages et les « protographies » d’Oscar Muñoz en vue d’une analyse du noir et blanc envisagé comme « retour aux fondamentaux » de l’image. Les références littéraires ne sont pas absentes pour autant : les Cahiers de Valéry, notamment, fournissent la matière de pages d’une grande limpidité consacrée à la vision en rêve.

Empruntant ces passages pour tâcher de comprendre et d’approfondir ce qu’il nomme son « désir de voir », Laurent Jenny parvient de la sorte à le communiquer à son lecteur.

*

Richard Blin a consacré un article à cet ouvrage dans Le Matricule des Anges