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L’intermédialité à la croisée des chemins: bilans et perspectives

L’intermédialité à la croisée des chemins: bilans et perspectives

Publié le par Marie Minger (Source : Albert Jiatsa Jokeng)

Appel à contribution pour un ouvrage collectif:

L’intermédialité à la croisée des chemins: bilans et perspectives

 

La littérature est un médium dont l’une des spécificités réside dans sa flexibilité et son ouverture qui facilitent l’absorption des objets médiatiques non-littéraires. Elle s’illustre par sa malléabilité et sa souplesse de consistance qui lui permettent de se laisser pénétrer ou traverser par les médias. Ainsi les textes littéraires se construisent-ils à la croisée des arts et des médias. Il ne serait pas exagéré de considérer aujourd’hui la littérature comme un art total dans la perspective de Richard Wagner (die Gesamtkunst) en ce sens que les interactions artistiques et médiatiques qui la caractérisent, travaillent son esthétique et son sens pour lui conférer le statut d’un réceptacle des médias.

En établissant la différence entre l’interartialité et l’intermédialité, Walter Moser[1] note que l’interartialité est axée sur l’interaction entre les pratiques artistiques diverses, c'est-à-dire l’absorption et le recyclage de l’une par l’autre, le passage de l’une à l’autre, ou la prise en charge de l’une par l’autre; alors que l’intermédialité s’intéresse au même type de relation entre deux ou plusieurs médias. D’où la nette distinction entre l’art et le média. En réalité, la notion d’intermédialité a souffert, même implicitement et trop tôt de contradictions internes. En effet, comme le précise Méchoulan dans son «Temps des illusions perdues[2]», «le latin "inter" désigne le fait de se trouver au milieu de deux éléments, qu’ils soient spatiaux (entre deux chaises) ou temporels (inter noctem, par exemple, signifie "pendant la nuit"). Le fait d’ "être entre" (inter-esse) consiste donc à se trouver au milieu de deux instances; cependant, le verbe ne désigne pas simplement la distance de deux lieux, mais aussi de leur différence

Le problème se pose cependant lorsque ce préfixe latin est rattaché au radical «média». En effet, Méchoulan pense que «le médium est donc ce qui permet les échanges dans une certaine communauté à la fois comme dispositif sensible (pierre, parchemin, papier, écran cathodique qui sont des supports médiatiques) et comme milieu dans lequel les échanges ont lieu». Ce radical peut aussi s’employer comme un acronyme désignant des Mesures pour Encourager le Développement de l'Industrie Audiovisuelle (MEDIA), vaste programme protectif dont l’objectif est de renforcer les relations culturelles et commerciales entre la cinématographie européenne et les créateurs des autres pays, adopté par la Commission Européenne le 9 janvier 2009. Ainsi donc, il est tout à fait légitime de se demander comme le fait Éric Méchoulan «s’il n’y a pas là une étrange redondance, puisque si média renvoie à une idée de relation, de transmission (…), l’intermédia, manifestement est l’entre de l’entre», sans oublier la confusion acronymique qui peut dérouter les chercheurs sur la discipline.

C’est ainsi que les chercheurs comme Guiyoba[3] se penchent désormais sur des concepts moins problématiques comme la médialité, l’hypermédialité, l’hypomédialité, l’im-médiateté, la médialiture, la littérature médiagénique qui, semble-t-il, sont plus efficaces pour décrire les phénomènes intermédiatiques en évitant ce malaise terminologique et définitoire. Il s’avère nécessaire de marquer un temps d’arrêt pour faire le bilan de l’intermédialité, question d’évaluer le chemin parcouru dans la perspective de sonder les nouvelles orientations à envisager pour améliorer son impact dans le domaine des recherches. Se pose donc les questions suivantes: quel bilan de la recherche intermédiatique peut-on dresser aujourd’hui? Comment entrevoit-on son avenir? La finalité de l’intermédialité se limiterait-elle à faire de la littérature un «art total» au sens wagnérien du terme?

 

Nous privilégions une approche pluridisciplinaire reposant sur des axes (non exhaustifs) de recherches suivants:

- L’état actuel de la recherche sur l’intermédialité 

- Les nouvelles orientations épistémologiques et heuristiques de l’intermédialité

- Littérature et nouveaux paysages médiatiques (Internet, réseaux sociaux, messagerie etc.) 

- Littérature comme support médiatique 

- Approches didactiques et pédagogiques de l’intermédialité

- L’intermédialité cantologique, picturale, filmique, musicale, etc.

 

Nous invitons les chercheurs à proposer des communications incluant un titre, un résumé et une référence institutionnelle (200-250 mots, mots-clés inclus), ainsi qu’une mini bio-bibliographie (5 lignes), simultanément aux adresses suivantes: gfranguiyoba@yahoo.fr , jiatsajiokeng_al@yhoo.fr; avant le 15 février 2016.

Les dates importantes:

Réception des propositions d’article: 15 février 2016

Retour des avis du comité scientifique: 30 mars 2016

Réception des articles: 30 juin 2016

Retour des expertises: 30 juillet 2016

Publication de l’ouvrage: décembre 2016

 

Comité scientifique:

Prof. Dr Juergen E. Müller (Université de Bayreuth)

Pr Guiyoba François (ENS de Yaoundé)

Pr Mbassi Atéba Raymond (ENS de Maroua)

Dr Abada Medjo Jean Claude (ENS de Maroua)

Dr Nouledo Charles (Université de Bayreuth)

Dr Kamki Alain-Poaire (Université d’Ottawa)

Dr Jiatsa Jokeng Albert (ENS de Maroua)

 

[1] Walter Moser, «L’interartialité : une contribution à l’archéologie de l’intermédialité» [en ligne], http://wwww;blankfactory.org/cri/elements/w-mo_2.htm. Page consultée le 29 mai 2012.

[2] Méchoulan, Éric (2003), «Intermédialités: Le temps des illusions perdues » in Intermédialités, N°1, Printemps 2003, pp.9-27.

[3] Notamment dans son appel à contribution publié sur http://www.fabula.org/actualites/media-li-tures-media-scrip-tures_52743.php le 21 septembre 2012.