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Sens conventionnel et implicite (Perpignan)

Sens conventionnel et implicite (Perpignan)

Publié le par Marc Escola (Source : Olivier SIMONIN)

Sens conventionnel et implicite

Appel à communication pour la journée d’étude de Perpignan du 25 mai 2018

 

La question de la frontière entre sens conventionnel et implicite et celle, liée, de leur articulation, se sont désormais fortement imposées dans la réflexion théorique et la recherche sur la langue, comme en témoignent un nombre considérable de publications, comme Depraetere & Salkie 2017 parmi les plus récentes.

Il paraît désormais consensuel de considérer que le sens d’un énoncé est fortement sous-déterminé par les formes linguistiques qui le constituent. D’une part, reconstruire son sens littéral (« ce qui est dit » pour Grice) nécessite un recours à des inférences, ne serait-ce que pour déterminer ce qui est effectivement codé (les formes demandent parfois à être désambiguïsées), mais aussi pour retrouver les référents appropriés (notamment pour le cas des déictiques) ou même pour obtenir des relations d’ordre logique bien formées, dont des éléments ont besoin d’être inférés (dans Le beurre est trop dur quand on le sort du frigo, on comprend qu’il est trop dur… pour être étalé convenablement, disons). D’autre part, le sens effectivement véhiculé par un énoncé dépasse souvent le sens littéral – Sperber et Wilson, parmi bien d’autres, défendent l’idée qu’il n’est alors pas toujours entièrement reconstruit –, un lieu commun en pragmatique (Le beurre est trop dur quand on le sort du frigo peut par exemple signifier qu’il faudrait que l’allocutaire le sorte à l’avance les fois prochaines ; l’ironie des antiphrases communique l’opposé du sens littéral).

Tandis que la tradition reconnaît que le sens linguistiquement codé est de nature conventionnelle, fixé par l’usage (c’est la position saussurienne, que nous tempérerions désormais à la lumière des données de la submorphémique), pouvant être véhiculé par mots ou morphèmes, expressions et constructions, Kerbrat-Orecchioni (1998 [1986]) définit l’implicite comme relevant d’inférences, et l’oppose ainsi à ce qui est posé, asserté, de manière explicite, et qui se trouve donc au premier plan énonciatif. Ces deux caractérisations ne se recoupent peut-être pas entièrement, et la compréhension de ce qu’est le sens conventionnel mérite certes d’être approfondie. L’exploration de l’opposition classique et des termes afférents est susceptible de conduire à quelques avancées dans ce champ d’étude, mais son exploration scientifique ne s’y limite pas.

Nous évoquerons plusieurs pistes de réflexion, qui se veulent de simples suggestions :

- L’un des enjeux théorique portera sur la distinction entre sens conventionnel et implicite, ainsi que leurs différentes formes et interactions.

- D’un point de vue diachronique, il est légitime de se demander à quel moment et suivant quel processus ce qui était tout d’abord implicite se trouve intégré au sens conventionnel (le sens achronique de Grice).

- On peut ainsi également s’interroger sur le phénomène d’extension lexicale de certains mots qui deviennent polysémiques en développant de nouveaux sens, initialement induits.

- La question de la connotation est naturellement liée, puisque des inférences pragmatiques peuvent la changer au fil du temps.

- Les figures, leur analyse (voir par exemple, dans le cadre posé, Recanati 2004 pour les tropes), leur caractère vif ou figé, peut être envisagé d’un point de vue théorique ou à travers une étude de corpus.

- Les connecteurs et marqueurs du discours peuvent être considérés sous le prisme de l’opposition, en se posant la question de la part de conventionnel et d’implicite dans leur sémantisme (dont la nature mérite encore élucidation).

- Par ailleurs, les marqueurs grammaticaux se prêtent à la même problématique, et peuvent également être l’objet d’études sur corpus.

Les propositions de communication (1 page A4 avec bibliographie sélective) sont à envoyer à : o.p.simonin.03@cantab.net et lagarde@univ-perp.fr.

Les communications sélectionnées portant sur l’anglais seront susceptibles d’être retenues en tant qu’articles pour une publication dans la revue Anglophonia, après relecture en double aveugle, et potentiellement dans un ouvrage collectif pour les autres langues.

Conférencière invitée : Ilse Depraetere (Université Charles de Gaulle, Lille)

Langues de communication : anglais, catalan, espagnol, français

Date limite d’envoi des propositions de communication : 15 janvier 2018

Date de notification d’acceptation : 15 février 2018

 

Comité scientifique :

Mireille Bilger, Université de Perpignan – Via Domitia

Ilse Depraetere, Université de Lille III (Charles de Gaulle)

Christian Lagarde, Université de Perpignan – Via Domitia

Paul Larreya, Université Paris 13

Françoise Mignon, Université de Perpignan – Via Domitia

Blandine Pennec, Université de Toulouse II (Le Mirail)

Olivier Simonin, Université de Perpignan – Via Domitia

Henry Tyne, Université de Perpignan – Via Domitia

  • Responsable :
    Olivier SIMONIN
  • Adresse :
    Université de Perpignan-Via Domitia