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Nouvelle parution
Inter-textes, n° 19: 

Inter-textes, n° 19: "Des écrits de femmes enterrés"

Publié le par Université de Lausanne (Source : Eugenia Grammatikopoulou)

Inter-textes numéro 19, septembre 2019

"Des écrits de femmes enterrés",

Laboratoire de Littérature Comparée - Département de Langue et de Littérature Françaises,

Université Aristote de Thessalonique, 2019.

EAN13 : 2411186.

 

 

Le présent volume comprend les actes du colloque international « Des écrits de femmes enterrés » consacré à la mémoire d’Assia Djebar (1936-2015). Il s’est déroulé à Thessalonique les 8 et 9 mars 2018. L’idée de ce colloque a jailli spontanément lors d’une discussion enthousiaste entre les organisatrices grecques et Mireille Calle-Gruber, présente à Thessalonique en mai 2017, à l’occasion du colloque consacré à Michel Butor.

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Loin d’être enterrés, les écrits d’Assia Djebar ont connu, bien avant sa disparition en 2015, un écho retentissement. Or, la ligne de force qui traverse ses textes est son souci de donner voix aux autres femmes, à celles qui furent privées de parole par toutes sortes de souveraineté masculine arbitrairement imposée. Le but de ce colloque était de rendre hommage à la contribution littéraire et critique de cette première écrivaine francophone du Maghreb à être reçue à l’Académie française (en 2005) sans pour autant se limiter à l’univers postcolonial franco-algérien, d’autant plus que ses thématiques s’ouvraient progressivement à un vaste éventail de sujets qui, sans jamais la renier, dépassent l’identité ethnique, linguistique et culturelle de ses origines. À plus forte raison quand la disposition à museler la parole féminine transcende largement l’espace oriental et demeure une constante des sociétés patriarcales depuis leur constitution, indépendamment des lieux et des milieux.

Ce colloque fut organisé par le Laboratoire de Littérature Comparée et la Section de Littérature du Département de Langue et de Littérature Françaises de l’Université Aristote de Thessalonique, en collaboration avec l’Institut Français de Thessalonique, et avec le soutien de l’Agence Universitaire de la Francophonie – Europe de l’Ouest et du Comité de Recherche de l’Université Aristote. Si son ouverture a coïncidé avec la Journée internationale des femmes, ce n’était guère pour la fêter. Rappelons, par ailleurs, la célèbre devise astucieuse des féministes grecques des années 80 : 8 mars « Aujourd’hui nous ne sommes pas à la fête / Nous ne faisons pas table ouverte » (« Δεν γιορτάζουμε, δεν δεχόμεθα επισκέψεις »). Nous avons tout d’abord entamé ce long travail de préparation que représente l’organisation d’un colloque d’envergure internationale souhaitant rétablir (ou au moins rappeler) l’injustice faite à celles dont les circonstances de vie ont obstrué ou continuent à obstruer la voie vers la prise de parole libre et publique. À celles qui, moins fortunées que nous, d’une manière ou d’une autre, ont été bâillonnées, destituées, dénigrées, persécutées en raison de leur sexe. Mais qui, malgré tout obstacle ou obstruction, nous accompagnent à travers les écrits, fécondent nos questionnements, occupent nos heures de méditation intime, nourrissent notre imaginaire ainsi que des débats publics. Bref, nous avons organisé ce colloque en tant qu’un humble geste de reconnaissance.

Parlant de reconnaissance, je tiens à exprimer publiquement et sincèrement mon infinie gratitude envers celles et ceux qui ont chaleureusement embrassé cette idée et permis sa réalisation. Mais il va sans dire que ce projet ne serait pas réalisé sans la motivation et la mobilisation de nombre d’individus ainsi que d’institutions locales ou étrangères. Je remercie les membres du comité d’organisation, Katerina Spiropoulou et Andreas Papanikolaou qui ont inlassablement œuvré durant des mois et étaient disponibles et allègres jour et (souvent) nuit. Mes remerciements vont également à tous les membres du comité scientifique – Mireille Calle-Gruber, Assia Belhabib, Hélène Barthelmebs-Raguin, Polytimi Makropoulou et Katerina Spiropoulou – qui se sont investis dans la préparation du colloque pendant les mois qui l’ont précédé et se sont chargés de la lourde tâche de la relecture des textes ci-inclus. Je veux aussi exprimer ma profonde gratitude à l’Agence Universitaire de la Francophonie – Europe de l’Ouest ainsi qu’au Comité de Recherche de l’Université Aristote pour leurs subventions généreuses, voire même salutaires en cette période de crise, la Municipalité de la Ville de Thessalonique sous l’égide de laquelle s’est réalisé ce colloque, et bien évidemment l’Institut Français pour leur partenariat, et M. le Consul General, Philippe Ray, pour son solide appui à cette manifestation scientifique.

Dernier apport mais non des moindres : je tiens à remercier vivement nos conférencières d’honneur, Mme Mireille Calle-Gruber, professeure émérite à l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, et Assia Belhabib, professeure à l’université Mohamed V de Rabat, qui ont, sans hésiter, accepté notre invitation. Que soient aussi remercié(e)s toutes et tous les collègues et chercheurs/euses dont la présence et la plurivocité ont enrichi ce colloque, par leurs interventions originales, allocutions (Philémon Paionidis, Philippe Ray, Manolis Pimplis, Catherine Kiyitsioglou-Vlachou, Titika Dimitroulia) ou présidences (Mairi Mike, Chryssi Karatsinidou, Claire Riffard). Je veux aussi exprimer ma sincère reconnaissance pour leur disponibilité et ma joie profonde pour leur enthousiasme à tous et toutes les étudiant(e)s bénévoles qui se sont prouvé(e)s les héros/héroïnes invisibles de cette manifestation. Grace à eux, le site internet du colloque, toujours actif, sauvegarde la trace de cette manifestation scientifique : http://assiadjebar2018.frl.auth.gr/.

Pour clore, je me permets d’emprunter la dédicace avec laquelle Emma Donoghue ouvre son livre Inseparable (2010) afin d’évoquer ces figures souvent taciturnes mais qui incitent les jeunes filles de par leur nature loquace à devenir des femmes éloquentes : « Τo my remarquable mother, that never asked me to put down a book and do something useful » (« À ma mère remarquable, qui ne m’a jamais demandé de laisser de côté mon livre et faire quelque chose d’utile »).

Eugenia GRAMMATIKOPOULOU, Professeure assistante (Section de Littérature), Directrice du Laboratoire de Littérature Comparée, Département de Langue et de Littérature Françaises, Université Aristote de Thessalonique

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