Essai
Nouvelle parution
M.-È. Thérenty, Femmes de presse, femmes de lettres. De Delphine de Girardin à Florence Aubenas

M.-È. Thérenty, Femmes de presse, femmes de lettres. De Delphine de Girardin à Florence Aubenas

Publié le par Marie-Eve Thérenty

Marie-Ève Thérenty,

 

Femmes de presse, femmes de lettres. De Delphine de Girardin à Florence Aubenas,

CNRS éditions, 2019.

EAN: 9782271117922.

 

Alors que l’histoire de la presse célèbre volontiers ses grands hommes, elle n’a jusqu’ici accordé quasiment aucune place aux femmes journalistes, qu’elles aient été célèbres en leur temps comme Delphine de Girardin, Séverine ou Titaÿna, ou des écrivaines reconnues comme George Sand ou Colette. Pourtant, dès le XVIIIe siècle, des femmes créent et dirigent des feuilles périodiques. Les femmes journalistes du XIXe siècle, qui écrivent un journalisme de chronique directement issu du bel esprit des salons, sont leurs héritières.

Cet ouvrage raconte la progression des femmes dans les journaux généralistes et la manière dont elles ont réussi à s’infiltrer et parfois à s’imposer dans l’article politique, dans la chronique judiciaire, dans la chronique des sports et dans le grand reportage. Ces femmes ont dû inventer des pratiques, créer des postures et imposer des écritures. Pour faire passer leur prose dans le journal, elles ont pu privilégier la narration, la fiction, l’écriture intime aussi. Subalternes elles-mêmes, elles ont par ailleurs souvent choisi d’enquêter sur les exclus de la société.

Cet essai montre aussi combien il serait caricatural d’affirmer l’existence d’un modèle unique de la femme journaliste qui s’opposerait à son pendant normatif masculin. Car il existe une infinité de façons d’être femme journaliste.

Marie-Ève Thérenty nous présente ici un panorama des femmes journalistes, du XIXe siècle et de l’entrée dans l’ère médiatique à 1944. Après l’octroi du droit de vote aux femmes françaises, les contraintes professionnelles et les enjeux ne sont plus tout à fait les mêmes. Néanmoins, dans un univers de presse encore hiérarchisé et discriminant, les femmes journalistes ont continué parfois de mobiliser les dispositifs décrits dans cet ouvrage qui se conclut donc par l’observation de trois cas plus contemporains : Françoise Giroud, Marguerite Duras et Florence Aubenas.

Spécialiste de la presse, Marie-Ève Thérenty est professeure de littérature française à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr :

"Chroniqueuses, frondeuses, résistantes", par Gisèle Sapiro (en ligne le 2 janvier 2020)

L’histoire du journalisme a, comme en littérature, en art, en musique et dans les sciences, occulté le rôle joué par les femmes. Le nouveau livre de Marie-Ève Thérenty, spécialiste des relations entre presse et littérature, auteure de La littérature au quotidien. Poétiques journalistiques au XIXe siècle (Seuil, 2007), vient fort à propos réparer cette lacune. Loin d’une réhabilitation héroïsante, elle propose un examen objectif et lumineux des conditions d’accès à ce métier du début du XIXe siècle à 1945 pour des femmes alors exclues de la politique, et de leurs manières spécifiques de pratiquer le journalisme dans cette situation de « subalternes » souvent raillées et dénigrées, quand elles ne sont pas assimilées à des prostituées.